Burkina Faso : La douche froide !

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Michel Kafando le président par intérim du Burkina Faso (G) et le lieutenant colonel Isaac Zida (D), au Palais présidentiel, à Ouagadougou, le 19/11/14. AFP/ Sia KAMBOU
Michel Kafando le président par intérim du Burkina Faso (G) et le lieutenant colonel Isaac Zida (D), au Palais présidentiel, à Ouagadougou, le 19/11/14.
AFP/ Sia KAMBOU

C’est ahuri que le peuple Burkinabè et le monde entier, ont appris l’arrestation du président de la Transition, Michel Kafando, son premier Ministre Issac Zida et l’ensemble des ministres de la Transition,  avant-hier, par les éléments du Régiment de la Sécurité Présidentielle (RSP). C’est ahuri que le peuple Burkinabè et le monde entier, ont appris l’arrestation du président de la Transition, Michel Kafando, son premier Ministre Issac Zida et l’ensemble des ministres de la Transition,  avant-hier, par les éléments du Régiment de la Sécurité Présidentielle (RSP). Un régiment dirigé par le bras droit du président déchu, Blaise Compaoré. En plus d’être bras droit de Blaise, Gilbert Diendéré, c’est de lui qu’il s’agit, est selon le journaliste Burkinabè, Alpha Barry «  l’époux d’une députée du CDP, une ex-députée du parti de Blaise Compaoré dont la candidature a été invalidée parmi les nombreuses candidatures invalidées. Le général Diendéré est aussi inquiété dans (l’affaire de) la mort de Thomas Sankara. » Et Bruno Jaffré, spécialiste du Burkina sur les ondes de RFI en juillet, déclarait que «  Diendéré dirigeait les hommes qui ont tué Sankara. » Pas étonnant quant on sait que c’est lui qui, en 87, a annoncé le coup d’Etat fomenté par Blaise contre son « frère » Thomas. Pouvait-il laisser l’élection se tenir ? Non assurément car, en plus de ces griefs, le RSP sur recommandation de la Commission de réconciliation, devait disparaitre purement et simplement.

Par ce putsch, le RSP vient de sevrer le Burkina de sa première élection démocratique depuis son indépendance. Appelé pays des hommes  « intègres », le Burkina avait suscité l’admiration par la révolte populaire des 30 et 31 Octobre 2014 qui avait évincé le « dictateur » Blaise Compaoré à la tête de l’Etat depuis 27 ans. Mais voilà qu’à un mois de la présidentielle, les éléments du RSP autrement appelés les « enfants gâtés de la République » réduisent en néant l’effort de tout un peuple. Le balai citoyen qui avait été à l’avant-garde de la révolution populaire, tente tant que  mal de rassembler les troupes sans y parvenir à cause des patrouilles  militaires. L’armée dans son entièreté, est elle complice ?  Ce serait le cas selon Diendéré.

Les déclarations  politiques s’entrechoquent, les condamnations fusent de partout, le RSP lui, affirme avoir fait le coup d’Etat pour une élection plus « inclusive ».  Le Conseil National de la Démocratie (CND) mis en place par les putschistes, ouvre inéluctablement une nouvelle voie vers le précipice. Un précipice dont le peuple à tant souffert pour s’en sortir.

Solidaire du peuple Burkinabè, nous disons au Général et à ses hommes « MANSOUGOURI » (Pardonnez, en Morè).

Mohamed Dagnoko

 

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3 COMMENTAIRES

  1. Burkina Faso : La douche froide !

    …Le BFaso rate le coaching pour la seconde fois…

    En mettant brusquement une fin à la transition en cours, le RSP dirigé par celui que l’on appelle couramment homme de l’ombre, le Grl Gilbert Diendéré, le BFaso vient de renouer une fois de plus avec ses vieux démons de « putschisme ». Tour de prestidigitation métaphysique sans pareil ! Quand le treillis se mêle de la politique, la rue, la masse populaire, le peuple voire sa démocratie renoncent à leur prétention. Or le destin du BFaso se joue désormais dans cette pitoyable comédie de bonneteau ontologique dont le RSP joue le jeu et le vit à un haut niveau!

