N”DJAMENA (AFP) – samedi 22 décembre 2007 – 21h08 – La nationalité et la filiation des 103 enfants qui devaient être exfiltrés le 25 octobre du Tchad vers la France, ont été samedi au coeur du procès de L”Arche de Zoé à N”Djamena, avec les auditions d”une responsable de l”association et de trois de ses intermédiaires.
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Au lendemain de l”audition du président de l”organisation française, Eric Breteau, qui a accusé les intermédiaires locaux d”avoir "menti" en présentant les enfants comme des orphelins du Darfour, région soudanaise voisine en proie à une guerre civile, son assistante Emilie Lelouch, a repris, de manière plus confuse, le même argumentaire.
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L”opération visait à "évacuer des enfants orphelins de père et de mère de la guerre au Darfour", a dit à la barre cette petite femme déterminée de 31 ans.
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"Je n”ai jamais rencontré de parents, juste des chefs de village", poursuit-elle, assurant que les enfants étaient "toujours" présentés comme Soudanais. "Jamais je n”ai eu aucun doute", insiste-t-elle, debout face à la Cour au deuxième jour du procès.
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Un peu plus tard, Souleïmane Ibrahim Adam, un Soudanais de 57 ans réfugié au Tchad et accusé de "complicité de tentative d”enlèvement", affirme pourtant avoir amené à L”Arche de Zoé à Adré (est) une soixantaine d”enfants tchadiens.
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Face aux copies d”attestations qu”on lui présente, il avoue qu”il est bien cependant l”auteur de la signature portée au bas des documents, en français et en arabe, attestant que ces 63 enfants sont des orphelins du Darfour.
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Sans mettre en cause quiconque, il affirme qu”on a "trompé sa vigilance" lors de sa signature, et qu”il savait que la quasi-totalité d”entre eux avaient des parents tchadiens vivants.
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Un autre intermédiaire, Moktar Fadoul, cité comme simple témoin, reconnaît lui avoir reçu comme mission d”aller chercher à Tiné, ville tchadienne à cheval sur la frontière tchado-soudanaise, "des orphelins du Darfour".
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Quant à Mahamat Eritero, un témoin présenté par Eric Breteau comme "le principal intermédiaire" de la mission à Tiné, il assure n”être qu”un simple "chauffeur". A l”issue de l”audience, il est néanmoins mis "à la disposition du Parquet général" et placé en garde à vue à la maison d”arrêt de N”Djamena.
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Auparavant, Emilie Lelouch avait raconté que plusieurs mères étaient venues chercher des enfants confiés à l”association, alors qu”elle était persuadée qu”il s”agissait d”orphelins.
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"Ces mères, venaient-elles du Tchad ou du Soudan?", demande le procureur général Beassoum Ben Ngassoro.
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"C”était pas important de savoir d”où ils venaient, l”important c”était de savoir qu”ils avaient une famille", plaide la jeune femme. La défense des membres français de L”Arche de Zoé repose notamment sur la certitude qu”ils disent avoir eu qu”ils étaient en présence d”orphelins du Darfour et sur les précautions qu”ils assurent avoir prises pour s”en assurer.
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Sur les bancs du public, des Tchadiens manifestent leur indignation devant certaines réponses de la jeune femme.
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Pour sa part, Souleïmane Ibrahim Adam affirme ne pas avoir reçu d”argent pour amener à L”Arche de Zoé les 63 enfants, dont quatre – un petit-fils et trois neveux – appartiennent à sa propre famille. Il jure également, contrairement à des témoignages recueillis par l”AFP sur place, qu”il n”est jamais aller chercher les enfants dans les villages près d”Adré, mais qu”ils lui ont été amenés par les familles.
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"La qualité des enfants, qu”ils soient orphelins ou pas, qu”ils soient Soudanais, Tchadiens, Burkinabè ou autres, ne nous intéresse pas", a protesté devant la presse un avocat des parties civiles, Me Magloire Badjé. "Cela ne retire rien au fait qu”on a voulu les enlever pour les emmener en France".
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Le procès doit reprendre lundi.
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AFP
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