En dépit des appels des autorités ivoiriennes, de nombreux responsables de l’ancien régime Gbagbo demeurent planqués à l’intérieur ou hors du pays. Certains osent encore défier les règles de la bienséance et l’autorité, à l’image de Blé Goudé. Sortant ainsi de sa réserve, il qualifie même le nouveau pouvoir ivoirien de "dictatorial".
A moins de préparer quelques coups fourrés, cet individu semble être devenu un amnésique. N’a-t-il pas du sang sur les mains ? N’a-t-il jamais incité à la haine ? Quelle est sa part de responsabilité dans la crise ivoirienne ? Il faut que la Justice mette la main sur ce bourreau et le juge pour ses crimes odieux. Car il joue l’innocent, donne l’impression de vouloir se blanchir et aspire sans doute à se rendre justice.
Jusqu’à quand va-t-il continuer à méconnaître les réalités et à ne pas reconnaître le nouveau pouvoir ? Que veulent ceux qui l’hébergent ? La victimisation ne paie pas : Blé Goudé doit apprendre à évoluer positivement pour aider le peuple ivoirien à panser ses blessures et à oublier un certain passé. Mais comment peut-il avoir la conscience tranquille après tout ce qui s’est passé ? Ne se sent-il pas aussi responsable de la mort de nombreux jeunes patriotes qu’il a mobilisés, harangués, endoctrinés et armés pour tuer ? Lui qui est en vie aujourd’hui, ne croit-il pas qu’il a des comptes à rendre aux familles ivoiriennes, particulièrement celles qu’il a endeuillées, ou celles de ses défunts partisans qu’il a longtemps instrumentalisés ?
N’est-il pas mal placé pour s’acharner à vouloir donner des leçons de démocratie et de droits de l’Homme ? Son discours tombe mal dans ce contexte de pardon et de réconciliation. Ne peut-il donc pas prendre exemple sur son mentor Gbagbo qui avait lui-même prôné la paix juste après son arrestation ? Visiblement, Blé Goudé n’entend pas se faire oublier. Il constitue pourtant un réel danger. Pourquoi en vouloir continuellement à ADO qui, face au monde entier, a plusieurs fois tendu la main à ses adversaires, notamment aux dirigeants du FPI qui ont préféré l’ignorer ? Des contacts ont même été noués afin de persuader ces personnalités de l’ancien régime de rentrer. Mais, ce n’est pas facile, car beaucoup doivent avoir des choses à se reprocher. En ramenant à l’occasion les débats sur les différences ethniques, le "général" sans âme confirme bien que lui et l’ex-clan présidentiel n’ont jamais été animés que par des desseins machiavéliques pour la Côte d’Ivoire !
La trompette que ce voyou de la république des sans-pitié a encore embouchée fait honte à ceux qui le protègent. Non seulement, ils salissent la mémoire de tous ceux que le régime Gbagbo a consciemment et ignominieusement conduits ad patres, mais encore, ils entachent la réputation des Africains, singulièrement ceux d’Afrique de l’Ouest. Il est temps que les responsabilités soient situées. Pourrait-on en effet oublier que durant la crise ivoirienne, cet ignoble individu a osé regrouper, encadrer des foules hostiles, puis les a canalisées de manière à empêcher les forces onusiennes et françaises de remplir leur mission ?
Devrait-on oublier que les escadrons de la mort qui semaient la désolation, à travers la capitale ivoirienne et l’arrière-pays, agissaient sur les ordres de sinistres états-majors dont l’opinion aura du mal à détacher Blé Goudé le jour venu ? Cet homme ne doit pas continuellement bénéficier de certains égards au point de l’aider à narguer les victimes d’un régime vomi par les urnes. Trop de mal a été fait dans ce pays et plutôt que de faire preuve de complaisance ou de complicité tout court, il faudra tout mettre en œuvre pour que les bourreaux soient pris, jugés puis châtiés comme il se doit. Blé Goudé, à chaque sortie, cherche à attiser le feu en indexant ce qu’il considère comme des tares du nouveau pouvoir ivoirien.
Il sait qu’on ne peut pas en l’espace de quelques mois, satisfaire toutes les attentes des Ivoiriens et atteindre des résultats que le régime Gbagbo n’a pas été capable d’obtenir en dix ans de règne. En provoquant de la sorte, et en harcelant l’adversaire politique devenu ennemi à vie, Blé Goudé espère engranger des dividendes. Il récoltera plutôt des charges lourdes à porter quand viendra l’heure des comptes. Car, jamais les peuples meurtris de Côte d’Ivoire et de la sous-région ouest-africaine n’oublieront de sitôt le calvaire auquel ils ont été soumis par le régime Gbagbo, n’en déplaise à Blé Goudé et à ses inconditionnels.
En agissant comme il le fait, Blé Goudé confirme qu’il demeure toujours un "va-t-en-guerre" et un génocidaire des plus radicaux de l’ère Gbagbo. Activement recherché par la justice internationale, il finira bien par payer après sa cavale. Les fanfaronnades ne passeront pas. ADO travaille sur le terrain et fait quotidiennement la différence. Les Ivoiriens qui reconnaissent ses efforts ne se laisseront pas divertir par Blé Goudé, le désormais général sans troupe. Celui-ci, sans grande notoriété et ayant aujourd’hui perdu de sa superbe, doit bien s’ennuyer de ses meetings. Mais il le sait : les poursuites engagées par la justice ivoirienne bloquent tout retour à de nombreuses personnalités du régime déchu.
Or, si vivre en exil et dans la clandestinité n’a rien de réjouissant, pour encore côtoyer les Abdjanais dans les "gbakas" et les rues où s’entremêlent pleurs et rires, et où s’entrecroisent odeurs et couleurs, de nombreuses barrières restent à franchir. Surtout pour des fuyards encombrants et peu discrets comme Blé Goudé qui s’acharne à ramer à contre-courant de l’histoire de son pays ! Et quand ce général sans galons ni diplômes universitaires, affirme que le président actuel de Côte d’Ivoire a peur, on a envie de lui poser cette question : qui de Blé Goudé ou de Ouattara a le plus peur ? Le fugitif qui vit dans la clandestinité ou celui qui respire le grand air tout en gérant les affaires de l’Etat ?
"Le Pays", Burkina Faso (via lefaso.net)