    En effet, pour comprendre le phénomène, il faut remonter dans l’histoire des coups d’Etats dans ce pays, qui, sans l’air de rien, devient le pays de la sous région, avec la Mauritanie, ayant opéré le grand nombre de coup de force civile (2) ou simplement militaire (4) :

    1- Janvier 1966 : Maurice Yaméogo est renversé par une manifestation pacifique organisée par les forces vives de la nation, elles même dirigées par les syndicats, la chefferie dite traditionnelle et le clergé…

    2- 25 Nov. 1980: Le Col. Saye, Ministre des Affaires Etrangères, renverse par un coup d’État militaire son Président Aboubacar Sangoulé Lamizana…

    3- Août 1983 : Cpt. Thomas Sankara, Premier ministre, et accompagné de B. Compaoré, J. Baptiste B. Lingani et H. Zongo, G. Diendéré, renverse par un coup d’Etat militaire le Président Saye Zerbo…

    4- 15 Nov.1987: Cpt. Blaise Compaoré renverse à son tour par un coup d’Etat militaire T. Sankara, coup dirigé par G. Diendéré…

    5- Déc.2014 : Manifestations organisées par les forces vives de la nation dirigées par les syndicats et partis politiques chassent B. Compaoré du pouvoir…

    6- Sept.2015 : Grl. Gilbert Diendéré destitue par un coup militaire les autorités de la transition…

    Ce récent coup, qui nous intéresse, est loin d’être anodin tant par son acteur et le rôle de celui-ci, parce qu’ayant participé directement ou indirectement dans trois coups d’Etat dans ce pays. Le paradoxe qu’il a conjugué, celui de militariser le régime tout en tenant l’armée en laisse. Le RSP, sous la direction de G. Diendéré, est demeuré longtemps une armée entièrement à part, avec des règles de fonctionnement et de hiérarchie inconnues dans une armée ordinaire. La confiance du boss primait le grade, et l’appartenance au RSP donnait tous les droits, y compris celui de tancer des gradés. Les implications du Régiment dans bien de d’assassinats, du journaliste N. Zongo par ex, de séquestrations comme Norbert Tiendrébeogo (Pdt. Front des Forces Sociales) ou d’autres disparitions comme celles de J-B. Lingani, Henri Zongo, Sergent Moussa Kaboré (suicide en prison), démontrent sans aucune ambigüité une certaine preuve du caractère d’impunité et froid inné à ce corps, qui brutalise toujours les consciences populaires!

    La brutalité qu’elle confirme avec cette nouvelle rupture brusque de l’ordre institutionnel a-t-elle cette fois ci dépassée le Rubicon ? Jusqu’à quand le peuple du Faso se relèvera de ce coup de massue sur la tête ? Rien n’est moins sûr au vu et au su de la détermination des nouveaux acteurs, de leur chasse poursuite et intimidation contre de la population.

    Tout compte fait, les évènements actuels au Pays des Hommes Intègres rappellent un déjà-vu dans l’histoire de ce pays, lorsque toute l’Afrique et en particulier le BFaso assistaient, comme au Mali de 1991-2012, à la jetée de l’enfant avec l’eau du bain puisée dans la référence Sankariste de 1983

  2. Honnêtement, les autorités de la transition burkinabée m’ont deçu! Ils n’ont pas été à la hauteur de l’évenèvement et se sont mis au service d’une classe politique qui trompait le peuple burkinabé. La pédagogie à manqué à leur démarche et voilà le résultat! J’en ai parlé à certains amis burkinabés, les autorités de la transition sont entrain de dévier en excluant systématiquement les anciens serviteurs de l’Etat. Ils devraient comprendre que servir un régime dans une fonction constitutionnelle, c’est servir l’Etat et non un Homme. Dans l’exercice de la fonction d’Etat, la personne peut commettre des erreurs ou des fautes. Le traitement des eurreurs ou des fautes comises dans l’exercice de la fonction d’Etat revient à la justice et non à groupe de rencuneux. Pourquoi ne pas laisser le pueple trancher sur qui doit être leur Président, députés, ou maires? Autrement, quand on en fait une analyse décomplexée, quelle était la base juridique des autorités de la transition au Burkina FASO, le pays des Hommes Intègres? Si cette base juridique n’est pas prouvée, qu’est ce qui les différencient des pustistes?
    J’espère qu’on permettra à ces nouveaux pustistes de régulariser la situation en organisant rapidement les élections.
    Saluts!

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