Ali Bongo Ondimba: la victoire ternie d’un héritier

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Ali Bongo Ondimba devant ses partisans, lors du lancement officiel de la campagne pour la présidentielle du 27 août prochain. © WPP

La proclamation de la réélection du chef de l’Etat gabonais Ali Bongo Ondimba a plongé le pays dans une spirale de violences. La victoire du président sortant est contestée par l’opposition gabonaise, dont Jean Ping, qui est le principal challenger du vainqueur. Celui-ci s’est auto-proclamé président et a saisi le Conseil constitutionnel, accusant le pouvoir de fraude. En attendant le verdict, retour sur la personnalité d’Ali Bongo et sa victoire controversée.

¤ Réélu, mais « bunkérisé »

Tout a commencé le mercredi 31 août en fin d’après-midi, après la proclamation par la commission électorale – avec vingt-quatre heures de retard et d’atermoiements – de la réélection du président sortant Ali Bongo Ondimba. 57 ans. Ce dernier a remporté le scrutin avec 49,80 % des voix, devant son rival de l’opposition Jean Ping, 73 ans, crédité lui de 48,23% des voix, selon les résultats proclamés par la commission électorale. Soit un écart de 5 594 voix. Ce résultat très étriqué a du mal à passer, avec l’opposition qui accuse le camp présidentiel d’avoir traficoté les suffrage. Celle-ci estime que le pouvoir lui a volé sa victoire.

Dès l’annonce des résultats, des troubles ont éclaté dans la capitale gabonaise, culminant avec l’incendie de l’Assemblée nationale. Depuis, Libreville est bouclée par les forces de l’ordre. Dans la nuit qui a suivi, celles-ci ont chargé le bâtiment abritant le quartier général du candidat de l’opposition. Des troubles ont également éclaté à Port-Gentil, la capitale économique où des violences avaient déjà marqué la première élection d’Ali Bongo en 2009.

Le scrutin présidentiel du 27 août s’était pourtant déroulé dans le calme. Pour faire baisser la tension, l’opposition appuyée par la communauté internationale réclame le recomptage des suffrages. Comme il y a peu de chances que le pouvoir donne une suite favorable à cette demande, il est difficile d’imaginer comment la situation pourrait évoluer. L’ombre du Burkina et de la Côte d’Ivoire plane sur le Palais du bord de mer de Libreville. Pour le politologue africaniste Antoine Glaser, interrogé par RFI, en choisissant la voie de l’affrontement, le président Bongo court le risque de « se bunkériser ».

¤ Le clan Bongo

C’est aux cris de « Ali doit partir » et « La dynastie, c’est fini » que les manifestants pro-Jean Ping sont descendus sur les grandes artères de Libreville et de Port-Gentil et se sont affrontés aux forces de l’ordre. Au pouvoir depuis quarante-huit ans, les Bongo règnent  sans partage sur ce petit Etat pétrolier avec un revenu national brut par habitant élevé de 9 210 dollars (Banque mondiale), mais où encore un tiers de la population vit sous le seuil de la pauvreté.

Le père d’Ali Bongo, Omar, fondateur de la dynastie Bongo, a été l’un des piliers du système de la Françafrique dont le Gabon, avec la Côte d’Ivoire, ont constitué l’une des composantes incontournables. Le père Bongo a gouverné le Gabon pendant 41 ans et a préparé son fils aîné pour lui succéder le temps venu.

Officiellement né en 1959, à Brazzaville, Ali Bongo, qui s’appelait Alain à sa naissance, a grandi au sein de la jeunesse dorée de la nomenklatura gabonaise, partageant sa vie entre Libreville et Paris. Il débute ses études secondaires dans la capitale française, dans les années 1970, et se passionne pour la musique, sans doute sous l’influence de sa mère Patience Dabany, qui était chanteuse. A l’époque, il s’intéressait davantage à la soul et au disco qu’à la chose politique. Il produira même un album au titre très tendance, « A Brand New Man », avant de rentrer dans les rangs en s’inscrivant dans une fac de droit parisienne.

