AFP – La figure de proue du régime déchu de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, contre qui un mandat d`arrêt international vient d`être délivré, s`est dit "prêt à comparaître" devant un tribunal ivoirien si le président Alassane Ouattara est également jugé, dans une interview à RFI.
"Vous savez très bien qu`il a commis des actes, que des hommes ont commis des actes ignobles en son nom alors je suis prêt à comparaître, mon voisin doit être M. Ouattara, mon voisin doit être Soro Guillaume (le Premier ministre) et ensemble nous allons comparaître devant la justice", a-t-il déclaré à Radio France Internationale.
Des mandats d`arrêt internationaux ont été délivrés par la justice ivoirienne contre Charles Blé Goudé et d`autres proches de l`ex-président, dans le cadre de l`enquête sur les crimes commis durant la crise post-électorale de novembre à avril, avait annoncé vendredi le procureur d`Abidjan, Simplice Kouadio Koffi.
Sous sanctions de l`ONU depuis 2006 (gel des avoirs, interdiction de voyager), Charles Blé Goudé est régulièrement donné au Bénin ou au Ghana, lieu d`exil de nombreuses personnalités du régime déchu.
Ex-ministre de la Jeunesse de M. Gbagbo, il a été en première ligne depuis la tentative de coup d`Etat de septembre 2002, organisant notamment des manifestations anti-françaises, et encore durant la dernière crise post-électorale de novembre à avril, appelant les siens à la mobilisation contre le camp d`Alassane Ouattara, investi président le 21 mai, la France et l`ONU. Ses partisans sont accusés de nombreuses violences.
Laurent Gbagbo a été arrêté le 11 avril après plus de quatre mois de crise née de son refus de reconnaître sa défaite à la présidentielle du 28 novembre 2010, et à l`issue de dix jours de guerre dans Abidjan. Il est actuellement en résidence surveillée dans le Nord, comme son épouse Simone Gbagbo et 13 autres proches.
M. Blé Goudé a dénoncé une "justice à double vitesse" et un "pouvoir dictatorial" de M. Ouattara.
"Rien ne me surprend du tout car depuis que Ouattara est au pouvoir, il y a une justice à double vitesse. Il a peur d`une opposition significative, il a décidé d`installer son pouvoir dans la terreur, tous les signes (…) d`un
pouvoir dictatorial sont là et visibles", a-t-il dit.
"Ce pouvoir ne va pas bien loin, Ouattara fait comme si son pouvoir avait comme seul objectif de traquer, de tuer, de poursuivre tous ceux qui ont été plus ou moins proches de gbagbo", a-t-il ajouté.
Des éléments des Forces républicaines (FRCI) de M. Ouattara sont aussi accusés d`exactions par des organisations non gouvernementales et l`ONU durant la crise post-électorale.
Une mission de la Cour pénale internationale (CPI) est en cours dans le pays pour évaluer notamment la situation sécuritaire, avant une éventuelle enquête pour crimes contre l`humanité et crimes de guerre, dont sont accusés les deux camps.
Quelque 3.000 personnes ont trouvé la mort durant cette crise, la pire de l`histoire du pays.
AFP via abidjan.net – 4 juillet 2011