Dans un entretien à l’hebdomadaire Jeune Afrique, le président gambien Yahya Jammeh a vivement réagi aux demandes du secrétaire général des Nations unis Ban Ki-moon et de l’ONG Amnesty International d’ouvrir d’une enquête sur la mort en avril d’un opposant, Solo Sandeng, alors qu’il avait été placé en détention, selon le Parti démocratique uni (UDP, opposition).
« Ban Ki-moon et Amnesty International peuvent aller en enfer ! Qui sont-ils pour exiger cela ? (…) Où est le problème ? Des gens qui meurent en détention ou pendant un interrogatoire, c’est très commun. Personne ne me dira que faire dans mon pays. »
M. Jammeh, qui dirige la Gambie d’une main de fer depuis plus de vingt ans, est connu pour ses déclarations virulentes. Se disant « fier » d’être qualifié de « dictateur » par les Occidentaux – « habitués à ce que les chefs d’Etat africains ne soient que des béni-oui-oui » –, il explique se considérer comme « un dictateur du développement ».
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Rejet de la limitation des mandats
« Lorsque j’ai pris le pouvoir, ce pays était un des plus pauvres au monde, il ne l’est plus. Il y a une opposition, un parlement, un système de santé fiable… », avance-t-il. La Gambie reste classée comme un des Etats les plus défavorisés de la planète.
« A quoi sert-il d’avoir un taux de croissance à deux chiffres quand la moitié des écoles sont vides parce que les enfants sont obligés de travailler ? J’ai un problème avec les institutions de Bretton Woods. Ma croissance, ma prospérité, c’est moi qui les définis. »
Yahya Jammeh est parvenu au pouvoir par un coup d’Etat sans effusion de sang en 1994. Elu en 1996, réélu tous les cinq ans depuis, il est candidat au scrutin présidentiel prévu pour décembre. « Je serai président aussi longtemps que Dieu et mon peuple le voudront », martèle-t-il, en rejetant toute possibilité de limitation des mandats. Alors que l’opposition réclame des réformes électorales et manifeste régulièrement à Banjul, il fustige de « pseudo-opposants » et affirme qu’il ne se laissera pas chasser du pouvoir.
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