C’est en 1981 qu’Ali Bongo regagne le Gabon, se fait élire au comité central du Parti démocratique gabonais (PDG), formation au pouvoir et au sein de laquelle il anime son aile réformatrice. Puis, il sera successivement ministre des Affaires étrangères, député de la province du Haut-Ogooué, qui est le fief des Bongo, avant de réintégrer le gouvernement en 1999, cette fois, en tant que chargé du portefeuille de la Défense. Ce ministère stratégique, il ne le lâchera qu’en 2009, lorsqu’à la mort de son père, il obtient l’investiture de son parti pour briguer sa succession devant les électeurs. Obtenir l’aval des dirigeants dont il est désormais le nouveau patron, était une formalité, même si l’intéressé aime rappeler à ses biographes qu’il lui avait fallu gagner sa place. « Elle ne m’est pas tombée comme ça. Au contraire, mon nom était un handicap. »

Le président Omar Bongo, fondateur de la dynastie Bongo et décédé en 2009.(Photo : Présidence du Gabon)
Le président Omar Bongo, fondateur de la dynastie Bongo et décédé en 2009.(Photo : Présidence du Gabon)

C’est durant la campagne électorale qui suit qu’Ali Bongo se fait réellement connaître du grand public gabonais, réussissant à donner une image plutôt moderne et décontractée de l’art de la gouvernance. Rien n’illustre mieux cet état d’esprit aue le nom de campagne « Ali 9 » qu’il adopte alors, en référence à la fois à 2009, l’année du scrutin, et au fantasme de l’homme « neuf » que Ali Bongo a toujours voulu incarner. Son élection n’ira pas toutefois de soi. Sa victoire avec 42% des suffrages sera contestée dans la rue, notamment à Port-Gentil où les violences feront plusieurs morts. L’opposition boycotte la cérémonie d’investiture, dénonçant une « dérive autoritaire » et une « personnalisation du pouvoir ».

¤ Adoubé par Paris

C’est un homme pressé qui prend les rênes du pouvoir en 2009. Sans oublier de se faire adouber par la France où il passe par les réseaux de son père, pour se faire présenter à Claude Guéant, Secrétaire général de la présidence française qui le présente à son tour à Nicolas Sarkozy. Sous la présidence Sarkozy, Ali Bongo figure parmi les visiteurs africains les plus souvent reçus à l’Elysée.

Chez lui au Gabon, pressé de s’imposer comme le maître incontesté de son pays – ce que sa victoire contestée ne lui permet guère de faire -, le nouveau président prend ses distances avec les barons septuagénaires de la cour de son père, pour s’entourer de quadras, parfois recrutés dans la faction réformatrice du PDG qu’il avait autrefois dirigée. Son plus proche collaborateur et directeur de cabinet est un Béninois, Maixent Accrombessi, dont il fait connaissance lors de son passage au ministère de la Défense. Le divorce est aussi consommé avec sa demi-sœur Pascaline Bongo, la redoutable argentière sous le régime du père, avec qui il entretenait des rapports difficiles et dont le mari est un certain … Jean Ping, son futur challenger.

Sur le terrain économique, l’effort de modernisation de l’économie d’Ali Bongo, qui passe par la diversification des secteurs de production, la mise en concurrence des acteurs économiques français avec des investisseurs asiatiques (Olam, Shanghai Construction General, etc.), porte ses fruits. Il a notamment réussi, tous les spécialistes le reconnaissent, à faire chuter la part du pétrole dans le PIB de plus de 40% à un peu plus de 20% et à fixer le cap pour faire du Gabon « un pays émergent » à l’horizon 2025. Mais malheureusement ces ambitions sont compromises par la chute des cours du pétrole depuis deux ans. Les chantiers sont à l’arrêt, la casse sociale est violente. Des manifestations contre la vie chère et le chômage sont fréquents à Libreville comme à Port Gentil, la capitale économique.

Dans ce contexte d’asphyxie économique, des révélations récentes sur le train de vie somptueux du président Bongo, ses voyages qui coûtent des milliards de francs CFA pointés du doigt par les organisations de la société civile, son parc automobile qui regorge de voitures luxueuses, font très mauvais effet et contribue à l’impopularité grandissante du clan Bongo. L’alternance paraît aux yeux d’une partie importante des Gabonais le seul moyen de sortir le pays de l’impasse.

¤ La campagne présidentielle

Or, Ali Bongo ne l’entend pas de cette oreille. Candidat à sa propre succession, il se lance dans la campagne pour l’élection présidentielle du 27 août 2016, brandissant le slogan « le changement c’est moi ». Il défend le bilan de son septennat, en mettant en avant les réalisations de ses gouvernements en matière de construction de routes, d’hôpitaux et, selon lui, la rupture avec la corruption et les prébendes si courantes sous l’ancien régime dont sont issus, il n’omet pas de le rappeler, ses principaux challengers.

