Après vingt-huit ans d’accusations, de dénis et de batailles juridiques, on en saura bientôt davantage sur l’assassinat du président Thomas Sankara, héros et mythe révolutionnaire de la jeunesse africaine. Le gouvernement burkinabé a ordonné l’exhumation de sa tombe présumée.
Enfin, l’épais mystère qui entoure l’assassinat de l’ancien président du Burkina Faso de 1983 à 1987, Thomas Sankara, va peut-être se fissurer. Le gouvernement de transition a pris, le 5 mars, un décret autorisant l’exhumation de sa dépouille présumée. Une mesure réclamée depuis de longues années par ses proches et des organisations de défense des droits de l’homme.
“Après quelques flottements et même une forme de rétropédalage du président Michel Kafando, les autorités de transition ont fini par officialiser, par un décret, l’autorisation d’exhumation et d’expertise des restes du président Thomas Isidore Noël Sankara ; autorisation qui avait été verbalement formulée par le chef de l’Etat lors de sa prise de fonction le 21 novembre 2014”, commente L’Observateur Paalga, un des quotidiens les plus lus du pays.
Passé douloureux
Mais l’éditorialiste Hyacinthe Sanou prévient : “Que le Burkina Faso se donne les moyens d’interroger ce passé douloureux qu’il faudra bien solder un jour ou l’autre, c’est tout à son honneur. Cela dit, il faut se garder de ne s’intéresser qu’aux affaires les plus emblématiques et les plus médiatiques, car on aurait tort d’oublier ce que nous avons toujours appelé les ’causes orphelines’ [une dizaine de meurtres et disparitions sous le règne de Blaise Compaoré].”
Chef de l’Etat iconoclaste et révolutionnaire, chantre de l’anti-impérialisme et du panafricanisme, le capitaine Thomas Sankara, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1983, a été tué quatre ans plus tard dans un autre coup d’Etat mené par son “ami” et bras droit Blaise Compaoré. Ce dernier a été chassé du pouvoir en novembre 2014 par un soulèvement populaire.