Le roi d’Abomey Agoli-Agbo est mort lundi matin 2 juillet après 8 ans sur le trône. Abomey est la ville où le célèbre roi Béhanzin a régné et combattu les Français au XVIIIe siècle. Le roi décédé était l’une des têtes couronnées les plus respectées du pays.
Il avait 87 ans. Rien sur les circonstances de sa mort, c’est comme ça dans la tradition. Ce genre de nouvelle est entourée de sacré. En langage d’initié, on dit que la nuit est tombée sur le royaume.
Il est devenu roi d’Abomey en 2010. Auparavant il était policier. Le souverain portait un cache-poussière en métal sur le nez, se déplaçait dans un hamac avec porteurs pour les cérémonies. Il avait une cour, un Premier ministre.
Il régnait sur Abomey, la cité du roi Béhanzin, grande figure de la résistance africaine à l’impérialisme européen. Mais les temps ont changé, nous sommes dans une République, le roi détient uniquement le pouvoir religieux.
Tous les dignitaires vaudou lui font allégeance. Les politiques le considèrent comme un très grand électeur et viennent le voir à chaque veille de scrutin. Patrice Talon et l’ancien président Boni Yayi lui ont rendu visite récemment encore.
Selon nos informations, le roi est déjà inhumé, sa dépouille ne doit pas traîner. Dans la tradition encore, à l’annonce du décès, les femmes ne doivent porter ni collier ni boucle d’oreille, quant aux hommes, en principe, ils ne doivent pas se peigner, et ce jusqu’aux funérailles.
Depuis ce lundi, les hommages se multiplient. Les personnalités politiques saluent le sens des responsabilités du roi. Les têtes couronnées, comme on les appelle au Bénin, ne dirigent plus de royaume mais elles gardent un rôle important. Elles aident les autorités à résoudre des crises et sont très courtisées à l’approche des élections. Elles sont respectées par les Béninois. La preuve, sur les réseaux sociaux où s’est propagée la nouvelle, personne n’a dit « le roi est mort », c’est interdit. On dit que la nuit est tombée à Danhomé.