Attentat à Istanbul : le bilan s’alourdit à 41 morts et 239 blessés

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Attentat à Istanbul : le bilan s'alourdit à 41 morts et 239 blessés
Deux explosions se sont produites mardi 28 juin à l'aéroport international Atatürk d'Istanbul (Turquie) © AFP PHOTO/ ILHAS NEWS AGENCY / - / Turkey OUT

Trois kamikazes ont ouvert le feu sur les passagers de l’aéroport Atatürk, avant de se faire exploser.

Le bilan du terrible attentat qui a frappé l’aéroport international Atatürk d’Istanbul (Turquie) ne cesse de s’alourdir : au moins 41 personnes ont été tuées dans cette attaque par trois kamikazes et 239 personnes blessées. Sur les 41 victimes, on dénombre notamment 23 Turcs et 13 ressortissants étrangers, a précisé un responsable turc. « À ce stade, nous n’avons pas d’information sur des Français qui seraient victimes de cet attentat », a fait savoir le Premier ministre Manuel Valls. Parmi les 13 étrangers tués figurent 5 Saoudiens, 2 Irakiens, un Tunisien, un Ouzbek, un Chinois, un Iranien, un Ukrainien et un Jordanien, selon un responsable turc.

Selon les autorités, des explosions ont d’abord eu lieu à l’entrée du terminal des vols internationaux vers 22 heures. Trois assaillants ont mitraillé des passagers ainsi que des policiers en faction, une fusillade a éclaté, puis les kamikazes se sont fait sauter, un scénario rappelant les attentats djihadistes ayant ensanglanté Paris en novembre 2015 (130 morts). « Trois kamikazes ont mené une attaque », a indiqué Vasip Sahin, le gouverneur d’Istanbul, aux journalistes. Mercredi en fin de matinée, aucune précision n’avait été fournie sur la nationalité des assaillants.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a rapidement exhorté la communauté internationale à une « lutte commune » contre le terrorisme, dans un communiqué. « Cette attaque, qui s’est déroulée pendant le mois du ramadan, montre que le terrorisme frappe sans considération de foi ni de valeurs », a dit le chef de l’État.

Le président français François Hollande a « condamné fermement » un « acte abominable » après l’attentat-suicide perpétré mardi dans un terminal de l’aéroport Atatürk d’Istanbul, lors d’une conférence de presse, à l’issue du premier jour du sommet européen à Bruxelles. « Je veux condamner fermement cette attaque », a déclaré le chef de l’État français, qui redoute que « ces actes terroristes qui viennent après d’autres n’aient comme conséquence que de rendre la situation encore plus difficile en Turquie ».

Des tirs entendus sur le parking

Un grand mouvement de panique a secoué le terminal des vols étrangers lorsque deux violentes explosions suivies de coups de feu ont été entendues aux alentours de 22 heures, heure locale (19 heures GMT). Selon des témoins cités par cette chaîne, deux violentes déflagrations ont secoué le terminal, provoquant un mouvement de panique parmi les passagers. Plus d’une dizaine d’ambulances ont été dépêchées sirènes hurlantes vers le terminal des vols internationaux, a indiqué la chaîne d’information CNN. Des taxis évacueraient les blessés de l’aéroport. Selon CNN Türk, les autorités pensent qu’au moins une explosion aurait été provoquée par un attentat-suicide. D’après la « BBC », des tirs auraient également été entendus sur le parking de l’aéroport. Des photos diffusées sur les réseaux sociaux montraient d’importants dégâts matériels à l’intérieur du terminal et des passagers gisant au sol.

Selon des témoins cités par cette chaîne, deux violentes déflagrations ont secoué le terminal provoquant un mouvement de panique parmi les passagers. « C’était très fort, tout le monde a paniqué et s’est mis à courir dans toutes les directions », a dit l’un d’eux sur CNN Türk. De nombreux policiers ont établi un périmètre de sécurité sur les lieux, selon les images. Abdullah Agar, un expert des affaires de sécurité et de terrorisme, interrogé par CNN Türk, a privilégié la thèse d’un attentat djihadiste. « Cela ressemble beaucoup à leurs méthodes », a-t-il dit, en référence aux attaques survenues dans l’aéroport et le métro de Bruxelles.

Des photos et des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré une énorme boule de feu à l’entrée du terminal et des membres de la sécurité en train de faire évacuer des passagers qui hurlaient dans des couloirs, pris de panique. On voyait aussi des passagers gisant au sol.

« Il marchait comme un prophète »

Un photographe de l’Agence France-Presse a vu des corps recouverts de draps à l’aéroport, jonché de bagages abandonnés. Des centaines de policiers et de pompiers étaient sur place. « J’attendais mon vol pour Tokyo et soudain plein de gens se sont enfuis et je les ai suivis. J’ai entendu des coups de feu et c’était la panique », a expliqué une Japonaise, Yumi Koyi. Oftah Mohammed Abdullah, une femme de nationalité non précisée, raconte avoir vu l’un des assaillants : « Il avait une écharpe rose, une veste courte et avait caché un fusil (dessous). Il l’a sorti et a commencé à tirer sur les gens. Il marchait comme un prophète ». Les télévisions montraient en boucle des scènes de pagaille devant un grand hôpital proche de l’aéroport, Bakirkoy, submergé par des proches cherchant à avoir des nouvelles de voyageurs.

Le Premier ministre turc a visité dans la nuit cet établissement, et s’est rendu au chevet des blessés. « Je vous présente mes condoléances », a-t-il lancé à son arrivée à l’hôpital aux gens réunis devant l’entrée, accompagné d’un imposant dispositif de sécurité, selon les chaînes de télévision. Il est arrivé d’Ankara à l’aéroport d’Atatürk quelques heures seulement après le triple attentat.

Rebelles kurdes ou djihadistes

Tous les vols ont été suspendus au départ d’Atatürk, le plus grand aéroport de Turquie et le 11e dans le monde, avec ses 60 millions de passagers en 2015. Puis le trafic aérien a pu reprendre à partir de 3 heures, heure locale, mercredi, selon Yildirim.

Sur les réseaux sociaux, les internautes ont dénoncé la proximité présumée du régime islamo-conservateur du président Erdogan avec l’EI en Syrie voisine, une thèse toujours démentie par les dirigeants au pouvoir en Turquie. « Les assassins que vous avez entraînés (Syrie) et tolérés commettent des massacres », a écrit notamment Fehim Tastekin sur Twitter.

Istanbul et Ankara ont été secouées depuis l’an dernier par une série d’attentats qui ont fait près de 200 morts et des centaines de blessés, et ont créé un climat de forte insécurité. Istanbul avait déjà été visée en janvier (12 touristes allemands tués, attaque imputée à l’EI), en mars (4 touristes tués – trois Israéliens et un Iranien – attribuée aussi à l’EI) et début juin (11 morts dont six policiers, revendiquée par les combattants kurdes). Les attentats en Turquie ont visé des lieux touristiques emblématiques – provoquant une chute immédiate du tourisme – ou les forces de sécurité turques. Ils ont été attribués soit à l’EI – qui n’en a jamais revendiqué aucun – ou aux rebelles kurdes, notamment aux TAK, une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

  (AVEC AFP)

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