Afrique du Sud: nouveaux incidents violents dans la région minière de Rustenburg

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La police sud-africaine bloque des mineurs en grève, à Rustenburg, dans le nord de l’Afrique du Sud, le 16 septembre 2012
© AFP

MARIKANA (Afrique du Sud)  – La police sud-africaine a de nouveau dispersé brutalement un rassemblement de mineurs mercredi dans la région minière de Rustenburg (nord), alors que le conflit qui a fait 45 morts depuis août sur le site de Marikana semblait prendre fin, avec un accord prévoyant une reprise du travail jeudi.

Obéissant aux consignes du pouvoir, fermement décidé à rétablir l’ordre dans la “ceinture de platine” de Rustenburg, l’un des poumons économiques du pays, les forces de l’ordre ont fait usage de balles en caoutchouc, de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes pour disperser un rassemblement “illégal” mercredi matin, à proximité d’une mine du numéro un mondial du platine, Amplats.

Amplats, filiale du géant minier Anglo American qui avait un moment fermé ses sites de Rustenburg, avait menacé de licencier tous ses ouvriers qui n’auraient pas repris le travail mercredi.

Les circonstances de l’accrochage n’étaient pas immédiatement claires. Les mineurs s’étaient rassemblés près d’un bidonville attenant à la mine, lorsque la police leur a intimé l’ordre de se disperser.

“La police a prévenu les gens que ce rassemblement était illégal”, a expliqué à l’AFP un porte-parole de la police, Dennis Adriao.

“Ils ont refusé de se disperser, la police a dû recourir aux gaz lacrymogènes et aux grenades assourdissantes. Des balles en caoutchouc ont également été tirées”, a-t-il poursuivi, affirmant n’avoir aucune information sur d’éventuels blessés.

Gaddhafi Mdoda, un représentant des mineurs interrogé par téléphone, a affirmé pour sa part avoir vu un blindé de la police rouler sur un manifestant au sol. Ce dernier incident n’a pas pu être immédiatement confirmé par d’autres témoins.

Retour au calme à Marikana

Pendant ce temps, l’atmosphère semblait plus détendue à la mine de platine de Marikana, où l’employeur Lonmin et les représentants des grévistes ont signé mardi soir un accord prévoyant de substantielles augmentations de salaires et une reprise du travail jeudi.

Près de ce site où 45 personnes ont trouvé la mort depuis le 10 août –dont 34 abattus par la police le 16 août–, des milliers de mineurs se sont de nouveau rassemblés mercredi matin, dans un stade.

Les représentants des salariés ont harangué la foule, expliquant les détails de l’accord, et appelant chacun à reprendre son poste de travail jeudi comme prévu.

Nombre d’employés avaient d’ailleurs déjà repris leur activité dès mercredi, a constaté l’AFP sur place.

La ronde des camions reprenait doucement, contrastant avec le silence des dernières semaines. “C’est un beau jour, beaucoup de gens vont au travail”, a déclaré un des vigiles de Lonmin, chargé de la sécurité sur la route d’accès au site.

Zolisa Bodlani, l’un des meneurs du mouvement qui s’adressait à la foule en langue tswana, a expliqué aux mineurs qu’ils n’avaient pas obtenu les 12.500 rands (1.170 euros) mensuels qu’ils réclamaient, mais que l’accord –qui prévoit entre 11 et 22% d’augmentation plus une prime unique de 190 euros– leur était toutefois favorable.

Plusieurs orateurs ont lancé des appels aux mineurs pour leur demander de s’abstenir désormais de toute violence.

“Plus personne ne sera terrorisé au travail”, a lancé Bodlani à la foule attentive des mineurs, protégés d’un soleil brûlant par des parapluies de toutes les couleurs.

Le début du conflit de Marikana avait été marqué par des violences entre syndicats majoritaire et minoritaire, au cours desquelles dix hommes avaient trouvé la mort début août. Le cadavre d’un permanent syndical avait en outre été retrouvé le 11 septembre.

Le délégué a également affirmé à la foule que Lonmin avait accepté de prendre en charge l’éducation et la nourriture des enfants des mineurs tués, “pour qu’ils ne viennent pas remplacer leur pères comme foreurs mais aillent à l’école jusqu’à l’université”.

Mercredi matin, la presse sud-africaine saluait l’accord de Lonmin, mais des éditorialistes s’inquiétaient du risque de contagion dans le secteur minier.

“Nous devrions certes tous applaudir la fin de la grève de Lonmin, mais la manière dont le différend a été réglé peut servir de modèle, ailleurs pour les travailleurs”, écrit notamment dans un éditorial Business Day, le principal quotidien économique.

AFP / 19/09/2012

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