Au moins 39 personnes ont péri au Panama dans l’accident survenu mercredi matin d’un autocar de migrants en route pour les Etats-Unis, ont annoncé les autorités panaméennes.
Le président Laurentino Cortizo a exprimé sur Twitter sa “grande tristesse” en apprenant la nouvelle de l’accident, survenu à Gualaca, dans la province de Chiriqui, à environ 400 km à l’ouest de la capitale.
Les migrants “étaient transportés du Darien (la jungle frontalière avec la Colombie, ndlr) vers une auberge”, a précisé le chef de l’Etat.
Ils se rendaient au Costa Rica, d’où ils comptaient poursuivre leur périple vers les Etats-Unis.
“Les informations préliminaires (…) indiquent malheureusement que 39 personnes ont perdu la vie. Les blessés sont pris en charge dans différents hôpitaux et centres de santé”, ont déclaré les services de migration.
Soixante-six personnes, dont le chauffeur et son assistant, étaient à bord du véhicule.
Dix enfants entre quatre et onze ans ont été admis à l’hôpital pédiatrique de David, la capitale de la province de Chiriqui, selon le directeur de l’établissement Johny Parra.
L’Unicef a indiqué dans une note transmise à l’AFP qu'”au moins trois enfants” sont décédés dans l’accident.
Le véhicule s’est écrasé très près de l’auberge, après avoir parcouru près de 700 kilomètres en près de 14 heures.
– Carcasse déchiquetée –
La directrice adjointe des migrations, María Isabel Saravia, a précisé que 66 migrants se trouvaient dans le bus, dont 20 mineurs, ainsi que deux chauffeurs, dont l’un est décédé.
“Cette nouvelle est déplorable pour le Panama et pour la région. Le gouvernement présente ses condoléances aux proches des personnes mortes dans cet accident et réaffirme son engagement à continuer d’apporter une aide humanitaire et des conditions dignes” aux migrants, a tweeté le président panaméen.
Les nationalités des migrants n’ont pas été précisées, mais le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodriguez a indiqué sur Tweeter que des Cubains figurent parmi les victimes.
L’autocar était l’un de ceux affrétés par le gouvernement panaméen pour convoyer les migrants vers le Costa Rica, qui doivent s’acquitter de 40 dollars pour faire le trajet.
Habituellement, les autocars roulent de nuit “car il y a moins de circulation” et profitent ainsi des heures “plus fraîches”, a indiqué Mme Gozaine.
“Selon des rapports préliminaires le chauffeur a raté l’entrée de l’auberge”, où il devait faire étape, et l’accident s’est produit alors qu’il tentait de faire demi-tour, a-t-elle ajouté.
Selon le témoignage dans les médias d’Edgar Guerra, passager du minibus impliqué dans l’accident, l’autocar est tombé lors de la manœuvre sur une voie en contrebas percutant un rocher et son véhicule.
“Nous l’avons vu arriver, nous nous sommes jetés sous les sièges, le chauffeur et moi, et rien ne nous est arrivé grâce à cela”, a-t-il ajouté.
Le choc a été d’une grande violence, comme en témoignent les photos de l’épave transmises par les services de secours qui montrent une carcasse déchiquetée.
– Itinéraire périlleux –
Le nombre des migrants en situation irrégulière arrivés au Panama par la route à destination des États-Unis a presque doublé en un an, atteignant un record de 248.000 en 2022 dont plus de la moitié étaient des Vénézuéliens, selon les services d’immigration panaméens.
Des Equatoriens, des Haïtiens et des Cubains, ainsi que des Africains et des Asiatiques tentent aussi de se rendre aux Etats-Unis en empruntant ce périlleux et long itinéraire.
Les migrants arrivent au Panama après avoir traversé à pied, au péril de leur vie, la jungle du Darien, à cheval sur la Colombie et le Panama et dépourvue de routes. Pendant ce périple, ils affrontent les dangers de cette jungle montagneuse et marécageuse de 266 km de long.
Leurs ennemis sont non seulement les serpents et les moustiques mais également des bandes de criminels qui les dépouillent. Nombre d’entre eux ont ainsi disparu dans la jungle tandis que des femmes et des adolescentes sont violées.
Selon le directeur de l’Institut panaméen de médecine légale José Vicente Pachar, au moins 60 migrants sont morts l’année dernière en tentant de traverser le Darien.
Le gouvernement panaméen, en coopération avec des agences d’aide humanitaire de l’ONU et des ONG, a installé des camps destinés à accueillir les migrants à leur sortie du Darien.