Que veulent de plus ces jeunes étudiants algériens ? En tout état de cause, face à la pression de la rue, l’octogénaire Abdelaziz Bouteflika a déclaré sa démission de la présidence de la République au Conseil constitutionnel du pays. Au lendemain du communiqué annonçant cette démission avant le 28 avril, l’armée algérienne avait demandé le mardi l’application immédiate de l’article 102 de la constitution qui lance le processus d’empêchement du président. Outre cela, les étudiants n’entendent plus baisser les bras. Car, même si la présidence doit prendre « d’importantes décisions d’ici le départ de l’homme fort du pays », les étudiants manifestants continuent néanmoins de réclamer le changement du « mode de gouvernance algérienne».
Au lendemain du communiqué annonçant la démission du président Bouteflika d’ici le 28 avril courant, l’armée du pays sollicite l’application du fameux article 102 de la constitution. C’est-à-dire la mise en place d’un processus d’empêchement du président. Les militaires estiment donc qu’il n’est pas question de se patienter jusqu’à la fin du peu de temps qui restent à Bouteflika. De son côté, le ministre de la Défense estimait que le rôle de l’armée est de sécuriser le peuple. Dans le contexte actuel du pays, l’après-Bouteflika paraitra un peu difficile, car, l’armée compte appliquer le processus de transition prévu par la constitution. Contrairement à d’autres qui souhaitent préparer une autre forme de transition. Quant aux étudiants manifestants du pays, cette simple déclaration de démission ne suffit pas. C’est pourquoi ils ont encore défilé à travers le centre-ville du pays pour dire que l’annonce de la démission de Bouteflika ne réglerait rien pour l’instant. Si certains pensent qu’une simple déclaration suffit à faire taire les Algériens, des manifestants comme le jeune étudiant Fara, âgé de 27 ans pensent ainsi de la situation : « Non, non, ça ne règle vraiment pas le problème. Pour l’instant, on a l’impression qu’on se moque de nous. Parce que nous avons demandé à ce que tout le monde dépose sa démission, pas que Bouteflika », « Tous dans le système, on ne veut plus de corruption et on ne veut plus rien de ce système », lit-on parmi les propos du jeune Fara. Pour sa part, la jeune étudiante Sonia qui semblait être l’amie à Fara a entièrement partagé l’avis du premier intervenant en disant : « Nous ne voulons plus de ce pouvoir, nous demandons son départ et du nouveau gouvernement qui sera à l’image de la jeunesse ». Décidément, pour réussir à faire partir le régime de Bouteflika à la tête des rênes depuis 1999, certains manifestants s’enthousiasmaient avec ces chansons et slogans de rivalité : « Le pronostic vital de ce système est engagé, vos intérêts sont en Algérie, mais nous, notre intérêt c’est l’Algérie ». Puis de poursuivre : « Le plus important c’est que le peuple n’arrête pas même s’ils essaient de nous casser, briser ou séparer… ».
Mamadou Diarra