Aux Etats-Unis, Donald Trump essuie un revers cuisant sur la réforme de la santé

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Donald Trump a beaucoup critiqué l'Otan. © Pool via CNP / Picture-Alliance/AFP/ OLIVIER DOULIERY

Il lui a fallu renoncer. Après une semaine de négociations acharnées, Donald Trump a dû se résigner à accéder à la requête du speaker (président) républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, vendredi 24 mars, en milieu d’après-midi, de retirer le texte qui devait remplacer la réforme de la santé de son prédécesseur Barack Obama. M. Ryan ne disposait pas des 216 voix nécessaires pour faire avancer le texte jusqu’au Sénat.

Après avoir fait campagne pendant des années sur l’abrogation de l’ObamaCare, le Parti républicain et le président n’ont pu que constater leur échec et la difficulté de passer, selon les mots du speaker, d’« un parti d’opposition à un parti de gouvernement ». « ObamaCare est la loi, et restera la loi tant qu’elle ne sera pas remplacée », a-t-il ajouté. M. Ryan a refusé vendredi de désigner les coupables, mais ils ont dû se reconnaître dans son constat.

L’aile droite républicaine, représentée par le Freedom Caucus, jugeait pour des raisons idéologiques le texte trop proche de l’Obamacare. MM. Trump et Ryan avaient tenté de les faire fléchir en apportant des modifications au projet, mais leurs marges de manœuvre étaient des plus limitées : accéder aux demandes de la trentaine de radicaux risquait en effet de détourner les élus modérés. Le Sénat comptait déjà réécrire le texte dans un sens opposé aux velléités du Freedom Caucus.

Place à la réforme fiscale

Peu après l’annonce de ce renoncement, M. Trump a pris la parole, dans le bureau Ovale de la Maison Blanche. Il a justifié le retrait en assurant qu’il avait décidé de « laisser l’ObamaCare exploser », une perspective jugée selon lui inévitable compte tenu des surcoûts enregistrés au cours des derniers mois. « Cela va être moche », a-t-il pronostiqué, avant de reconnaître avoir été « déçu » par la résistance des élus du Freedom Caucus.

M. Trump a justifié sa décision de ne rien faire sur la santé pour le moment en estimant que cela contraindrait le camp démocrate à négocier avec les républicains une réforme bipartisane. Le président a ajouté que la réforme fiscale qu’il a également promise durant sa campagne allait devenir la priorité de son administration et du Congrès.

Le 20 janvier, aussitôt après son arrivée à la Maison Blanche, le premier acte politique de Donald Trump avait été la signature d’un décret symbolique visant à affaiblir l’ObamaCare, une loi qui ne pouvait être remplacée que par le Congrès. Un mois plus tard, le président avait cependant avoué avec candeur, à l’occasion de la réception de gouverneurs, qu’il s’agissait d’« un sujet incroyablement complexe ». « Personne ne savait que le système de santé pouvait être aussi compliqué », avait-il ajouté contre toute évidence.

Un texte controversé

Toute la semaine, M. Trump n’avait pourtant pas ménagé ses efforts pour tenter de dégager une majorité, usant alternativement de la menace voilée et de cajoleries vis-à-vis des élus républicains. Mardi, à l’occasion d’une visite au Capitole, il avait ainsi assuré que le Parti républicain risquerait de perdre beaucoup de sièges lors des élections de mi-mandat, en 2018, s’il ne parvenait pas à tenir cette promesse de campagne. Jeudi, il avait coupé court aux négociations en demandant de passer au vote, mettant au défi les républicains d’afficher leur impuissance. Le bluff n’a pas fonctionné

Le texte controversé soulevait de nombreuses critiques. Un office d’évaluation du Congrès avait ainsi estimé que sa version initiale entraînerait une forte augmentation du nombre de personnes non assurées – de l’ordre de 24 à 26 millions. Un nombre que les modifications apportées en milieu de semaine laissaient inchangé. Un sondage de l’université Quinnipiac (Connecticut), publié jeudi, montrait qu’une petite minorité de personnes interrogées soutenait la réforme républicaine (17 %, contre 56 % qui étaient d’un avis opposé).

Les électeurs républicains y étaient certes plus favorables, mais leur soutien n’était pas massif (41 %, contre 24 % qui y étaient opposés et 35 % de sans opinion). Cette réforme était majoritairement rejetée dans toutes les catégories d’âges, de niveau d’études, et de revenus. Elle n’a pas surmonté son premier obstacle. Le président prompt à vanter ses talents de négociateur n’a pu que constater son impuissance.

Le Monde.fr avec AFP | 24.03.2017 à 21h01

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