Alassane Ouattara vainqueur du scrutin ivoirien, dit l'Onu

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 Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a salué vendredi Alassane Ouattara comme le véritable vainqueur de l’élection présidentielle de Côte d’Ivoire, rejetant ainsi des résultats révisés qui donnaient la victoire au chef de l’Etat sortant, Laurent Gbagbo.

Ouattara, ancien haut responsable du FMI, a revendiqué la victoire et reçu l’appui du principal mouvement d’ex-rebelles ayant combattu Gbagbo durant la guerre civile de 2002-2003, ce qui tend à montrer que le scrutin de dimanche a accentué plutôt qu’atténué la division du pays entre le Nord et le Sud.

Des habitants ont signalé des coups de feu après la tombée de la nuit à Abidjan dans le quartier d’Abobo et les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des partisans d’Alassane Ouattara en plusieurs points de la ville.

Un journaliste de Reuters a vu la Garde républicaine se déployer dans le centre-ville, autour du palais de Gbagbo.

Martin Nesirky, porte-parole de l’Onu, a déclaré que Ban Ki-moon engageait Gbagbo à favoriser une transition sans accroc.

"Le secrétaire général félicite M. Alassane Ouattara (…) de son élection et invite le président élu à oeuvrer à une paix durable, à la stabilité et à la réconciliation en Côte d’Ivoire", a-t-il indiqué.

"Le secrétaire général invite aussi le président Laurent Gbagbo à faire sa part pour le bien du pays et à coopérer à une transition politique en douceur dans le pays."

USA ET FRANCE SOUTIENNENT OUATTARA

Un conseiller de Gbagbo a ensuite menacé d’expulser le chef de la mission de maintien de la paix des Nations unies dans le pays quelques heures après son refus de reconnaître la décision du Conseil constitutionnel de proclamer Gbagbo vainqueur.

A la suite de l’Onu, les Etats-Unis et la France ont reconnu Ouattara comme le vainqueur de l’élection, en exhortant l’ensemble des parties à respecter la volonté du peuple et à préserver la stabilité du pays.

L’Union africaine (UA) s’est dite profondément préoccupée par la tournure des événements en Côte d’Ivoire.

Auparavant, le Conseil constitutionnel ivoirien, dirigé par un allié politique de Gbagbo, avait confirmé les accusations de fraude électorale portées par ce dernier contre des partisans de Ouattara dans le nord du pays, et avait annoncé la réélection du chef de l’Etat sortant.

Mais la mission de paix de l’Onu en Côte d’Ivoire n’a pas approuvé la reconduction de Gbagbo et a entériné les résultats provisoires de la Commission électorale indépendante (CEI) qui donnaient Ouattara vainqueur avec 54,1% des voix.

"Les résultats du second tour de l’élection présidentielle tels qu’annoncés le 2 décembre par la commission électorale ne changent pas, ce qui confirme que le candidat Alassane Ouattara a remporté le scrutin", a dit à des journalistes le représentant spécial de l’Onu en Côte d’Ivoire, Y. J Choi.

Quelques heures après, Alcide Djédja, conseiller à la présidence et représentant de la Côte d’Ivoire aux Nations unies, accusait l’Onu d’ingérence dans les affaires intérieures du pays et menaçait d’expulser son représentant spécial. En vertu d’accords de paix en vigueur, le résultat final doit être approuvé par la mission de l’Onu pour être validé.

MENACE

"C’est la dernière fois que M. Choi se comporte de cette manière. (…) La prochaine fois, nous lui demanderons de partir immédiatement", a déclaré Djédja à la télévision publique. "La Côte d’Ivoire est souveraine (…) Nous n’accepterons jamais qu’un fonctionnaire se comporte ainsi dans un pays souverain."

Interrogé au sujet de cette menace sur la chaîne France 24, Choi a répondu qu’il était en Côte d’Ivoire pour y faire son travail et avait l’intention de le faire.

A New York, des diplomates en poste auprès de l’Onu ont indiqué à Reuters que l’Onu s’efforçait, avec certains membres du Conseil de sécurité, de rallier des pays africains à sa position contre Gbagbo.

L’entérinement de Ouattara par l’Onu amène les observateurs à se demander jusqu’où l’organisation internationale, dont 10.000 soldats et policiers sont déployés dans le pays, est prête à aller si Gbagbo insiste pour rester au pouvoir malgré de très fortes pressions internationales.

Ouattara a lancé un appel au calme et à la neutralité de l’armée. "Je suis désolé pour l’image de mon pays, mais la fin du processus est la validation par le représentant spécial de l’Onu, et c’est cette validation qui confirme que je suis le vainqueur", a-t-il dit aux journalistes.

Ni Gbagbo ni son équipe de campagne n’ont commenté les derniers développements jusqu’ici.

Les Forces nouvelles, principal groupe d’ex-rebelles, ont annoncé à Bouaké, dans le Nord, qu’elles soutenaient Ouattara.

Des proches de ce dernier avaient un peu plus tôt mis en garde contre le risque d’une nouvelle guerre civile à la suite d’un scrutin qui était censé favoriser la réunification du pays.

 3 décembre 2010 – 11:58PM GMT – Avec Ange Aboa à Bouaké, Loucoumane Coulibaly à Abidjan, Louis Charbonneau à l’Onu, Richard Valdmanis à Dakar; Clément Guillou et Philippe Bas-Rabérin pour le service français

 

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