Le tout nouveau ministre de la Culture, dont la nomination était contestée jusque dans la rue pour avoir été procureur du temps de l’affaire Norbert Zongo, sous le règne de Blaise Compaoré, vient de présenter sa démission. Adama Sagnon était procureur du Faso lorsque la justice burkinabè avait déclaré un non-lieu dans cette affaire. Une décision que les Burkinabè et les membres du collectif contre l’impunité avaient qualifié de « politique ».
Adama Sagnon devait s’installer dans ses fonctions de ministre de la Culture et du Tourisme ce mardi après-midi. Mais le syndicat des travailleurs de la culture et du tourisme ainsi que les autres acteurs du monde de la culture lui ont opposé un refus catégorique. Reçus par le Premier ministre, les acteurs de la culture ont obtenu le départ d’Adama Sagnon. Selon le porte-parole du gouvernement, c’est par une lettre adressée au Premier ministre qu’Adama Sagnon a signifié sa démission du nouveau gouvernement.
« Cette démission fait suite à des manifestations au sein du ministère de la Culture en réaction à ma nomination à la tête de ce département » , écrit-il dans son courrier transmis au Premier ministre, ce 25 novembre. « Ayant à l’esprit les hautes missions qui vous sont dévolues, lesquelles mettent le peuple au centre de vos préoccupations, je vous saurais gré d’accepter ma démission, au nom de l’intérêt supérieur de la nation », poursuit Adama Sagnon.
Démission d’Adama Sagnon acceptée
Cette démission a été acceptée par le Premier ministre Isaac Zida. Et très tôt ce mardi matin, les manifestants du monde de la culture ont tenu une assemblée générale devant l’immeuble du ministère de la Culture et du Tourisme. Cette assemblée générale a été organisée pour dénoncer et rejeter la nomination d’Adama Sagnon, précédemment directeur général burkinabè du droit d’auteur, au poste de ministre de la Culture et du Tourisme.
Pour les manifestants, le nom d’Adama Sagnon est lié à l’affaire Norbert Zongo, qui fait partie des affaires pendantes au niveau de la justice burkinabè. Les manifestants accusent Adama Sagnon de faire partie de ceux qui ont tout fait pour classer le dossier. Norbert Zongo a été retrouvé carbonisé dans sa voiture avec trois de ses compagnons à quelques kilomètres de Ouagadougou. A l’époque, il enquêtait sur la mort de David Ouedraogo, chauffeur du frère cadet de l’ancien président Blaise Compaoré. Les personnes suspectées de l’assassinat du journaliste en 1998 étaient toutes des militaires du régiment de sécurité présidentielle. Apres plusieurs années d’instruction et de lutte, le dossier n’a jamais connu d’aboutissement heureux pour les défenseurs des droits de l’homme.
Par RFI