Ouagadougou, 9 oct. 2024 (AIB)-Le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré s’est adressé aux Burkinabè le samedi 5 octobre 2024, à l’occasion de l’an II de son accession au pouvoir intervenue le 30 septembre 2022. Les échanges en direct se sont déroulés sur les ondes de la radio nationale afin de toucher le maximum de citoyens.
Lutte contre le terrorisme, sécurité alimentaire, santé et éducation, gouvernance minière, remise à plat des salaires, lutte contre la corruption, en somme, tous les sujets d’intérêts nationaux ont été abordés sans langue de bois au cours de cet entretien inédit sur la radio nationale.
Il a renvoyé au monde entier l’image d’un homme engagé, convaincu et plus que jamais déterminé à conduire à bon port le navire Burkina Faso, malgré les turbulences et intempéries inhérentes aux nombreuses tentatives de déstabilisation et attaques terroristes.
Le chef de l’Etat s’est dit déterminé à combattre les inégalités sociales, la corruption, la mauvaise gestion de la chose publique même si cela touche les intérêts de certaines personnes riches qui utilisent leur fortune pour manipuler souvent les pauvres, afin de les amener à tourner le dos au processus enclenché.
Personnellement visé selon ses confidences lors de la dernière attaque terroriste à Barsalogho, le capitaine Ibrahim Traoré fait savoir qu’il a défié beaucoup afin que cette commune rurale ne tombe pas. « Barsalogho et moi, il y a une histoire » a-t-il révélé.
Mais peine perdu, les militaires sont davantage galvanisées et déterminés à aller jusqu’au bout de leur combat pour la sauvegarde de leur patrie.
Et cette attaque barbare et lâche ne restera pas impunie. Une enquête est en cours, les responsabilités seront situées et des sanctions vont tomber rassure le président qui n’a pas manqué de rendre hommage à tous ceux qui ont œuvré pour que Barsalogho soit et demeure.
Sur la probable extradition au Burkina Faso de l’ancien président le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, cité dans l’attaque, le président Traoré se veut prudent même si les discussions sont en cours avec les autorités togolaises ; « Je ne rassure pas, mais j’espère ».
Après deux ans de guerre totale, le bilan est aujourd’hui positif affirme le président du Faso car l’armée est beaucoup plus équipée comme elle ne l’a jamais été et elle n’a pas fini de s’équiper. Les recrutements vont se poursuivre pour la rendre plus forte afin d’aboutir à une vraie indépendance, une vraie souveraineté.
Le capitaine Ibrahim Traoré est clair « 2025 est décisif, et nous allons aller dans ce sens pour reconquérir les 30% restants » du territoire national.
Sans ambages, il affirme que les ennemis seront combattus « jusqu’à ce qu’ils soulèvent eux-mêmes le drapeau blanc et ceux qui ont pillé le pays devront rendre compte ».
En deux ans de guerre, beaucoup de gens ont déjà rejoint leurs localités d’origine, fait savoir le chef de l’Etat mais précise qu’il y a aussi des localités, reconquises qui ont besoin d’un travail préalable avant le retour des populations.
Pour les populations de ces localités qui n’ont pas pu cultiver, il a annoncé des mesures pour les accompagner jusqu’à la saison prochaine.
Les autorités n’entendent pas rester uniquement à Ouagadougou pour prendre des décisions mais aller au contact des populations à l’intérieur du pays pour comprendre leurs aspirations profondes.
C’est dans ce cadre que le chef de l’Etat dit avoir instruit les ministres d’aller rencontrer les chefs coutumiers du pays afin de les remettre dans leur rôle pour le maintien de la cohésion sociale, de l’unité, de la paix.
La guerre ne peut se faire indépendamment du développement, précise le président. Dans ce sens le gouvernement est dans la dynamique de la promotion du consommons local. Des initiatives sont prises pour encourager la transformation des produits locaux et leur écoulement.
Dans le volet développement, la mise en place de l’Agence pour la promotion de l’entrepreneuriat communautaire (APEC) va permettre d’avoir des centrales d’achat qu’on peut assimiler à des banques de céréales, où les paysans pourront venir vendre leurs céréales, et cela pourrait être revendu à partir de là-bas et de façon très contrôlée évitant ainsi la spéculation.
Dans le domaine de la santé, le président Traoré de façon franche reconnait que le centre cancérologique de Bogodogo rouvert à son arrivée, ne peut pas prendre en charge gratuitement tous les types de cancer c’est pourquoi, ils ont privilégié les cancers des enfants de moins de 15 ans, le cancer du col de l’utérus et du sein et le cancer de la prostate.
La capacité ne permet pas aussi de prendre tout le monde en charge c’est pourquoi, le deuxième est en train d’être achevé à Bobo-Dioulasso.
Concernant la récurrente montée des eaux sur la RN1 au niveau du pont d’Hérédougou, le président Traoré prévoit un grand barrage assez profond en remontant vers Ouri afin d’avoir une grande retenue d’eau et une très grande digue qui va profiter aux populations installées autour.
La Fonction publique ne pouvant plus employer tout le monde, le chef de l’Etat encourage la création de PME. Le souhait est le retour à la terre et à cet effet, il est prévu des accompagnements. Il y a assez d’emplois à créer dans le domaine de la production agricole.
Le projet Faso rail annoncé au cours d’un conseil des ministres va permettre de mettre en place une usine de production de rails à Bobo-Dioulasso. Ce sont des Burkinabè qui y seront employés. L’usine est en bonne voie, les contrats sont en cours avec les partenaires et elle pourra desservir beaucoup de zones dans le pays.
Les Burkinabè savent exploiter leur or et ils vont continuer à le faire affirme le capitaine Ibrahim Traoré. Il a rappelé la première unité d’exploitation minière de l’APEC dans la région du Sud-Ouest.
Il a également cité la Société de participation minière du Burkina (SOPAMIB) qui est une structure qui permettra de payer les mines de Boungou et Wahgnion.
Sur le sujet de la remise à plat des salaires des fonctionnaires, le président s’est voulu rassurant, il n’est pas question de baisser les salaires de certains pour rehausser pour d’autres mais plutôt, voir dans quelle mesure mettre tout le monde au même niveau.
A quand la fin de la corruption ? En réponse à cette question, le président n’a pas tenu de promesses démagogiques. Le phénomène a la peau dure. Mais la lutte ne fléchira pas. Le Gouvernement travaillera à la réduire de façon drastique. A ce sujet, il annonce que le KORAG va bientôt sortir des dossiers et instruire la Justice pour leur traitement.
Plus d’une année après la mise en place de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), la coordination de la lutte contre le terrorisme se porte très bien au sein de l’espace avec la mise en place dans chaque pays, des officiers de liaisons qui participent au centre des opérations. Des formations sont initiées tant bien au sein de l’espace qu’au-delà. Par ailleurs, la Force conjointe sahélienne est en gestation.
Sur la question de la libre circulation des biens et des personnes dans l’espace AES, le président Traoré annonce une carte d’identité AES et un passeport AES qui devront permettre aux populations de circuler librement sans tracasseries. Il est également prévu dans chaque pays des dispositifs permettant aux usagers de dénoncer les rackets.
Le président du Faso a félicité et encouragé tous ceux qui se battent pour notre patrie (FDS, VDP et civils) et a invité chacun à garder le cap.
Il a présenté ses condoléances à ceux qui ont perdu des êtres chers et a formulé ses vœux de prompt rétablissement à tous les blessés.
WUROTÈDA Ibrahima SANOU
Agence d’information du Burkina
Source: https://www.aib.media/