Le « Super Tuesday » a été largement remporté le mardi dernier, côté républicain, par Donald Trump et côté démocrate, par Hillary Clinton. Si cette dynamique ne fléchit pas avant la fin des primaires en juillet, le milliardaire américain et l’ancienne Secrétaire d’Etat devront être investis par des conventions de leurs partis respectifs, candidats à la présidentielle du 08 novembre prochain. Mais le parti républicain serait-il obligé de procéder, au risque de « s’euthanasier », à l’investiture de Donald Trump, un homme hors norme et très haineux qui se complait à faire l’apologie du racisme et de la discrimination, des comportements fortement contraires aux valeurs fondatrices de la nation américaine ?
Cette aventure est pourtant bel et bien possible. Car si jamais Trump continue de gagner, haut les mains, les primaires contre ses rivaux comme le projette la majorité des analyses, les « super grands électeurs » ne seraient pas sollicités pour départager deux candidats. En ce moment, le parti républicain se trouverait face à une situation inédite dans laquelle, il devra normalement investir un candidat qui pourtant récuse toutes les valeurs universelles de son ère. Comme entre autres, « l’égalité entre tous les hommes qui naissent libres et égaux… » (Déclaration universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen des Nations-Unies), l’égalité entre toutes les religions, (Constitution américaine) ou encore la dénonciation des contrats et conventions internationaux signés entre les USA, le reste du monde et les organisations internationales.
La primaire aux USA est un suffrage indirect qui permet à chaque électeur dans son Etat de désigner les candidats du parti Démocrate et du parti Républicain dans la course à la présidentielle. Ainsi les partisans de tel ou tel candidat élisent des délégués, qui représentent chaque candidat. Le nombre de délégués élus est proportionnel à la démographie de chaque Etat, mais aussi dépend de la coloration politique des Etats. Ainsi lors de la Convention nationale Démocrate et Républicaine, ce sont ces délégués élus qui vont s’ajouter aux « supers délégués » pour désigner le candidat respectif des deux partis. Les « supers délégués non élus, mais constitués de personnalités politiques haut-placés telles que des sénateurs, gouverneurs ou cadres du parti, détiennent un vote crucial, pour ne pas dire un Droit de veto, au sein de chaque parti. Ils équivalent au quart des délégués élus et sont libres de voter pour le candidat qu’ils veulent. C’est pourquoi en cas d’égalité entre deux candidats, c’est leur choix qui peut faire basculer le résultat en faveur de l’un ou l’autre.
Pour éviter ainsi que le milliardaire raciste et haineux soit, par la force des choses, le candidat Républicain qui mènerait leur parti à la défaite et à l’implosion, les cadres de ce parti devront illico presto s’évertuer à arrêter le phénomène Trump. Mais comment ? En s’investissant clairement pour les primaires futures en faveur du candidat qui répond le mieux aux valeurs traditionnelles républicaines, et qui respecte les valeurs universelles et les normes mondiales. Sinon la course, le 08 novembre prochain, pour l’accès à la Maison blanche entre Trump et Hillary ou Sunders sera, selon les sondages et les analyses, remportée par le candidat démocrate.
Gaoussou M. Traoré