Arche de Zoé: la justice tchadienne foulée aux pieds""

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N”DJAMENA (AFP) – samedi 10 novembre 2007 – 10h35 La justice tchadienne "est foulée aux pieds" dans l”instruction de l”affaire de l”Arche de Zoé, dont les membres sont accusés d”"enlèvements de mineurs", estime le président du Syndicat des magistrats du Tchad (SMT), qui dénonce un "harcèlement" politique.

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"Notre justice est foulée aux pieds", a déclaré vendredi Abdoulaye Cheikh, après la remise en liberté de trois membres d”équipage d”un avion espagnol qui devait ramener 103 enfants, présentés comme des orphelins du Darfour (ouest du Soudan), que l”association française Arche de Zoé voulait emmener en France, et d”un pilote belge ayant participé à l”opération.

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Ils "doivent être jugés au Tchad. Nous ne comprenons pas que le pilote belge qui a participé à toutes les étapes du transport des enfants bénéficie d”une main levée", a-t-il expliqué.

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Ce pilote belge, Jacques Wilmart, est accusé d”avoir transporté une partie des enfants de la frontière tchado-soudanaise à Abéché (est du Tchad) d”où un avion espagnol devait les transporter en France pour y être accueillis dans des familles.

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"On dirait que les juges ne sont pas maîtres de leur dossier. On dirait que les décisions sont prises ailleurs", a souligné M. Cheikh, dénonçant la libération le 4 novembre de trois journalistes français arrêtés en même temps que les membres de l”Arche de Zoé, le 25 octobre.

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"C”est une atteinte grave à l”indépendance de la justice quand, avant toute décision (judiciaire), le chef de l”Etat lui-même va présager de la décision (…) du juge et que le juge le suit point par point", a souligné le président du SMT.

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Le président Deby avait évoqué le cas du pilote belge âgé de 75 ans, en demandant à la justice de l”examiner "pour que nous n”ayons pas demain entre les mains un cas de conscience".

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Dans cette affaire, "le juge d”instruction a été harcelé, le procureur et ses substituts ont été harcelés, au point que le premier substitut du procureur a craqué", a affirmé Abdoulaye Cheikh.

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"C”est ce qui a permis au président (français Nicolas) Sarkozy de traiter le Tchad comme un Etat sans institution, sans justice", a-t-il poursuivi.

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M. Sarkozy s”était rendu le 4 novembre à N”Djamena pour récupérer les trois journalistes français et quatre hôtesses de l”air espagnoles, tout juste libérés au terme d”une procédure express un dimanche, jour où le tribunal est habituellement fermé.

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"Les lois du Tchad s”appliquent aux Tchadiens et aux étrangers. Qu”est-ce qui justifie que le chef de l”Etat français se précipite tout de suite?" au Tchad, s”est interrogé M. Cheikh.

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Cette affaire "est une histoire banale, qui ne doit pas justifier le déplacement d”un chef d”Etat français… A moins qu”il ne se sente concerné parce que l”affaire est passée d”abord par le ministère (français) des Affaires étrangères", a-t-il lancé.

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Selon lui, ce déplacement est la preuve que M. Sarkozy "était bel et bien au courant de l”existence de cette +organisation mafieuse+".

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"La vigilance du Tchad a mis en échec cette entreprise, alors il s”est mis dans la danse pour étouffer l”affaire le plus rapidement possible", a-t-il affirmé.

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Le SMT a décidé de faire de lundi "une journée de deuil". "Lundi, nous viendrons en robe noire manifester notre mécontentement devant le palais de justice", a indiqué Abdoulaye Cheikh, précisant que des activités judiciaires seraient ralenties. Mais, il se refuse à parler de grève.

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"La justice tchadienne a raté une nouvelle fois l”occasion d”entrer dans l”Histoire par la grande porte", a déploré M. Cheikh pour être "la risée de tout le monde".

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AFP
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