Or, malgré la position dominante du pouvoir dans les médias officiels, c’est l’opposition qui impose les thèmes de campagne dont certains ont fait polémique comme le certificat de naissance contesté d’Ali Bongo ou le reproche fait au président de s’entourer de collaborateurs étrangers qualifiés de « légion étrangère ». L’accusation portée, à tort ou à raison, contre le chef de l’Etat d’avoir caché aux Gabonais qu’il serait un enfant adoptif d’origine biafraise et, à ce titre, inéligible selon la Constitution, domine les esprits. Cela pousse l’intéressé à rappeler à chacun de ses meetings son état-civil complet : « Je suis né le 9 février 1959 à Brazzaville, mon père s’appelle Omar Bongo Ondimba et ma mère Patience Dabany ». L’affaire sera portée par l’opposition devant la Cour constitutionnelle qui donnera raison au président.

Les embarras du président sortant ne sont pas finis pour autant. Dix jours avant l’échéance, coup de tonnerre dans le ciel de Libreville. Alors qu’Ali Bongo partait largement favori pour un nouveau septennat face à une opposition dispersée, la donne politique change brutalement, avec l’annonce, le 16 août, de la naissance d’une coalition autour de la candidature de Jean Ping qui devient pratiquement le candidat unique de l’opposition. On connaît la suite…

Et maintenant, que fera Ali Bongo ?

Prenant la parole devant la presse le lendemain de la proclamation des résultats, le président Ali Bongo a tenu un discours plutôt martial et moralisateur sur la démocratie. Il a fait savoir par son porte-parole qu’il n’est pas question de recompter les voix, comme le lui demande la communauté internationale : ce n’est pas dans la tradition gabonaise. Libreville veut tenir le cap de la fermeté, faisant fi des appels venant de toutes parts à l’ouverture et aux négociations. Ali Bongo entend manifestement coûte que coûte effectuer un deuxième mandat.

 Par Tirthankar Chanda / rfi.fr

Commentaires via Facebook :

9 COMMENTAIRES

  1. Comrades I tell you the slave overseers working in behalf of France always act as if they have a God given right to oppress all other people within the jurisdiction of their corrupt slavemaster given authority. If Ali was the great leader he believe himself to be Gabon would be among the top twenty nations on earth to live given the economic wealth it have generated due to oil but, Ali being the typical overseer gave billions of the oil revenue which should have gone to his people to his slavemaster the French. We negroids have grown tired of the African leaders who are but slave overseers in the Europeans behalf over the Africans having leadership thus, have found such leaders expendable plus will begin to remove them from office to be replaced by leaders who will not act as slave overseers but as leaders in behalf of their people best interest. The veil is off it is now common knowledge that many African leaders are nothing above overseers over the African people in the Europeans behalf. Those leaders will timely be removed by any means necessary. Keep it real. Let us do the right thing now. Henry Author Price Jr. aka Obediah Buntu IL-Khan aka Kankan.

  2. “”Ali Bongo entend manifestement coûte que coûte effectuer un deuxième mandat””.

  3. 🙂 FRANCE IS AN ADDICTED COUNTRY TO SLAVE WORK AND ITS BENEFITS….
    IL SERA BIEN DIFFICILE DE SEVRER CE PAYS ESCLAVAGISTE ET LE REMETTRE A VIVRE DE SES EFFORTS 🙂

  4. les gabonais sous le P.Bongo avait alligne son pays sous la france destabilisatrice des autres pays africains (a partir du Gabon aussi), mais a ete depouille de ses richesses par la mm france, l’heritage P. Bongo est difficile a gerer, pas ses alliances francaises…

    🙂 IL FAUT SOULIGNER QU’AU MOMENT OU LES PEUPLES AFRICAINS DEMANDAIENT LEURS INDEPENDANCES A LA FRANCE LE GABON LUI DEMANDAIT PUREMENT DE DEVENIR UN TERRITOIRE FRANCAIS AU COEUR MEME DE L’AFRIQUE 😯

  5. On se fiche pas mal de ce que vous pensez, une chose est certaine ALI sera président pour les 7 prochaine année. Vous avez assez pillé ce petit pays, et le fait que le jeune vous tourne le dos pour la chine vous ne l’acceptez pas. Fini la françafrique un point c’est tout:

