Kinshasa – La coalition au pouvoir en République démocratique du Congo a conditionné mardi sa participation aux négociations sur l’application de l’accord de cogestion du pays avec l’opposition à une reconduction par le président Joseph Kabila de la médiation des évêques qui a permis une sortie de crise in extremis.
Les évêques catholiques avaient invité mardi la majorité et l’opposition à déposer mercredi des propositions écrites sur les modalités de désignation du Premier ministre, des membres du Conseil national de suivi de l’accord et du processus électoral (CNSAP), la taille du futur gouvernement et le partage des rôles pendant la transition, selon l’abbé Donatien Nshole, porte parole de l’épiscopat congolais.
Mais la majorité a posé mardi des conditions à la mise en oeuvre de l’accord signé avec l’opposition le 31 décembre pour trouver une solution à la crise provoquée par le maintien au pouvoir du président Kabila malgré l’expiration de son mandat.
Les évêques doivent d’abord présenter le rapport (au sujet de l’accord, ndlr) au président de la République et celui-ci devra reconfirmer dans son pouvoir discrétionnaire le mandat des évêques et le préciser pour la suite, a déclaré Aubin Minaku, secrétaire général de la Majorité présidentielle (MP).
La MP avait réuni sa direction politique en vue d’entendre le rapport de ses délégués aux négociations menées sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).
M. Minaku, qui est aussi le président de l’Assemblée nationale, a souligné que la MP ne pourrait se prononcer sur une éventuelle mise en oeuvre de l’accord sans un avis favorable de M. Kabila.
C’est le moment de respecter les prérogatives du président de la République, la Constitution et les institutions de la RDC, a-t-il insisté.
Un des principaux opposants au régime a immédiatement protesté contre toute velléité de sabotage du compromis qui permet au président Kabila de rester en fonction jusqu’à l’élection, à la fin de l’année, de son successeur mais lui interdit de se représenter.
Nul retard volontaire, nul subterfuge, nul blocage ne seront tolérés dans l’application de l’accord, a écrit dans un communiqué l’opposant en exil Moïse Katumbi.
M. Katumbi, ex-gouverneur de la province minière du Katanga (sud-est) et candidat déclaré à la prochaine présidentielle a été condamné à trois ans de prison dans une affaire immobilière. Il est aussi menacé par un autre procès pour recrutement de mercenaires.
Ex-allié de M. Kabila, M. Katumbi est passé à l’opposition en septembre 2015 et est officiellement à l’étranger pour suivre des soins médicaux.
– ‘Sauvegarder les acquis’ –
Dans un communiqué publié mardi, la secrétaire générale l’Organisation internationale de la Francophonie Michaëlle Jean encourage tous les acteurs congolais (…) à tout mettre en oeuvre pour sauvegarder les acquis de cet accord et s’engager résolument en faveur d’une transition politique pacifique et démocratique.
Mme Jean a salué un accord qui fixe un cadre politique de sortie de crise.
Cet accord négocié pendant deux semaines a permis d’éviter une possible explosion de violences après que M. Kabila, au pouvoir depuis 2001, se fut maintenu après la fin de son mandat le 20 décembre. La Constitution lui interdit de se représenter mais la présidentielle qui devait avoir lieu fin 2016 avait été repoussé sine die.
Selon le compromis, l’opposition doit diriger un gouvernement de transition jusqu’aux nouvelles élections prévues fin 2017 et un conseil de supervision sera chargé de veiller au respect de l’accord.
(©AFP / 03 janvier 2017 18h44)