Afrique: pour la France, des marchés à garder, d'autres à conquérir

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NICE (AFP) – mardi 01 juin 2010 – 15h08 – La France a ébauché mardi, à l’occasion de son 25e sommet avec l’Afrique à Nice, une nouvelle stratégie pour maintenir ses positions commerciales et en gagner sur le continent africain, de plus en plus convoité par les géants chinois ou indien.

"La France et l’Afrique débordent de projets, pas des projets les uns contre les autres mais les uns avec les autres", a fait valoir le président Nicolas Sarkozy à la clôture de ce sommet de deux jours à Nice.

La place de l’Afrique dans les échanges commerciaux de la France s’est recroquevillée autour de 2%, après avoir occupé plus de 40% dans les années 60, et le président Nicolas Sarkozy avait choisi d’associer à cette rencontre plus de 200 entreprises françaises et africaines.

Si les positions du pétrolier Total au Gabon ou au Congo, du groupe nucléaire Areva au Niger ou des industriels Bolloré ou Bouygues en Côte d’Ivoire ne sont pas directement menacées, Paris veut être compétitif au-delà de ses anciennes colonies.

"Ces dernières années, on a beaucoup réduit les risques pour les investisseurs en travaillant sur la gouvernance", souligne pour l’AFP Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement (BAD). La croissance en Afrique "est restée positive malgré un ralentissement" lié à la crise économique mondiale, relève-t-il.

L’arrivée massive des Chinois, qui ont décuplé leurs échanges commerciaux avec le continent en dix ans pour atteindre plus de 108 milliards de dollars fin 2008, mais aussi d’autres pays émergents comme le Brésil ou l’Inde, a poussé Paris à réagir.

Total, qui a réalisé en Afrique sa "plus grosse croissance en terme de production et de réserves" en 2009, veut "veiller à ce que les Chinois ne soient pas seuls à venir en aide" au continent, a expliqué au journal Les Echos le PDG du groupe, Christophe de Margerie.

L’idée est aussi d’adopter une approche pragmatique, "décomplexée", avait insisté lundi Nicolas Sarkozy, en aidant le privé pour doper les secteurs de croissance et en encourageant partenariats et transferts de technologie.
"En Afrique, à chaque fois que j’investis un dollar, le retour sur investissement est de 5 dollars. Ce qui est important, c’est le climat des affaires", martèle Donald Kaberuka.

Les entreprises réunies à Nice ont adopté à ce sujet une charte visant à bannir la corruption et louant la transparence. "Des attitudes vertueuses naissent des dynamiques heureuses", a souligné à la clôture du sommet la dirigeante du patronat (Medef) Laurence Parisot.

"Un enthousiasme nouveau, régénéré, est né de ce 25e sommet", a-t-elle estimé en annonçant la création d’une association entre les patronats d’Afrique et de France.

A Nice, la France a défendu aussi son rôle de "moteur" pour un développement durable, avec la volonté de créer une dynamique avec les Africains sur les questions climatiques et la recherche de sources d’énergie propres.

"Nous voulons le partage des technologies, notamment sur les énergies renouvelables et solaires", a souligné le président français. "C’est bien plus intéressant de partager la technologie" plutôt que favoriser "des budgets d’aide au développement qui n’ont pas toujours tenu leurs promesses", a-t-il dit.

De son côté, le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, qui est le négociateur en chef du continent sur le climat, a rappelé que l’Afrique n’était "pas la cause mais la victime du changement climatique" et qu’elle voulait "voir la couleur de l’argent" promis à Copenhague fin 2009 pour lutter contre la déforestation.

AFP

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