Le président du «pays des hommes intègres» a fait sienne la devise selon laquelle «gouverner, c’est l’art du possible». Véritable homme de défis qui refuse la fatalité, Blaise Compaoré a, dans sa gestion du pouvoir, cette dose d’assurance qui est l’empreinte des grands hommes. Panafricaniste convaincu, il croit ferment en l’avenir de l’Afrique.
En effet, sur son parcours exemplaire, son ami Jean Guion se prononce en ces termes : «Si rien ne le prédestinait à devenir chef de l’État, ni fortune, ni origines familiales, Blaise Compaoré a quand même réussi à se hisser au plus haut niveau de l’Etat. Il doit cette réussite à plusieurs traits de son caractère». Avec le sang-froid des grands joueurs d’échecs, il ne ménage aucun effort pour rompre de manière définitive avec l’image d’un Burkina Faso «pauvre et enclavé».
15 octobre 1987 : A la faveur du Mouvement de Rectification, Blaise Compaoré devient président du Front Populaire (nouvelle instance dirigeante) et Chef de l’Etat. Mais bien avant, en mai 1983, il échappe de justesse à un coup de filet du régime du Conseil de Salut du Peuple (CSP II). Et c’est par la suite qu’il organise la résistance à Pô pour libérer ses compagnons arrêtés. Le 4 août 1983, Blaise Compaoré investit Ouagadougou avec ses commandos et installe avec Thomas Sankara, le Conseil National de la Révolution (CNR).
On peut dire de lui qu’il est un leader panafricaniste et un homme d’État pragmatique qui œuvre sans cesse à démocratiser les institutions de son pays, dans le respect du droit fondamental de la personne. De la même manière, il mène une lutte constante pour la réduction de la pauvreté, le développement des infrastructures et l’intégration économique régionale de son pays. En effet, ce brillant stratège et défenseur du panafricanisme, donne au «pays des hommes intègres», de par sa politique d’ouverture, les moyens de s’imposer dans la sous-région comme une plaque tournante de la diplomatie. Il a, de nos jours, à son actif, le regain de la crédibilité du Burkina Faso qui justifie la part croissante qui lui revient dans la gestion des affaires de sa sous-région. Grâce à sa politique d’ouverture, le Burkina Faso abrite les sièges de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), du Comité permanent Inter-états de lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS) et de l’UIDH (Union Interafricaine des Droits de l’Homme). On peut aussi affirmer avec certitude que c’est essentiellement grâce à ses convictions qu’il est a su apaiser et conduire la transition pour passer d’un régime d’exception à un régime démocratique avec des institutions bien ancrées.
Rappelons que Blaise Compaoré est né le 3 février 1951 à Ouagadougou et est l’aîné d’une famille de sept enfants. Il a passé son enfance entre Ziniaré, Boromo et Fada (chez des missionnaires) où, «j’ai créé des situations pour perturber ; j’avais l’habitude de faire du chahut en plein cours», a-t-il confié. A 17 ans, Blaise entre à l’Ecole Normale de Ouagadougou, pour une formation d’instituteur. Il s’abonne tout de suite au cinéma et autres spectacles. Mais, «rarement pendant 2 ou 3 ans nous avons acheté de billet de cinéma. Soit on resquillait soit nous fabriquons nous mêmes les billets», témoigne Jean Guion, son meilleur ami. Blaise avait tenté en vain de s’engager dans l’armée à plusieurs reprises. Il réussit à le faire en 1972. Le président du Faso raconte : «Je suis allé au camp Guillaume Ouédraogo tout seul, et le même jour, j’ai été habillé et envoyé en perfectionnement au Camp de Ouagadougou où j’ai été à la garde du domicile du président Lamizana».
Ce capitaine à la retraite est d’une grande humanité et d’une générosité hors pair, très fidèle en amitié et entretient toujours des liens amicaux avec des amis d’enfance, connaissances et proches. Quand on aborde le sujet des crises récentes, il relate que «les élites politiques africaines sont de plus en plus secouées par des crises fréquentes et difficiles à anticiper. De ce fait, elles ne semblent plus disposer de temps nécessaire de réflexion pour formuler des solutions novatrices adaptées aux contraintes de leur environnement. Elles entreprennent alors les actions qui s’inscrivent dans le court terme et rarement accompagnées d’une remise en cause fondamentale des modes de gestion traditionnels et des structures héritées du passé». Orateur moyen, à la limite timide, Blaise Compaoré a hérité des traits caractéristiques de la politique et de la conception du pouvoir des chefs Mossis : le silence et le goût du secret. Ces déterminants lui confèrent une personnalité qui ne cesse de surprendre son auditoire. Cet homme de 60 ans, quelque peu isolé, est capable d’être un rassembleur et un meneur d’hommes et en mesure d’imposer une vision nouvelle à son peuple.
Rokia DIABATE