Jeudi, dans un silence assourdissant, personne n’était venu défendre M. Johnson sur les programmes d’information du matin, comme c’est habituellement l’usage.
Boris Johnson s’est accroché jusqu’au bout
Mercredi soir, plusieurs ministres s’étaient rendus à Downing Street pour essayer, en vain de convaincre Boris Johnson qu’ayant perdu la confiance du parti conservateur après trois années turbulentes au pouvoir, il devait démissionner, dans son intérêt et celui du pays.
Le Premier ministre de 58 ans, qui affirmait qu’il avait un “mandat colossal” à accomplir, avait riposté en limogeant par téléphone mercredi soir le ministre qui avait été le premier à venir lui conseiller de démissionner plus tôt dans la journée, Michael Gove, chargé du rééquilibrage territorial. Selon la BBC, Downing Street aurait qualifié Michael Gove de “serpent” indigne de la confiance de M. Johnson.
Celui-ci aurait dit à des collègues qu’ils devraient “plonger les mains dans le sang” pour le sortir de Downing Street, rapportait jeudi le tabloïd The Sun, alors que certains commentateurs faisaient le rapprochement avec Donald Trump refusant de reconnaitre le résultat de l’élection présidentielle américaine en 2020.
Boris Johnson avait répété ces derniers jours qu’il ne voulait pas partir. “Quand je regarde les problèmes auxquels ce pays est confronté, et aussi la guerre en Europe, je ne vois pas comment il est responsable de s’en détourner”, avait-il notamment déclaré. “La dernière chose dont ce pays a besoin, ce sont des élections.”
“Bye Boris”
Toute la journée mercredi, les démissions s’étaient succédé, le parti conservateur lassé des scandales à répétition depuis que Boris Johnson, l’ancien héros du Brexit, est arrivé à Downing Street en 2019. La séance hebdomadaire de questions à la Chambre avait été particulièrement houleuse pour M. Johnson, avec de nouveaux appels à la démission dans son propre camp, des rires témoignant de sa perte d’autorité, et un “bye Boris” à la fin de la séance.
Le mécontentement couvait depuis des mois, nourri notamment par le scandale des fêtes illégales à Downing Street pendant le confinement anti-Covid, alors que les Britanniques devaient respecter des règles très strictes.
Boris Johnson, connu pour ne pas être à un mensonge près, avait varié dans ses explications, provoquant frustration puis colère des élus conservateurs, dans un pays confronté à une inflation record de 9% et à des mouvements sociaux. Sa cote de popularité avait plongé, et près de 70% des Britanniques souhaitent désormais son départ, selon deux sondages cette semaine.
La démission mardi soir du ministre des Finances Rishi Sunak, et du ministre de la Santé Sajid Javid, avait sonné l’hallali pour le Premier ministre, après un nouveau scandale sexuel impliquant le “whip” adjoint chargé de la discipline des députés conservateurs, que M. Johnson avait nommé en février, “oubliant” des accusations passées de même type.
Comment faire partir un Premier ministre qui refuse de démissionner?
M. Johnson avait échappé le mois dernier à un vote de défiance, 40% des députés conservateurs refusant cependant de lui accorder leur confiance. Il était en théorie à l’abri d’un nouveau vote de défiance pendant un an, mais le bureau exécutif du “Comité 1922″ qui décide des règles, pourrait les modifier dans les prochains jours pour organiser, s’il n’est pas parti d’ici là, un deuxième vote de défiance.
La procureure générale d’Angleterre et du Pays de Galles, Suella Braverman, est pour l’instant la seule candidate pour succéder à Boris Johnson en tant que présidente du parti conservateur et premier ministre.