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Au Tchad, Idriss Déby vers un sixième mandat présidentiel

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N’DJAMENA (Reuters) – Le président sortant Idriss Déby, allié des pays occidentaux impliqués dans la lutte contre les combattants islamistes au Sahel, devrait remporter dimanche sans grande difficulté l’élection présidentielle au Tchad en dépit du mécontentement d’une partie de la population.

Plusieurs dirigeants de l’opposition ont appelé leurs partisans à boycotter le scrutin après la décision du chef de l’Etat de briguer un sixième mandat, qui a déclenché des manifestations émaillées d’affrontements avec les forces de l’ordre.

Idriss Déby, 68 ans, au pouvoir depuis 1990, a fait adopter en 2018 une nouvelle constitution qui pourrait lui permettre de rester en poste jusqu’en 2033. Celui qui s’est octroyé l’an dernier le titre de maréchal sera opposé à six candidats, la Cour suprême en ayant disqualifié sept autres.

Son opposant du deuxième tour de la présidentielle de 2016, Saleh Kebzabo, et Ngarledji Yorongar, un autre dirigeant de premier plan de l’opposition, ont renoncé à participer au scrutin pour protester contre sa candidature.

“Bien sûr, nous allons gagner”, a dit Idriss Déby à ses partisans lors d’une réunion électorale lundi. “Je sais d’avance que je vais gagner comme je l’ai fait depuis 30 ans.”

Le Tchad dispose de l’une des armées les mieux formées de la région, qui combat régulièrement des rebelles dans le nord et qu’il a déployée dans plusieurs pays voisins dans le cadre de la lutte contre Boko Haram et d’autres groupes islamistes armés.

L’opposition critique notamment Idriss Déby pour sa gestion de la manne pétrolière, d’autant que la chute des prix du baril a pesé sur les recettes de l’Etat ces dernières années et conduit le gouvernement à des coupes budgétaires auxquelles ont répliqué des mouvements de protestation dans la fonction publique.

Le Tchad est aussi confronté à une augmentation préoccupante de sa dette: mardi, la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, a annoncé que les créanciers du pays se réuniraient la semaine prochaine pour tenter de trouver un accord sur un allègement du poids de la dette.

Idriss Déby peut néanmoins compter sur le contrôle de fait qu’il exerce sur les principales institutions du pays et sur les divisions de l’opposition, notamment sur le boycott de la présidentielle.

L’ancien Premier ministre Albert Pahimi Padacké a ainsi déclaré qu’un boycott ne ferait que servir les intérêts du président sortant.

Succès Masra, un économiste de 38 ans empêché de concourir à la présidentielle en raison de son âge puisque la constitution fixe un âge minimum de 45 ans, a qualifié le scrutin de mascarade. “Cette élection ressemble à un match à domicile disputé par une seule équipe divisée en deux”, a-t-il dit lors d’une conférence de presse.

Saleh Kebzabo, de son côté, a promis de rendre le pays “ingouvernable” si Idriss Déby était réélu dimanche.

Le chef de l’Etat a répliqué en accusant les dirigeants de l’opposition de tenter de saboter les acquis de sa présidence et les a avertis qu’ils avaient “signé leur arrêt de mort politique”.

(Marc Angrand)

Par Mahamat Ramadane et Joel Kouam

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