Après la rencontre des amis de la Libye à Paris : ATT ne reconnaît toujours pas le CNT. Quelles conséquences pour le Mali ?

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Depuis le début de la crise libyenne, la diplomatie malienne a toujours prôné le dialogue et le cessez-le-feu entre les belligérants. Sans succès. Pire, la mission de bons offices de l’Union Africaine dont faisait partie le président ATT a failli être lynchée à Benghazi par des partisans des rebelles. Même après la rencontre des amis de la Libye nouvelle, c’est-à-dire sans Mouammar Kadhafi, le 1er septembre dernier à Paris, ATT reste imperturbable : il ne reconnaît pas le Conseil National de Transition (CNT) libyen. Et cela avec quelles conséquences pour le

C’est une lapalissade de dire que le président ATT et le " Frère Guide " Mouammar Kadhafi étaient comme des frères jumeaux. Tant le courant passait entre les deux hommes à telle enseigne que l’un et l’autre n’hésitaient pas à passer des vacances dans l’un ou l’autre pays. Depuis des décennies, la Libye de Mouammar Kadhafi était devenu le passage presqu’obligé des chefs d’Etat du Mali démocratique, d’Alpha Oumar Konaré à Amadou Toumani Touré.

En plus du fait que le leader libyen de l’époque (il est déjà déposé et en fuite) mettait à la disposition de nos différents chefs d’Etat des avions, avec carburant et équipage, pour assurer leurs déplacements. Mouammar Kadhafi, connu pour sa générosité envers certains dirigeants africains, n’hésitait jamais à mettre quelques pétrodollars dans la besace de ses invités de marque. Voilà pourquoi, d’ailleurs, certains d’entre eux avaient fait de la Libye de Mouammar Kadhafi leur destination de prédilection. Certains diront leur Mecque.

C’est ainsi que sous la tente climatisée du " Frère Guide " à Bal-Al Aziziya, par exemple, de nombreux financements ont été obtenus en faveur de notre pays que Kadhafi disait aimer particulièrement. Tout le monde se rappelle de son escapade dans le nord de notre pays où il avait fait fausse route à ATT. Avant d’arriver avant celui-ci à Tombouctou, entouré de centaines de militaires de sa garde rapprochée. Certaines mauvaises langues avaient susurré, à l’époque, que l’hôte d’ATT s’était volontairement " perdu " dans le désert afin de rencontrer, en un lieu tenu secret, des représentants de la rébellion malienne. Vrai ou faux ?

En tout cas, cet épisode est resté toujours mystérieux. Une chose est sure : pour le Malien moyen, qui n’a jamais mis pied ni à Syrte ni à Bal-Al Aziziya ni dans aucun autre palais du " Frère Guide et Roi des Rois d’Afrique ", Kadhafi est un monstre à deux têtes. Le jour, le Guide embrasse nos dirigeants sous les feux des projecteurs et finance à coup de millions de pétrodollars des projets à lui soumis par nos chefs d’Etat. Dans la pénombre de la nuit, loin des caméras, il invite à dîner des bandits qui se disent des rebelles et finance leurs projets machiavéliques de déstabilisation des pays de la bande sahélo-saharienne. La triste fin du terroriste malien mais qui avait ses entrées dans la luxueuse résidence de Bal-Al Aziziya, Ibrahima Ag Bahanga, est là pour nous le rappeler. 

C’est dire que les pétrodollars libyens sont allés aussi bien dans le sens du bien que de celui du mal. Le " Frère Guide " étant, de par sa puissance financière, arrivé à mettre plusieurs de nos dirigeants sous sa coupe. Même quand ce panafricaniste expulsait des milliers de Subsahariens, dans des charters qui atterrissaient parfois sans se faire annoncer, nos gouvernements restaient muets comme des carpes. Suite aux derniers événements survenus dans ce " pays frère ", ce sont, aux dires du président ATT lui-même, plus de 20 000 Maliens qui ont regagné le bercail. Sans un seul bagage. Bien avant même cette crise, il y a eu des cas similaires. Certes de moindre ampleur. Mais dans des conditions inhumaines voire dramatiques. Et pourtant, aucune autorité n’a jamais bronché. Et cela au nom de la sacrosainte amitié avec le " Frère Guide ". Quelle ignominie !  

Comme on le voit, pour des questions d’intérêt – pour le Mali ou à cause de la " générosité " du " Frère Guide " – la Libye de Mouammar Kadhafi était exempte de tout reproche. De la part principalement de nos dirigeants dont certains auraient reçu, ces derniers temps, d’importantes sommes d’argent de Kadhafi. D’autres hauts responsables auraient des comptes en banque constamment renfloués par des sources libyennes. Des intérêts personnels qui n’ont rien à voir avec l’intérêt du Mali éternel ou de la Libye éternelle.   

C’est vrai que le Mali doit beaucoup à la générosité de l’ex- dirigeant libyen. A commencer d’abord par la Cité administrative, dont l’inauguration a lieu aujourd’hui même sous la présidence d’ATT, pour finir avec Malibya qui va aménager quelque 100 000 hectares à l’Office du Niger. De Bamako à Tombouctou, les populations maliennes sont reconnaissantes à Mouammar Kadhafi, qui a investi dans des domaines aussi divers que l’hôtellerie, la construction de mosquées, de villages artisanaux ou le creusement d’un canal long de plusieurs kilomètres à Tombouctou pour donner à la Cité des 333 saints son lustre d’antan. On se rappelle également que le Guide libyen s’est toujours entouré de mystères d’où le respect ou la réprobation que ses manières ont toujours suscité. Même s’il n’est toujours pas facile de parler (déjà) de ce dirigeant africain…au passé. Mais il va falloir s’y habituer…déjà. Peu importe les conséquences.

 Mamadou FOFANA

 

 

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