Les assassinats cibles d’Israël : Ou l’art de prendre des décisions immorales avec des ramifications légales

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Israël a développé le programme d’assassinats ciblés le plus efficace au monde. Pendant des décennies, le pays était engagé dans des fusillades, des empoisonnements, et des bombardements contre certaines personnes. Les cibles étaient perçues comme des ennemis de l’État juif ; la liste comprenait des responsables coloniaux britanniques dans les années 1940, des dirigeants du Hamas, du Hezbollah, de l’OLP et des scientifiques nucléaires iraniens.

En octobre 1982, les forces militaires et de renseignements israéliens ont tenté d’assassiner Yasser Arafat, le leader de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en détruisant son avion avec un missile au-dessus de la Méditerranée. Depuis 1964, ils cherchaient un moyen de le tuer. Le ministre de la Défense d’Israël d’alors, Ariel Sharon, était obsédé par l’assassinat d’Arafat.

Une fois, il ordonna que des avions de chasse F-15 détruisent un cargo en plein air. Il y avait 30 enfants malades à bord en route pour le Caire où ils devaient être hospitalisés. Les agents de la Mossad n’étaient pas convaincus qu’Arafat était à bord; ils trouvèrent des excuses pour ne pas mener l’opération. Plus tard, ils eurent la confirmation que la personne dans l’avion n’était pas Yasser Arafat, mais son frère qui est docteur et accompagnait les enfants. Sharon était prêt à commettre un crime de guerre en détruisant un avion commercial avec des civils à bord juste pour tuer un seul homme.

La doctrine d’Israël est d’éviter des guerres en assassinat des personnages clefs parmi ses ennemis. Les chefs militaires et les principaux agents de l’ennemi sont identifiés et ensuite tués. Ainsi, Israël pense éviter l’énorme tuerie d’une guerre totale. Par conséquent, l’utilisation des assassinats ciblés est tolérée comme étant beaucoup plus morale qu’une guerre conventionnelle. Le message qu’Israël veut faire passer aux terroristes et compagnie,  est que s’ils ont du sang juif sur les mains et qu’ils le paieront de leur vie même si ça leur prend 20 ans.

Atef Bseiso était impliqué dans l’attentat terroriste de Munich en 1972 qui a tué des athlètes israéliens. Le Mossad le trouva et le tua 20 ans plus tard à Paris, en 1992.

La conséquence des assassinats ciblés est le dégât créé lorsque des civils innocents ou des membres d’une famille sont tués dans les opérations. Cela engendre plus de haine contre Israël. Pour éviter des incidents diplomatiques sérieux, un assassinat en Europe était avorté lorsqu’un citoyen européen risquait d’être blessé ou perdre la vie. Cette précaution n’était pas prise dans les pays arabes. Quand il s’agissait d’une opération d’assassinat ciblé à Beyrouth ou à Damas, plus de civils étaient tués.

Du point de vue tactique, les opérations d’assassinats ciblés étaient un grand succès, mais sur le plan stratégique, les résultats étaient plus mitigés. Israël a pris des décisions immorales avec des ramifications légales. Ces actions dans les territoires occupés pendant les 50 dernières années ont créé plus d’amertume et le sentiment de vengeance contre les Israéliens. Les leaders israéliens savaient qu’ils avaient la capacité d’éliminer une cible au fin fond d’un Etat ennemi, donc ils pensaient qu’ils n’avaient pas besoin de poursuivre une solution politique ou la réconciliation. Cette attitude et le complexe de supériorité, rend la paix entre Israël et ses ennemis, difficile.

Amadou O. Wane

Collaborateur externe,

Floride, Etats-Unis

amadou@amadouwane.com

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