Biram Dah Abeid, président d’Initiative pour résurgence abolitionniste en Mauritanie : «C’est un apartheid implanté en Afrique de l’Ouest que nous vivons en Mauritanie»

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Après fait seize mois de détention dans des conditions inhumaines, le célèbre militant anti-esclavagiste et non moins président d’Initiative pour résurgence abolitionniste en Mauritanie (Ira-Mauritanie) était au Mali dans le cadre sa tournée africaine pour sensibiliser sur l’esclavagisme et le racisme que subissent les Noirs en Mauritanie. Il a animé le jeudi 1er septembre à l’hôtel Radisson Bleu une conférence de presse.

 Après sa libération de près de deux ans de prison, pour dénonciation de l’esclavagisme foncier et du racisme en Mauritanie, le président d’Ira-Mauritanie, Biram Dah Abeid, s’est rendu au Sénégal, aux États-Unis, en Côte d’Ivoire, pour continuer sa campagne de sensibilisation sur l’esclavagisme et le racisme que subissent les Noirs en Mauritanie. C’est dans ce même cadre qu’il a effectué la semaine dernière un déplacement à Bamako. Au cours de son séjour, il a rencontré certaines organisations de la société civile, de femmes, des droits humains et les leaders de certains partis politiques.

En Mauritanie, depuis 1978, les pouvoirs militaires se succèdent, mais l’exercice de l’Etat reste le monopole d’une composante de la population minoritaire. La domination de ce groupe procède d’un système esclavagiste et anti-noir. Malgré la profusion de textes législatifs contre la servitude héritée, les autorités ont toujours assuré aux esclavagistes l’impunité totale et couvrent encore les exécutions de masses extrajudiciaires de civils et de militaires noirs, opérées durant les purges ethniques de 1986-1991. Dans ce contexte historique de ruse sur le droit et de diplomatie de la dissimilation, les gouvernements successifs s’évertuent à empêcher le fonctionnement normal des Ong de défense de la dignité de l’homme et de l’égalité des citoyens. Concernant l’esclavage et ses conséquences, lors de son dernier rapport périodique universel (Epu) en novembre 2015 à Genève, la Mauritanie a reçu 40 recommandations sur un total de 200, contre 18 seulement sur 152 au précédent de 2010.

Selon Biram Dah Abeid, il est un fait avéré en Mauritanie que le fait d’être un être humain de race noire ‘’nous attire des brimades, de la stigmatisation et de l’oppression. Ceci, à l’en croire, est une vérité historique et de très grande actualité dans certains pays et sociétés du monde. Le conférencier dira que la société et le pays représentatifs de ce type de société où la dignité humaine est bafouée quand la personne est de couleur noire ou a une ascendance servile, est la Mauritanie. «Ce pays ou société, c’est la Mauritanie et la société mauritanienne. Dans ce pays, nous avons appris par la pédagogie violente du gouvernement, des juges, des  Imams  et de toutes les personnes de tout le corps de l’Etat, que les races ne sont pas égales. C’est un apartheid implanté en Afrique de l’Ouest que nous vivons en Mauritanie», a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que le flanc ouest de l’Afrique connaît un redéveloppement insolent de l’Apartheid qui nargue les Africains, le droit international dans le silence total des élites africaines qui sont censées défendre le droit de la personne humaine.

Aux dires de Biram Dah Abeid, dans sa stratégie de détruire  le mouvement Ira-Mauritanie, le régime d’Abdelaziz a ordonné, en juillet 2016, l’arrestation de toute la direction du mouvement. Selon lui, actuellement en Mauritanie, 13 militants anti-abolitionnistes, membres d’Ira-Mauritanie, croupissent dans les geôles du pouvoir.

Par ailleurs, le président d’Ira-Mauritanie a indiqué que les personnes sans défense sont victimes de l’injustice, de l’esclavage, du racisme, d’apartheid non écrit en Mauritanie. Selon lui, pour que les institutions gouvernementales et continentales africaines cessent de lâcher ces victimes, il faut que la société civile africaine s’insurge et interpelle les dirigeants africains  pour leur demander des comptes.

Notons que le mouvement Ira-Mauritanie et son président Biram Dah Abeid ont été primés par plusieurs distinctions internationales en reconnaissance du combat contre l’esclavage traditionnel, l’usurpation foncière, l’exclusion des Noirs et l’expropriation des terres arables dans la vallée du fleuve Sénégal.  Il s’agit du prix du Département d’Etat américain, du prix des droits des Nations-Unies, du prix Front line defenders…

Diango COULIBALY

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