Alors que le président burkinabè est toujours aux mains des putschistes, le chef de l’État sénégalais, Macky Sall, président de la Cédéao, et son homologue béninois, Thomas Boni Yayi, sont attendus vendredi à Ouagadougou afin d’assurer une médiation.
Le chef de l’État sénégalais Macky Sall, président en exercice de la Cédéao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) et son homologue béninois, Thomas Boni Yayi, se rendront vendredi 18 septembre au Burkina Faso afin d’assurer une médiation à la suite du coup d’État militaire, a annoncé la veille le chef de la diplomatie béninoise.
“L’objectif à cela est de parvenir à un retour à une vie constitutionnelle normale, à la libération du président et du Premier ministre qui sont otages, et à la libération de tous les ministres”, a déclaré le ministre béninois des affaires étrangères, Saliou Akadiri, à la télévision nationale.
La garde présidentielle du Burkina Faso avait annoncé jeudi la dissolution du gouvernement de transition et la création d’un nouveau “conseil national pour la démocratie” dirigé par le général Gilbert Diendéré, bras droit de l’ancien président Blaise Compaoré.
“La médiation de la Cédéao est là car il y a un vrai risque de voir une partie de la population, qui ne veut pas de ces putchistes, s’affronter avec les autres, ou affronter les militaires. Il y donc un risque de déstabilisation dans la région (….) une région très particulière avec la menace de Boko Haram et de Aqmi au Sahel” a expliqué la journaliste Armelle Charrier sur France 24.
Tirs sur des manifestants
À Ouagadougou, ville déserte, les militaires d’élite de l’armée avaient posté leurs véhicules blindés devant le palais présidentiel dans la nuit de jeudi à vendredi. Ils n’ont pas hésité, jeudi, à tirer pour disperser les manifestants hostiles au coup d’État. Au moins trois personnes sont mortes et une soixantaine ont été blessées depuis mercredi, selon un bilan du principal hôpital de Ouagadougou.
Ce coup d’État militaire intervient alors que ce pays de 17 millions d’habitants, enclavé au cœur du Sahel, s’acheminait vers des élections présidentielle et législatives prévues le 11 octobre, censées clore la transition ouverte après la chute de Blaise Compaoré il y a un an.
Le général Gilbert Diendéré a promis d’organiser “rapidement” des élections prévues à l’origine en octobre. “Mais nous pensons discuter de cela avec les acteurs qui sont concernés notamment les partis politiques et les organisations de la société civile”, a-t-il ajouté dans une interview à l’AFP. “Dans tous les cas, nous n’avons pas l’intention de nous éterniser, nous n’avons pas l’intention de rester”, a-t-il assuré. Pour l’heure, Les putschistes ont décrété un couvre-feu nocturne, ainsi que la fermeture des frontières terrestres et aériennes.
Rencontre avec le représentant de l’ONU
Jeudi soir, le général avait déjà commencé à recevoir des diplomates étrangers, dont le représentant spécial de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn Chambas. Ce dernier a transmis à son interlocuteur un “message ferme” de la part du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon “exigeant la libération immédiate de toutes les personnes détenues et la reprise rapide de la transition”. Auparavant, Ban Ki-moon avait demandé aux militaires burkinabés de “faire preuve de retenue et de respecter les droits de l’Homme et la sécurité” de la population.
Le putsch a été unanimement condamné par la communauté internationale: l’ONU, l’Union africaine, l’Union européenne, la Cédéao.
Le président français François Hollande, quant à lui, a condamné le coup d’État tout en assurant que les militaires français sur place n’interviendraient pas. La France dispose de 220 soldats des forces spéciales françaises à Ouagadougou, dans le cadre de son opération antijihadistes Barkhane.
France24.fr, 18/09/2015
Avec Reuters et AFP