  6. son pays ressemble a un village du tiers monde 50 ans de règne sans partage, une famille un clan PDG-BONGO qui ont pillés ce pays et le ventre a un franc symbolique aux firmes étrangère ou ils sont eux même actionnaires ça suffit et entre temps le peuple gabonais crève dans une miser impitoyable, tout manque dans ce pays les femmes accouchement par terre même pas d’eau pour se laver après un accouchement, la morsure du serpent tue plus que toutes les maladies y compris dans les Etablissements scolaires sans clôture en plein air au milieu de la foret, sil vous plait cet type n’a rien faire au pouvoir. tout manque ni route , ni électricité, même la nourriture vient de l’extérieur alors il faut laisser la place à d’autres!!!

    • Que fera jean ping du gabon?rien,citez un seul d opposant francophone élu qui a fait mieux que son prédécesseur, il y en n à pas.
      C est jean ping qui disait en 2011 au président gbagbo qu une fois les résultats donnes on ne recompte plus les bulletins et appuyé par la france,l ue,et les usa.pourquoi demander le recomptage?
      Ping n à pas eu le courage d émettre le moindre doute sur la filiation de Ali du vivant de oumar,alors qu il l’a ferme.
      Il y a la dynastie Bush aux états unis,et Clinton et sa femme sont en passe de le faire,que dire du japon,ou ceux qui dirigent aujourd’hui ont eu leur père,grand père dirigés avant eux.
      Ping n à aucun programme,juste une marionnette pour faire partir aly pour le profit de ceux qui l ont commis à cette tache,malheureusement pour lui le puzzle était incomplet car il n y avait pas un homme courageux et intelligent comme GKS dans ses rangs.
      La mauvaise gouvernance au Gabon. Ping n est pas plus propre que aly, ils ont tous chacun contribue,car devant le mal,on est complice des lors qu on garde le silence.
      Le clan bongo à pillé le Gabon,ou était ping? Ministre des affaires étrangères du Gabon,alors qu il nous distrait pas.
      Attah mills au Ghana à été élu avec moins de 5000 voix de différence, mais il n y a ni casse,ni mensonges au Ghana.
      S il aime le gabon,s il n est pas amnésique alors qu il montre à ses parrains ses limites pour détruire le Gabon.
      Mohamed djibril du CNT en Libye à été manipule contre kaddafi,ou est il aujourdhui?iks se sont servis de lui et détruit la Libye,son pays.
      Que vaut la Libye aujourd’hui ?
      Que Ping arrêté ce petit jeu qui n amène à rien qu a des scènes de désolation.
      Aucun de ceux qui le manipulent ne l aiment,et encore moins le gabon.ils sont la pour leurs intérêts
      Que la raison visite Ping et non la haine et la rancune..

    • Vous voulez qu on dit bravo à Jean ping pour l acte au il pose au gabon.je pense pas que mali Web sur ce sujet soit une tribune pour adouber l acte antipatriotique de ping,cautionner et accepte le jeu de marionnette auquel il se prête pour les besoins,sous la dictée de ceux qui ont détruit la libye,imposer une famille ifoghas à humilier tout le peuple malien.
      Non,tout africain devant qui s est déroule les crises ivoirienne,libyenne ne saurait cautionner le comportement de Jean ping.
      Le silence devant le crime fait de vous un complice de ce crime.
      Si mali Web veux qu on fasse l éloge de Jean ping, je ne le ferai pas.
      A 73 ans,il n à plus d avenir alors qu il arrête de faire le jeu de ceux qui infantilisent les africains,les manipulent pour promouvoir leurs intérêts.
      Oui ping à le même degré de responsabilité que le clan bongo dans l état actuel du gabon car durant plus de 20 ans il a fait parti de ce clan..
      Chacun est libre de ces commentaires et il a perdu les élections, qu il arrête d empoisonner la vie des gabonais.
      Que ping aie de la suite dans les idees.
      S opposera hier à un recomptage et le redemander pour ses propres intérêts. Ou est le serieux,de grâce respectons nous.

    • Mais c’est toujours la même famille même si c’est Jean Ping car sa femme est Bongo et il est un construit des Bongo donc il ne peut pas être ingrat jusqu’à ce point tout ce qu’il a c’est grâce à,la famille Bongo il peut être maudit par Dieu s’il ne l’est même pas. Il est devenu inutile au Gabon parce que son protecteur qui est Oumar est parti et le merde de l’Afrique c’est sous son mandat Ok!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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