Plus de 30 ans après les faits, le Tribunal militaire de Ouagadougou mis en accusation l’ancien Président Blaise Compaoré. L’ancien président du Burkina Faso, chassé du pouvoir, est poursuivi pour « attentat à la sûreté de l’État, complicité d’assassinat et recel de cadavre » dans le dossier de l’assassinat de Thomas Sankara, le 15 octobre 1987. Dans cette affaire, son homme à tout faire, Gilbert Diendéré, est lui aussi poursuivi. L’ex-président devra donc se présenter devant le Tribunal pour un procès. Selon la décision judiciaire, il existe suffisamment des charges contre Blaise pour les faits de recel de cadavres et le Tribunal maintient le mandat d’arrêt international contre celui qui vit en exil en Côte-d’Ivoire.
Boquée sous l’ancien régime, l’enquête sur l’assassinat du Leader de la Révolution burkinabé a été relancée par le Régime de transition en 2015. La justice militaire avait inculpé Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré dès le mois de novembre de cette année-là et Ouagadougou avait émis un mandat d’arrêt international à l’encontre de l’ancien Président du Faso.
Ainsi, la décision de la chambre d’instruction constitue un pas supplémentaire en direction d’un procès dont la date n’a, cependant, pas été fixée. « Mais celui-ci devrait avoir lieu très bientôt, les mandats d’amener des accusés non encore détenus ayant été ordonnés ce matin », a assuré à l’AFP Me Mathieu Sommé, Avocat de Gilbert Diendéré.
Toutes les pièces du dossier devront être transmises à la juridiction de jugement. Parmi ces pièces, figurent certains effets personnels du Capitaine Thomas Sankara, des Rapports d’enquêtes et des Rapports d’autopsie après exhumation des corps.
En revanche, il n’y aura pas de procès pour cinq autres personnes qui étaient citées dans l’affaire, mais qui sont décédées. Parmi elles figurent Nacoulma Wampasga, le Colonel-major Alain Laurent Bonkian, Tasseré Dianda et Salam Yerbanga.
Blaise Compaoré a toujours nié avoir commandité l’assassinat de son frère d’armes, bien que le putsch de 1987 l’ait porté au pouvoir. « Le mardi 13 avril 2021, nous avons assisté au délibéré de la chambre de contrôle de l’instruction qui a renvoyé le dossier devant le Tribunal », a déclaré Me Guy Hervé Kam. « Il appartient, donc, au Procureur militaire de programmer une date pour les audiences ». Davantage de personnes étaient mises en cause initialement, mais « beaucoup d’Accusés sont décédés », a-t-il précisé. La date du procès « n’est pas encore décidée », mais celui-ci pourrait avoir lieu « très bientôt », les mandats d’amener des Accusés non encore détenus « ayant été ordonnés ce matin », a indiqué Me Mathieu Sommé, Avocat du Général Diendéré.
Ce procès attendu, est le résultat de plusieurs années de procédures et d’une enquête bouclée fin 2020 par le Juge d’instructions. Mais au vu des lourdes charges retenues contre lui, beaucoup anticipent déjà l’absence à la barre de Blaise Compaoré qui possède également la Nationalité ivoirienne.
MS