A cause du chaos endémique engendré par la disparition tragique de Mouammar Kadhafi, une intervention militaire occidentale avait été longtemps pressentie dans ce pays. Les analystes politiques voyant cela comme une réparation ultime de leurs actions destructrices. Mais compte tenu du coût d’une telle intervention, de l’instabilité politique chronique ainsi que du manque d’un gouvernement et d’un parlement unifiés en Libye post-Kadhafi, les pays occidentaux n’avaient jamais pu se mettre d’accord pour décider.
Désormais l’ancrage des mouvements terroristes, notamment l’EI dans tout le territoire libyen, combiné à la présence massive de migrants pour la destination Europe, les a contraints à bouger les lignes afin d’éviter un flux massif. C’est pourquoi, les puissances occidentales se sont réunies, en début de semaine à Rome, pour déterminer les différents scénarii et formes d’intervention en Libye. Seulement l’expérience de 2011 ne sera pas rééditée pour la simple raison que des pays comme la Russie ou la Chine, membres permanents du Conseil de Sécurité, ne vont pas accepter qu’ils agissent sous mandat onusien.
Par conséquent, les puissances occidentales sont obligées de recourir, en vue d’une bonne action militaire, à la bonne grâce des pays voisins de la Libye comme l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, ou encore le Tchad et le Niger. Des pays plus ou moins confrontés à des actions terroristes. Mais afin de légitimer leur intervention, il leur faut uniformiser le pouvoir en Libye. Lequel devra donner son feu vert en demandant solennellement l’intervention extérieure. Ce qui explique la précipitation des occidentaux à reconnaître un soi-disant gouvernement d’unité nationale formé sous l’égide de l’ONU. Alors que ce tiers gouvernement n’est toujours reconnu par aucun des deux gouvernements rivaux. Comment faire alors ?
L’occident n’a pourtant guère le choix que d’intervenir, car la menace terroriste est désormais à ses portes. Le groupe EI ayant effectué une véritable percée dans l’Est de la Libye en occupant un bon nombre de champs pétroliers proches des côtes méditerranéennes qui lui offrent d’énormes ressources financières par la vente au marché noir du brut. Toutes choses qui expliquent l’imminence d’une intervention militaire occidentale, ne serait-ce que pour se prémunir des actions terroristes au-delà de leurs côtes méditerranéennes.
Cependant, cette imminente intervention des puissances occidentales devrait éviter à tout prix de refaire les erreurs du passé, quand les bombes des avions de l’OTAN n’avaient fait aucun discernement. A l’époque pour rappel, des maisons d’habitations, des hôpitaux comme des installations d’infrastructures économiques avaient reçu le courroux meurtrier des bombes de l’OTAN. Sans cette précaution, l’exécution de leur mission militaire sera très difficile. Car, l’ensemble des tribus antagonistes libyennes les verraient d’un très mauvais œil. Conséquence, toute intervention terrestre ne serait alors pas possible. D’autant plus que naturellement les protagonistes libyens ne font pas confiance aux occidentaux.
Gaoussou M. Traoré
