L’Union européenne a décidé mardi 22 décembre de durcir ses sanctions à l’encontre de la junte guinéenne avec un gel des avoirs et une interdiction de fourniture de matériel pouvant servir à la répression dans le pays. Cette décision intervient au lendemain de la publication par Le Monde des conclusions d’une commission d’enquête des Nations unies sur le massacre du 28 septembre au stade de Conakry. Le rapport onusien accuse les militaires au pouvoir de "crimes contre l’humanité" et demande la saisine de la Cour pénale internationale.
"Compte tenu de la gravité de la situation en République de Guinée, il convient d’imposer des mesures restrictives supplémentaires à l’encontre des membres du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) ainsi que des personnes physiques ou morales (…) responsables de la répression violente ou de l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays", a réagi l’UE à l’occasion d’une réunion ministérielle de l’UE à Bruxelles.
150 DISPARUS À CONAKRY LE 28 SEPTEMBRE
Dans le détail, les Vingt-Sept vont interdire toute vente ou fourniture à la Guinée d’"équipements susceptibles d’être utilisés à des fins de répression interne", et de même toute assistance financière ou technique dans ce domaine. Cette mesure s’ajoute à un embargo sur les armes et munitions à l’encontre de la junte déjà décidé fin octobre afin de sanctionner son implication dans la répression du 28 septembre.
Ce jour-là, les forces de défense et de sécurité avaient battu, poignardé et tué par balles des opposants au régime militaire, rassemblés dans le plus grand stade de Conakry pour réclamer que le président autoproclamé depuis décembre 2008, le capitaine Dadis Camara, ne se présente pas à l’élection présidentielle. Selon l’ONU, environ 150 personnes avaient été tuées ou ont disparu.
BATTERIE DE MESURES DE SANCTION
Mardi, les pays européens sont aussi convenus d’imposer "un gel de tous les fonds et ressources économiques qui appartiennent aux membres du CNDD et aux personnes physiques ou morales, aux entités ou aux organismes associés à ceux-ci". Une mesure envisagée fin octobre et qui se concrétise à présent. L’UE a en outre étendu une liste des personnes déjà visées depuis fin octobre par des interdictions de visas. Celle-ci passe de quarante-deux noms "à environ soixante-dix", a souligné l’une des sources diplomatiques, le capitaine Dadis Camara y figurant "tout en haut".
Enfin, l’Europe a confirmé mardi le retrait d’un projet d’accord de pêche la liant à la Guinée, avec aides financières à la clé. Cet accord, portant sur la pêche au thon, devait permettre la poursuite d’une coopération en place depuis 1983 pour les quatre prochaines années. Il prévoyait une aide de 450 000 euros par an pour aider au développement du secteur de la pêche en Guinée, et 1,6 millions d’euros supplémentaires sur quatre ans pour développer le système de contrôle des zones de pêches guinéennes.
LEMONDE.FR avec AFP | 22.12.09 | 17h42