La semaine écoulée, la tension est montée d’un cran (pour ne pas dire au paroxysme) par la survenue de deux évènements non moins importants. D’abord, le déploiement par le gouvernement pro-occidental de Kiev de blindés dans la ville de Slaviansk, l’un des bastions pro-russes dans l’est de l’Ukraine. Ensuite, l’arrestation de présumés observateurs de l’OSCE, considérés par les séparatistes comme des espions occidentaux de l’OTAN.
Ainsi, comme pour davantage corser la situation quasi-délétère, face au déploiement de blindés de Kiev les Russes ont choisi de répondre par des manœuvres militaires aux frontières communes. Alors que la coalition occidentale appuyée par l’OTAN réclamant ni plus ni moins la libération de leurs prisonniers, menacent d’user de tous les moyens pour aboutir à leurs fins. A telle enseigne que certains observateurs les plus sceptiques pensent qu’infailliblement la Russie va entrer officiellement en guerre contre Kiev et ses alliés de l’OTAN. Laquelle a placé ses forces présentes dans les pays baltes et d’Europe centrale en état d’alerte maximale.
Dans l’histoire contemporaine, puisque toutes les guerres de coalition ont eu des causes économiques et sociopolitiques mais que ce sont plutôt des prétextes qui ont réellement servi comme catalyseur pour déclencher la guerre, les ingrédients de la crise ukrainienne sont-ils suffisants pour provoquer une escalade militaire entre la Russie et l’OTAN ? On serait tenté de répondre à l’affirmative !
Cependant, ne vaut-il pas mieux bémoliser cette tension latente entre les protagonistes. D’autant plus que, depuis le début de la crise, les russes ne cessent de réfuter les allégations occidentales les accusant de vouloir annexer les régions pro-russes de l’Ukraine. Bien que le Kremlin a toujours brandi la menace d’intervenir pour protéger les populations russophones et russophiles du pays, en cas d’agression de Kiev. De même, les pays de l’OTAN, avec à leur tête les USA, malgré leur menace militaire, veulent épuiser tous les moyens de coercition économique à leur disposition pour amener les russes à fléchir leur position.
C’est pourquoi dès ce lundi, le G7 a lancé une nouvelle série de sanctions contre la Russie. Lesquelles viseront des “personnes et/ou des entités”, proches du président russe Vladimir Poutine, et ne seront pas nécessairement identiques d’un pays à l’autre. Quand bien même, les russes à leur tour menacent de rétorsion dans sa fourniture de gaz aux pays européens largement dépendants. Sans compter que depuis déjà un moment les mêmes russes ont coupé la fourniture de leur gaz à l’Ukraine (sommée de payer la facture estimée à des milliards d’euros), et qui doit désormais payer sa facture au prix réel du marché.
A l’analyse, on se rend compte que les deux puissances nucléaires n’iront pas jusqu’à s’affronter frontalement sur le plan militaire. Elles ne procèderont certainement, pour résoudre la crise ukrainienne, que par la dissuasion militaire et par des sanctions économiques réciproques. Et, puisque les économies de toutes les nations du monde sont plus que jamais interdépendantes, il faudra s’attendre donc au final à un consensus sur la sortie de crise. Chaque partie essayant de sauver l’honneur.
De toute façon, objectivement en tenant compte des rapports de forces militaires entre l’OTAN et la Russie, aucun prétexte ne pourra certainement entraîner ces deux puissances à se faire la guerre, crise ukrainienne ou pas!
Par Gaoussou M. Traoré
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