Après le départ de Jammeh, la Gambie attend toujours le président Barrow

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Des soldats de la force de la Cédéao en position devant la présidence gambien, à Banjul, le 23 janvier 2017. Ils ont été salués par la foule lors de leur entrée en ville. © RFI/Guillaume Thibault

Adama Barrow est attendu avec impatience en Gambie, deux jours après le départ en exil de Yahya Jammeh. L’ancien président se trouve désormais en Guinée équatoriale alors qu’Adama Barrow est toujours à Dakar au Sénégal. Et pour l’instant, aucune date n’a encore été avancée pour son retour.

Adama Barrow partira le plus vite possible, indique un de ses conseillers. L’arrivée d’Adama Barrow à Banjul est conditionnée par le retour de la sécurité dans la capitale gambienne. Et c’est pourquoi d’ailleurs Adama Barrow demande officiellement de maintenir les troupes ouest-africaines dans son pays. « Ces troupes sont indispensables pour stabiliser le pays et garantir la paix », précise Mai Ahmad Fatty, son conseiller spécial.

Alors en attendant, depuis Dakar, le président gambien gère les premières urgences. Son équipe fait tout pour favoriser le retour des réfugiés qui sont installés à Dakar, mais surtout dans les villages proches de la frontière. Et à ce titre, 33 bus de la compagnie publique gambienne ont été mobilisés pour ramener gratuitement les familles chez elles.

Des caisses vides ?

Adama Barrow devrait en tout cas retrouver un pays en détresse financière. Selon son camp, le président sortant Yahya Jammeh aurait vidé les caisses de l’Etat avant de partir. Ces accusations ont été annoncées dimanche soir par Mai Ahmad Fatty.

Selon ce responsable politique, Yahya Jammeh aurait détourné quelque 500 millions de dalasis, soit près de 10 millions d’euros, rien que ces deux dernières semaines. Et parmi les biens que l’ancien président gambien a emportés avec lui figurent dix véhicules de luxe qui auraient été embarqués dans des cargos. Selon le conseiller d’Adama Barrow, même les archives nationales auraient été brûlées. Malgré ces accusations extrêmement graves, l’équipe d’Adama Barrow reste aujourd’hui quand même prudente et affirme mener des enquêtes pour confirmer si ces biens ont été effectivement volés.

■ A Banjul, les Gambiens celèbrent encore l’arrivée des forces de la Cédéao

Dans la capitale gambienne, la foule fait la fête, acclame ces soldats venus en libérateurs. Il y a beaucoup de monde ce lundi devant la présidence. Les commandos sénégalais arrivés dimanche soir sont à l’intérieur et ils n’ont eu aucun problème pour entrer. « Entre militaires on se comprend, nous avons fraternisé et sommes désormais en place », a glissé à RFI un gradé de la force Cédéao.

Il faut se rendre compte d’une chose, il était impossible de venir aussi près de la présidence durant l’ère Jammeh. Et Djibril est ici pour la première fois : « J’aurais pu prendre une balle si j’étais venu ici du temps de Jammeh. Mais aujourd’hui, c’est tellement bien, on peut prendre des photos, parler aux gens. Je suis vraiment reconnaissant ».

Pour l’instant, les troupes de la Cédéao sont présentes pour sécuriser la ville. Il y a une seule route et un seul pont pour accéder à Banjul. Les forces Cédéao sont donc positionnées à ce niveau. En début de matinée, le bataillon de blindés de Thiès est arrivé en ville. Il va se positionner dans le quartier de la présidence, notamment au niveau du fleuve Gambie.

La nouvelle Gambie se met en place, étape par étape. Difficile de savoir combien de temps il faudra pour sécuriser l’ensemble du territoire, notamment la zone de Kanilai, village natal de Yahya Jammeh, collé à la Casamance. Difficile de savoir donc quand le niveau de sécurité permettra le retour du président Adama Barrow.

 Par RFI Publié le 23-01-2017

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