La capacité à neutraliser un satellite, qu’il s’agisse d’une arme à énergie dirigée, d’une cyberattaque ou d’un missile ASAT, existe depuis plusieurs décennies. Cependant, lorsque Sébastien Lecornu, ministre des Armées, évoque la possibilité que notre génération puisse vivre une forme de « guerre des étoiles », il ne fait pas uniquement référence à la destruction physique. Il parle plutôt d’une nouvelle étape : l’arsenalisation de l’espace, distincte de sa militarisation, qui a commencé dès les débuts de la conquête spatiale.
Le satellite Cosmos-2553, lancé en février 2022 sur une orbite atypique, est au cœur de ces préoccupations. Bien qu’il ne semble pas porter d’ogive nucléaire, les États-Unis suspectent qu’il s’inscrit dans un projet d’arme antisatellite à capacité nucléaire, visant à détruire des centaines de satellites en orbite basse par une explosion. Cette hypothèse alimente les tensions géopolitiques dans l’espace.
Suspicions autour du Cosmos-2553
Cependant, certains experts relativisent cette menace. Paul Wohrer, chercheur à l’IFRI, juge cette idée « fantaisiste », arguant que les tests nucléaires des années 1960 ont montré une efficacité limitée contre un grand nombre de satellites. Une opinion partagée par le général Michel Friedling, ex-commandant de l’Espace, qui doute de l’utilité pratique d’une telle arme aujourd’hui.
Plus immédiate, la menace des engins manœuvrants, comme les drones spatiaux russes Luch-Olymp, préoccupe les puissances spatiales. En 2019, Florence Parly avait dénoncé les agissements de Luch-Olymp K près du satellite Athena-Fidus. Son successeur, Luch-Olymp K2, lancé en 2023, s’est rapproché à moins de 50 km d’Intelsat 39, renforçant les craintes d’espionnage ou de brouillage, notamment via le système russe Tobol, selon le général Friedling.
Menaces plus concrètes et évolutions chinoises
Enfin, la Chine a marqué les esprits en 2024 avec une démonstration impressionnante. Selon le général Michael Guetlein de l’US Space Force, cinq satellites expérimentaux ont réalisé des manœuvres coordonnées en orbite basse, semblables à un « combat aérien spatial ». Ces opérations, impliquant les satellites Shiyan-24C et Shijian-6, montrent une synchronisation avancée, réduisant l’écart technologique avec les États-Unis et signalant une nouvelle ère de rivalité spatiale.
Source: https://lanouvelletribune.info/