Article suivant La police tente d’empêcher par la force le référendum en Catalogne

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Heurts entre la police et des partisans de l'indépendance de la Catalogne devant le bureau de vote de Ramon Llull à Barcelone le 1er octobre 2017 / © AFP / Fabio Bucciarelli
Heurts entre la police et des partisans de l'indépendance de la Catalogne devant le bureau de vote de Ramon Llull à Barcelone le 1er octobre 2017 / © AFP / Fabio Bucciarelli
La police espagnole a fait usage de la force dimanche pour empêcher des milliers de Catalans de voter lors du référendum interdit sur l’indépendance de leur région, faisant plus de 90 blessés, Madrid et Barcelone se renvoyant la responsabilité des incidents.

De Gérone à Figueras, des milliers de Catalans s’étaient massés dès l’aube pour faire barrage et protéger pacifiquement les installations de ce scrutin qui constitue, selon le quotidien El Pais, le “plus grand défi” de l’Etat espagnol depuis la mort de Franco en 1975.

Rapidement les policiers anti-émeutes ont forcé plusieurs bureaux de vote pour saisir bulletins de vote et urnes. A Barcelone, selon des témoins, ils ont tiré des balles en caoutchouc puis chargé à coups de matraques contre des milliers de personnes qui étaient descendues dans la rue pour participer au scrutin.

“Ils ont emporté six ou sept urnes (…). Ils sont entrés en défonçant la porte. Nous étions à l’intérieur en chantant l’hymne catalan et nous entendions des coups très violents sur la porte”, a raconté Marc Carrasco, chargé d’un bureau de vote dans la capitale de cette riche région dont la sécession aurait des conséquences incalculables.

De son côté, le ministère de l’Intérieur a annoncé que 11 membres des forces de l’ordre avaient été blessés, certains ayant été visés par des jets de pierres.

Selon les services de santé régionaux, au total en Catalogne, 92 personnes ont été blessées, dont deux gravement – une victime d’un infarctus et une atteinte à l’oeil – dans des heurts entre la police et des partisans du référendum.

Des milliers de citoyens ont quand même réussi à voter, selon les images des télévisions. Les électeurs devaient répondre par “oui” ou par “non” à la question: “Voulez-vous que la Catalogne soit un Etat indépendant sous forme de république ?”.

Quelque 2.300 bureaux avaient été mis en place par l’exécutif régional pour permettre aux 5,3 millions de Catalans de voter mais le gouvernement espagnol avait annoncé la veille avoir mis sous scellés 1.300 bureaux. En fin de matinée, le gouvernement catalan assurait que 73% des bureaux restaient ouverts.

“Personne ne peut me voler mon vote et la satisfaction d’avoir voté, quoi qu’il arrive. J’ai même pleuré parce que cela fait des années que nous nous battons pour cela, et j’ai vu devant moi une femme de 90 ans qui votait en un siège roulant”, a raconté à l’AFP dans le petit village de Llado Pilar Lopez, 54 ans.

Dans le quartier barcelonais de Nou Barris, Enrique Calvo, un retraité de 67 ans originaire d’une région voisine, lui n’a pas voté parce qu’il ne voulait pas donner de “légitimité” au scrutin. “C’est mal géré, tant par le gouvernement catalan que par le gouvernement central de Madrid”.

– Tribunes vides au Barça –

Dans l’après-midi, le silence régnait à Barcelone, troublé ponctuellement par le vrombissement d’hélicoptères, des cris de manifestants et des sirènes de police. Des dizaines d’hommes et de femmes faisaient la queue pour voter.

Signe du caractère exceptionnel de la situation dans un pays passionné de football, le Camp Nou du FC Barcelone n’a pas ouvert aux spectateurs en signe de protestation. Le club, “inquiet” par les heurts, a décidé de jouer à huis clos son match contre Las Palmas, la Ligue de football ayant refusé de reporter le match.

C’est donc sans ses milliers de spectateurs, massés en vain devant les grilles, que le Camp Nou a accueilli ce match de la 7e journée du Championnat d’Espagne. Et l’enceinte, considérée comme la plus grande d’Europe avec 99.000 places, sonnait étonnamment creux à chaque accélération du capitaine et quintuple Ballon d’Or Lionel Messi…

– Barcelone et Madrid se renvoient la responsabilité –

Le président indépendantiste de l’exécutif catalan Carles Puigdemont a dénoncé la “violence injustifiée” dont a fait usage la police nationale.

M. Puigdemont lui-même n’a pas pu voter comme prévu dans un centre sportif de sa ville de Gérone car des policiers sont entrés de force pour saisir le matériel électoral. Il est finalement allé dans un autre bureau proche de Gérone.

La numéro deux du gouvernement espagnol Soraya Saenz de Santamaria et le préfet de Catalogne Enric Millo l’ont pressé de mettre fin à la “farce” du référendum, le rendant responsable des éventuelles violences qui en découleraient.

Une sécession de la Catalogne, pesant 19% du PIB du pays, serait au saut dans l’inconnu, comparable à celui du Brexit déclenché par un référendum en juin 2016.

– Une majorité souhaitait un référendum légal –

Les habitants de la région, où l’indépendantisme gagne du terrain depuis le début des années 2010, sont divisés presque à parts égales sur l’indépendance. Mais les Catalans souhaitent majoritairement, à plus de 80%, un référendum d’autodétermination légal, selon les derniers sondages.

Ni les poursuites judiciaires ni les arrestations ou perquisitions n’ont dissuadé les indépendantistes de cette région où vivent 16% des habitants du pays d’organiser le scrutin qui, souligne Madrid, ne dispose ni de listes électorales transparentes, ni de commission électorale, ni de comptage des voix par un organisme impartial.

Lors d’un entretien avec l’AFP samedi Carles Puigdemont avait déclaré qu’en cas de victoire du oui il y aurait des “décisions politiques” qui pourraient déboucher sur une déclaration d’indépendance.

(©AFP / 01 octobre 2017 19h08)

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