La diffusion de deux documentaires et débats sur le Hirak, « Algérie, mon amour » sur France 5 et « Algérie, la révolution jusqu’au bout ? » sur la chaîne LCP, aura fait l’effet d’une grenade à fragmentations. D’abord, une interminable avalanche de critiques, de protestations et de réprobations sur les réseaux sociaux. Ensuite, une riposte politique franchement inattendue. Mercredi 27 mai, alors que le souffle des polémiques autour du doc de France 5 ne retombe toujours pas, l’ambassadeur Salah Lebdoui, en poste depuis novembre 2019, est rappelé « immédiatement » à Alger « pour consultations ».
Aussitôt dit, aussitôt fait. Le diplomate algérien a quitté Paris ce jeudi 28 mai à bord d’un avion spécialement affrété. Côté français, la réponse est aussi prudente que tirée au cordeau. Tout en rappelant que les médias français « jouissent d’une complète indépendance » que la loi protège, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères souligne que son pays attache la plus grande importance aux relations profondes et anciennes qui le lient à l’Algérie, dont la France respecte la souveraineté. Le Quai d’Orsay fait savoir par la même occasion que Paris entend continuer à travailler sur l’approfondissement de la relation bilatérale.
Bref, langage diplomatique classique qui n’éclaire en rien sur les conséquences de ce rappel qui a pris les Français par surprise. Un diplomate français à Alger dit d’ailleurs ne pas avoir été informé de cette démarche par les autorités algériennes. Une source diplomatique française admet que ce rappel de Salah Lebdioui ne sera pas sans conséquences sur les relations entre les deux pays, sans pour autant s’appesantir sur la nature de ces retombées. « C’est une mesure symbolique, confie-elle sous le sceau de l’anonymat. On rappelle un ambassadeur quand on n’est pas content du pays hôte. Paris a rappelé le sien à Rome lorsque le ministre Salvini a insulté la France. »
Billard à plusieurs bandes
A Alger comme à Paris, tout le monde marche sur des œufs et le silence est érigé en loi. D’autant que ce nouvel accès de fièvre entre les deux capitales survient deux mois à peine après la convocation, fin mars, de l’ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, par les autorités du pays. Là encore, le motif – officiel – du courroux était lié à des propos tenus sur la chaîne publique France 24. À l’antenne, un expert s’en était pris avec véhémence au président Abdelmadjid Tebboune et au régime algérien. Là encore, réponse convenue de la diplomatie tricolore : les médias français jouissent d’une totale indépendance.
“Le rappel de l’ambassadeur algérien est-il un geste”
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