La blague sexiste de ce dirigeant d’Uber lui a coûté son poste

Elle ne pouvait pas plus mal tomber.

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La blague sexiste de ce dirigeant d'Uber lui a coûté son poste
TYRONE SIU / REUTERS La blague sexiste de ce dirigeant d'Uber lui a coûté son poste

SEXISME – Décidément, Uber a bien du mal à se dépêtrer de ses affaires de sexisme. Et ce n’est pas David Bonderman, 74 ans, membre du conseil d’administration jusqu’au 13 juin, qui va redorer le blason de l’entreprise alors que renvois et démissions s’enchaînent depuis des mois sur fond de harcèlement.

En pleine réunion sur les bonnes résolutions du groupe, alors qu’Arianna Huffington -fondatrice du HuffPost qui siège au conseil d’Uber- évoquait devant une assemblée d’employés le recrutement d’une autre femme (Wan Ling Martello, venant de chez Nestlé), David Bonderman a répondu que cela allait “entraîner davantage de bavardages”, selon le New York Times, suscitant la colère des employés et, très vite, des réseaux sociaux.

 Seriously Bonderman needs to be kicked off the @uber board. Culture is defined by what you won’t tolerate & this is the 1st test.

“Sérieusement Bonderman doit être expulsé du conseil d’Uber. La culture se définit par ce qu’on ne tolère pas et c’est un premier test”

Le cas de l’homme d’affaires a été vite réglé, puisqu’il a dû démissionner dans la foulée. Il faut dire que sa plaisanterie ne pouvait pas plus mal tomber: elle a été faite en pleine présentation d’une enquête menée par un cabinet d’avocats sur la culture sexiste du groupe…

Le PDG Travis Kalanick, comme son bras droit Emil Michael qui a démissionné le 12 juin, est accusé d’avoir personnellement encouragé des pratiques déplacées et brutales. Il a d’ailleurs annoncé le 13 juin qu’il se retirait provisoirement de ses fonctions.

“J’ai besoin de prendre du repos” en raison des “événements récents”, a écrit le patron d’Uber en référence au décès accidentel de sa mère le mois dernier, dans un email aux salariés transmis. Sans préciser la durée de ce congé.

Cette mise à l’écart était indirectement préconisée par les conclusions du rapport du cabinet d’avocats. Elles ont été approuvées par le groupe, a précisé Uber dans un communiqué.

Reconstituer une équipe dirigeante

Après la démission d’une ingénieure affirmant avoir été victime de harcèlement sexuel, le groupe avait mandaté en février ce cabinet pour examiner les problèmes liés à “l’environnement du travail” et “plus généralement sur la diversité et l’inclusion (sociale) chez Uber”.

Les avocats recommandent de reconstituer une équipe dirigeante, dont plusieurs postes sont vacants, et en particulier de trouver un vrai numéro deux.

Ils proposent aussi de renforcer les moyens de faire remonter les problèmes, notamment en renforçant la direction des ressources humaines ou en donnant davantage de pouvoirs et de visibilité au responsable des questions de diversité.

Le cabinet suggère aussi de “restructurer le conseil d’administration” pour accueillir des membres indépendants, et, de façon générale, d’améliorer les procédures “de contrôle interne”. Il prône des “formations obligatoires” à la gestion et aux ressources humaines.

Soucis de gouvernance et soucis financiers

Uber va aussi devoir indiquer clairement à ses employés que certains comportements déplacés sont “interdits, même s’ils ne sont pas illégaux”, en appliquant le principe de la “tolérance zéro” en la matière.

Le groupe a promis dans un communiqué de “mettre en oeuvre ces recommandations”, qui doivent permettre de “promouvoir l’équité et la responsabilité et d’établir des pratiques qui empêcheront de répéter les erreurs du passé”.

Outre les problèmes de gouvernance, Uber doit aussi faire face à des soucis financiers. La valorisation du groupe non coté est estimée à plus de 70 milliards de dollars, sur la base de sa capacité de levée de fonds auprès des investisseurs. Mais pour l’analyste Trip Chowdry de Global Equities Research, une fourchette de “2 à 3 milliards” de dollars serait plus raisonnable.

Et Uber, créé en 2009, n’est toujours pas rentable. Les comptes du groupe, dont certains éléments ont été communiqués à la presse fin mai, font apparaître une perte de 708 millions de dollars pour les trois premiers mois de l’année, après un “trou” de 2,8 milliards de dollars l’an dernier.

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