Après l’investiture d’Alassane Dramane Ouattara (ADO), ce mardi 03 novembre, pour exercer son second et dernier mandat consécutif, la Côte d’Ivoire renoue enfin avec une alternance pacifique au pouvoir. Mais ce capital démocratique risque d’être gravement compromis si jamais les inconditionnels de Laurent Gbagbo, non contents d’avoir boycotté la présidentielle, mettent à exécution leur menace de ne pas reconnaître les institutions républicaines et persistent dans leur logique de fauteuil vide, en refusant de participer aux futures élections législatives et municipales.
En revanche, pour qu’ADO puisse entamer son deuxième mandat dans la sérénité sur un boulevard libre, afin de pouvoir appliquer son projet de société, il lui faut davantage redoubler d’efforts dans la quête permanente de réconciliation nationale. Ce qui exige prioritairement une réactivation rapide de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), dont les membres doivent objectivement refléter la physionomie réelle du paysage sociopolitique et provenir de toutes les régions du pays. Ce qui pourra permettre à ce que l’opposition ne puisse plus continuer à avoir un argumentaire solide pour se sentir exclue du processus de réconciliation nationale.
Cependant une meilleure réconciliation ne peut se substituer à l’action judiciaire. Ce qui implique que l’équipe d’ADO doit beaucoup s’investir en mettant à la disposition du pouvoir judiciaire toutes ses prérogatives constitutionnelles et veiller à ce que l’institution judiciaire soit réellement autonome et indépendante du pouvoir exécutif. Dans ces conditions, nombreux seraient les inconditionnels non irréductibles de Gbagbo de refaire confiance en leur justice nationale et amener à rejoindre le processus politique normal. Comme accepter de participer aux futures élections législatives et municipales prévues dans les mois à venir. Le nouveau capitaine du navire Côte d’Ivoire doit emprunter ce cap, pour arriver à bon port.
Dans son discours d’investiture, ADO a ainsi tenu à dire qu’il a compris ces concitoyens pendant l’exercice de son premier quinquennat et lors de la campagne présidentielle. Ce qui sous-tend qu’il connaît désormais toutes les attentes des uns et des autres. Raison pour laquelle, il a promis d’être le président sans exclusive de tous les ivoiriens. Auxquels il a promis une nouvelle constitution débarrassée de toute discrimination quelconque et l’amélioration de leurs conditions de vie. Des promesses qu’il ne pourrait tenir sans une meilleure redistribution des fruits de la croissance que le pays connaît actuellement. C’est pourquoi ADO, conscient que la tâche ne lui sera pas facile sur le plan social, devra donc s’atteler à réussir le pari. Encore que sur le plan politique, il est évident que le nouveau président devra se préparer à affronter des remparts que son opposition radicale serait amenée à poser contre lui dans l’exercice de son ultime mandat.
Pourtant le nouveau président, malgré tout cela, possède assez d’atouts en main pour s’en sortir. Comme la bonne santé économique de son pays. Mais aussi la réussite de la réconciliation des ivoiriens et une bonne justice sont nécessaires pour un meilleur accomplissement de ses nombreuses tâches. Parallèlement à cela, l’équipe d’ADO, ne lésinant sur aucun effort légal, doit chercher à atténuer la capacité de nuisance de l’opposition et réussir à apaiser leurs revendications objectives et responsables. Lesquelles doivent être prises en compte. Ce qui éviterait au pays d’enregistrer des remous politiques inutiles qui auraient des répercutions socioéconomiques néfastes.
Gaoussou M. Traoré