Décidés à « ne pas se laisser voler les suffrages de leurs militants », les principaux ténors de l’opposition nigérienne, regroupés au sein de la Coalition pour l’Alternance 2016 (COPA 2016), n’ont pas attendu la fin de la proclamation des résultats provisoires pour récuser ses chiffres, qu’ils qualifient d’ailleurs de « fantaisistes et surprenants ». Leur argumentation se basant sur le fait que de milliers de bureaux de vote, notamment à Zinder, étaient fictifs.
Des allégations qui contrastent visiblement avec celles du camp présidentiel. Lequel, tout en dénonçant également des irrégularités dans certaines bastions de l’opposition, déclare néanmoins faire confiance à la justice nigérienne. Les partisans du pouvoir qui vont jusqu’à charger l’opposition de préparer sa contestation avant même le scrutin, rappellent que dans leur pays, le « système électoral prévoit des recours judiciaires à chaque étape du processus électoral, jusqu’à l’échelon judiciaire supérieur ». Comme l’on pouvait ainsi s’y attendre, à l’instar de la quasi-totalité des pays africains, le Niger n’échappe pas aux contestations des résultats électoraux.
La CEDEAO, en saluant le calme qui a prévalu pendant le scrutin présidentiel, n’a pas manqué d’appeler les candidats à respecter le verdict des urnes. L’organisation régionale n’a pas non plus fait l’économie de relever des tentatives d’intimidation dans certains bureaux et demander à la CENI de tirer les leçons des dysfonctionnements, en particulier dans l’acheminement du matériel électoral. Va-t-elle l’écouter, pour corriger de manière impartiale les anomalies présumées constatées ça et là ?
Si la CENI arrive à corriger par elle-même les irrégularités, tant mieux. Sinon, les protagonistes devront, dans l’intérêt supérieur de la nation nigérienne, faire preuve de sagesse pour porter leurs requêtes éventuelles devant les cours et tribunaux nationaux dont les arrêts devront être respectés par tous. La voie légale pour contester les résultats électoraux ? C’est cette procédure que réclament aussi, dans une déclaration rendue publique, les observateurs de l’Union Européenne. En y invitant toutes les parties prenantes.
D’ailleurs, chose intéressante, les nigériens auront à départager au second tour les deux premiers du scrutin présidentiel. Il y a de fortes chances, compte tenu des résultats provisoires déjà sortis des urnes qui mettent en avance le Président sortant, Mahamadou Issoufou et son challenger de tous les temps, Hama Amadou, que ce scénario se réalisera. Mais que sait-on ?
De toute façon, une victoire de Mahamadou Issoufou dès le premier tour pourrait embraser le pays. C’est une éventualité à éviter à tout prix, quand l’on sait que quatre meilleurs candidats, emprisonnés quelques temps avant le scrutin pour vol de bébés et tentatives de coup d’Etat présumés, ont été interdits de campagne. Des candidats qui n’ont même pas eu le droit de s’adresser à leurs militants.
Gaoussou M. Traoré