Afin de pouvoir éviter des failles sécuritaires récurrentes dans la lutte contre le terrorisme international, une activation urgente de la synergie des moyens et des renseignements militaires est plus que jamais nécessaire en Afrique de l’ouest. Une nécessité encore rendue plus évidente par les récents attentats terroristes survenus le 15 janvier à Ouagadougou. À partir desquels, le terrorisme international a démontré qu’il ne reconnait pas de frontières pour commettre ses attentats. Le Burkina restant en marge des actes terroristes durant le règne de Blaise Compaoré.
Depuis la fin de l’année 2015, le terrorisme international sévit en Afrique de l’Ouest en frappant aveuglement des hôtels, lieux de divertissements, marchés, mosquées, églises ou des sites symbolisant la souveraineté des Etats de l’Afrique de l’Ouest. De Bamako à Abuja en passant par Niamey et Ouagadougou, le modus operandi étant quasiment le même. Des terroristes qui recrutent au sein des populations ou s’y infiltrent pour paraître comme monsieur tout le monde et attaquer leurs cibles.
Ce qui implique que la meilleure réponse des Etats à cette guerre asymétrique, imposée par l’ennemi terroriste, ne peut provenir d’un déploiement massif d’armement lourd quelconque qui, au fil des évènements, a montré toutes ses limites. En revanche, sachant que l’ennemi terroriste n’utilise que des moyens de bord très mobiles, il faut désormais que nos Etats abandonnent leur langue de bois pour coopérer très sincèrement. Comme en créant des unités mixtes d’intervention de commandement unique, lesquelles seront dotées d’armements légers adéquats pour traquer l’ennemi. D’autre part, puisque l’idéal est d’empêcher la perpétuation des actes criminels, il faut alors forcément que les Etats de la sous-région développent localement leurs services de renseignement afin qu’ils puissent fournir des informations fiables qui vont être à leur tour mutualiser dans les bases de données d’un Etat-major commun.
Toutefois, des renseignements fiables ne seront pas possibles si les personnes en charge de les fournir ne sont pas dotées de moyens techniques adéquats et surtout de moyens financiers conséquents. Tant il est prouvé, à travers les différents attentats douloureux, que l’ennemi terroriste dispose de moyens financiers suffisants qui lui permettent de se loger dans des hôtels ou appartements luxueux, posséder les véhicules de son choix et de soudoyer des complices facilement recrutés au sein de la jeunesse largement paupérisée par le chômage endémique.
Désormais aucun Etat ne peut avoir la prétention de croire que les attentats terroristes, parce que l’on n’a pas encore été la cible, n’arrivent qu’aux autres. Les chefs d’Etats de la sous-région l’ont heureusement compris. En l’occurrence, comme le Président béninois, Thomas Boni Yayi, qui prend très au sérieux la menace terroriste, en s’interrogeant « à qui le tour après Bamako et Ouaga ». C’est pourquoi, les chefs d’Etat n’ont pas hésité de fournir leur soutien en se rendant à chaud dans les divers lieux où les actes criminels ont eu lieu. Comme hier à Bamako après les attentats à l’hôtel Radisson Blu, le 20 novembre et aujourd’hui à Ouagadougou, après les attaques du 15 janvier de l’Hôtel Splendid et du restaurant Capuccino. En effet, s’il est bien de soutenir les pays attaqués par le terrorisme, il serait encore mieux que chaque pays comprenne qu’il n’a pas intérêt à héberger un mouvement quelconque, fût-il rebelle. Car au Mali, les soi-disant mouvements rebelles qui ont développé des connexions avec des mouvements se réclamant du « jihadisme » n’avaient-ils pas pignon sur rue à Ouaga ou à Nouakchott ? De toute façon aujourd’hui, le Burkina en a appris à ses dépens !
Gaoussou M. Traoré