Biden, en pré-campagne, rode son discours pour l’électorat populaire

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“Aucun milliardaire ne devrait payer moins d’impôt qu’un pompier!” Joe Biden, en campagne sans vraiment l’être pour 2024, a continué lundi à roder un discours social censé séduire l’électorat blanc et populaire qui lui a manqué en 2020.

Depuis le début de son mandat, le démocrate de 80 ans raconte les mêmes anecdotes sur son enfance dans une famille de la classe moyenne à Scranton, en Pennsylvanie.

Mais depuis son Discours sur l’état de l’Union devant le congrès, le 7 février, interprété comme un lancement informel de campagne, Joe Biden a enfoncé le clou.

Le déroulé de ses discours — comme lundi devant une réunion du premier syndicat à l’avoir soutenu en 2020, l’International Association of Fire Fighters — est désormais immuable ou presque.

Il y a d’abord la référence obligatoire à son père, présenté comme la voix de l’Amérique laborieuse et fière, qui lui disait: “Joey, un boulot c’est plus qu’un bulletin de salaire, c’est une question de dignité”, s’est souvenu le président lundi devant un public conquis d’avance.

– “Tout va bien se passer” –

“C’est être capable de regarder son enfant dans les yeux et de lui dire, sans mentir: +Tout va bien se passer mon chéri+”, avait-il résumé devant le Congrès, là aussi une formule maintes fois ressassée depuis.

Vient aussi, souvent, la description de la maison sans fioritures de son enfance, trois chambres pour les parents, les quatre enfants et le grand-père, brandie en certificat de l’appartenance à la classe moyenne.

Dans ses discours, Joe Biden insiste désormais sur la justice fiscale, avec une réserve obligatoire au pays de la libre entreprise: “Je suis un capitaliste, vous voulez gagner beaucoup d’argent, allez-y, mais payez quelque chose” au fisc, a-t-il dit lundi.

“Vous savez quel est le taux d’imposition (des milliardaires, ndlr)? Trois, T-R-O-I-S pour cent. Les pauvres gens”, a ensuite ironisé le président, qui présentera jeudi son projet de budget fédéral, en promettant une nouvelle fois d’augmenter les impôts des très fortunés.

Le démocrate, qui a “l’intention” de briguer un second mandat mais qui n’est pas pressé de lancer officiellement sa campagne, a un électorat précis en tête: la classe populaire blanche, celle qui n’a pas fait d’études supérieures.

Joe Biden, élu en 2020 grâce au soutien de l’électorat afro-américain et de l’Amérique diplômée, sait qu’il a fort à faire. Un récent sondage Washington Post/ABC montre que seulement 31% des électeurs n’ayant pas fait d’études sont satisfaits de sa politique économique, alors que c’est le cas pour 50% des électeurs diplômés.

– Trump –

En 2016 comme en 2020, environ deux tiers des électeurs blancs et non-diplômés ont voté pour Donald Trump — qui est déjà en campagne pour 2024.

Le président démocrate met donc désormais l’accent sur les sujets les plus concrets pour essayer de renverser un peu la tendance.

A des Américains qui ont du mal à comprendre ses grandes réformes d’infrastructure, de soutien au pouvoir d’achat ou de transition énergétique, le chef d’Etat le plus puissant du monde parle, longuement, de l’état des routes, des frais de découvert bancaire et du coût de l’insuline.

Conscient que depuis près de 20 ans, les électeurs blancs âgés votent républicain, Joe Biden met aussi l’accent sur le système d’assurance-vieillesse (Social Security), sur le régime d’assurance-maladie réservé aux séniors (Medicare) et sur ses projets de lutte contre le cancer.

Il accuse régulièrement la droite de vouloir tailler dans ces régimes sociaux, embarrassant un parti républicain historiquement hostile à l’interventionnisme de l’Etat dans l’économie, mais qui voit venir le danger pour sa base électorale.

Donald Trump l’a bien senti. Samedi, devant la grand-messe annuelle des conservateurs américains réunis près de Washington, l’ancien président ne s’est pas attardé sur les sujets économiques et sociaux, collant à son discours sur le déclin de l’Amérique, qu’il serait seul capable d’enrayer.

Mais l’ancien homme d’affaires se présente désormais en défenseur des régimes d’assurance vieillesse et d’assurance-santé des séniors, ce qui lui permet au passage d’éreinter certains concurrents à l’investiture républicaine, partisans d’une ligne économique plus libérale.

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