Dans les régions dites pays Dogon, notamment Douentza et Badiangara, la campagne agricole 2022- 2023 risque d’être compromise à cause de l’insécurité qui demeure forte.
Le plateau de Bandiagara-Hombori, plus connu sous le nom de « Pays dogon » est une région agricole aride aux conditions morpho-pédologiques et climatiques difficiles. Malgré les traits physiques hostiles (falaises et affleurements rocheux), le plateau est habité depuis longtemps par les Dogons qui y ont développé, au long des siècles, un système agricole reposant sur la céréaliculture pluviale, le maraîchage de contre-saison et l’élevage. On note aujourd’hui que les pratiques agricoles sont ouvertes aux évolutions techniques et aux exigences du marché.
Pratiquement, la région de Douentza et celle de Badiangara sont indispensables dans la sécurité alimentaire du Mali, particulièrement dans les régions du centre où le pays dogon détient le monopole des cultures vivrières. Les paysans cultivent principalement le mil 90 %, un peu de sorgho, d’arachide, de fonio, en association avec le niébé.
Alors qu’on est en plein saison pluvieuse, où la campagne agricole 2022-2023 a démarré partout au Mali, des localités de la région de Badiangara, dont la zone de Bankass en allant dans certains villages du cercle de Koro, les alentours de la Région de la Douentza, sont empêchés de cultiver cette année, car sous des menaces de morts.
Selon M. Ouologuem, un habitant du village Dinangourou, il y a un fort risque de famine au cas où cette saison n’apporte pas des résultats probants. « Je suis vraiment inquiet de cette situation de plus en plus alarmante. En plus des mauvaises pluviométries des années précédentes, s’ajoutent aussi des menaces de mort, si nous cultivons nos propres sols. On ne sait quoi faire, le peuple de Dinangourou a faim », s’est-il lamenté.
Selon Anouh Dioungo, un paysan de Fombori, un village situé à 5 kilomètre de Douentza, les tueries des paysans deviennent fréquentes dans la zone de Douentza, « les terroristes mettent leurs menaces à exécution. Pendant que les autres se concentrent sur la tabaski, au lendemain de la fête, ils ont fait irruption dans le village de Fombori. Ils ont trouvé des paysans dans leurs champs, en train de semer, ils ont tué deux personnes et fait plusieurs autres blessés ».
Pour protéger leurs cultures, les Dogons ont migré au XIVe siècle sur le plateau de Bandiagara qui était alors un excellent refuge contre les multiples agressions découlant de la constitution des grands empires. Ils ont développé dans cette zone hostile et aride des techniques de gestion des matières organiques, de l’eau (zaï, billonnage, terrasses et cordons de pierres, création de surfaces irriguées sur des dalles de grès dans des niches en nid d’abeilles) pour produire des céréales (mil en particulier) et des légumes (surtout échalote).
Oumar Sawadogo