L’Assemblée nationale du Sénégal a voté le samedi 4 mai 2019 une loi modifiant la Constitution pour supprimer le poste de Premier ministre. Certains députés ont dénoncé cette révision, demandée par le président Macky Sall, estimant qu’elle était précipitée et qu’elle aurait due être soumise à un référendum.
Le projet de loi portant révision de la Constitution pour supprimer le poste de Premier ministre du Sénégal a été entériné après environ neuf heures de débats à l’Assemblée nationale, dont les accès avaient été placés sous une surveillance sécuritaire renforcée, a constaté une correspondante de Sputnik.
Sur 138 députés ayant participé au vote, qui s’est déroulé en procédure d’urgence, 124 se sont prononcés pour, sept contre et sept se sont abstenus.
«En conséquence de quoi, l’Assemblée nationale adopte le projet de réforme de la Constitution», a déclaré le président du parlement, Moustapha Niasse.
L’Assemblée nationale sénégalaise actuelle compte au total 165 élus, où la coalition soutenant le président Macky Sall est majoritaire. Macky Sall, élu en 2012, a été réélu en 2019. Après son investiture, il a reconduit Mahammed Boun Abdallah Dionne comme Premier ministre et l’a chargé de conduire la réforme concernant ce poste.
Pour que la loi votée le samedi 4 mai 2019 entre en vigueur, elle doit encore être promulguée par le chef de l’Etat.
Le texte a été défendu devant les députés par le ministre de la Justice, Malick Sall. Il a expliqué qu’en demandant la suppression du poste de Premier ministre, le président Macky Sall souhaitait améliorer «l’action gouvernementale», pour la rendre plus rapide et plus efficace et plus efficiente.
Elle est aussi censée permettre d’économiser «environ 193 milliards (de francs CFA, plus de 294 millions d’euros) pour les quatre prochaines années», selon le gouvernement.
Durant les débats, qui ont été par moments houleux, certains députés ont dénoncé un texte élaboré dans la hâte et la précipitation, sans concertation ou consensus. Ils ont estimé qu’il aurait dû être soumis à un référendum et qu’il accordait trop de pouvoir au chef de l’Etat.
«Avec ce projet de loi, le chef de l’Etat n’est plus le chef de l’Exécutif, il est l’Exécutif à lui tout seul», a jugé Cheikh Bamba Dièye, un député de l’opposition, considérant que le président actuel dispose déjà d’un pouvoir «exorbitant».
Une fois le poste de Premier ministre effectivement supprimé, le président de la République ne pourra pas dissoudre l’Assemblée nationale. Quant à l’Assemblée nationale, elle ne pourra pas provoquer la démission du gouvernement par le vote d’une motion de confiance ou de censure, selon les arguments défendus par le gouvernement.
Ce n’est pas la première suppression du poste de Premier ministre dans l’histoire du Sénégal, détaille Africa Check, organe indépendant de vérification de faits dans une fiche d’information sur le sujet publiée le 11 avril 2019. La première remonte à une révision de la Constitution dans ce sens en 1963, durant la présidence de Léopold Sédar Senghor, après une crise l’ayant opposé en 1962 à son “président du Conseil” (Premier ministre) Mamadou Dia. La fonction de Premier ministre avait ensuite été réintroduite dans la Loi fondamentale sénégalaise par référendum en 1970. Le poste a de nouveau été supprimé en 1983, puis réinstauré en 1991.
Source: sputniknews.com – 05.05.2019