Afrik’Actu* : La réconciliation à tout prix

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Une attaque revendiquée par Aqmi s'est produite à Ouagadougou, au Burkina Faso, le 15 janvier 2016. - AHMED OUOBA / AFP
Une attaque revendiquée par Aqmi s'est produite à Ouagadougou, au Burkina Faso, le 15 janvier 2016. - AHMED OUOBA / AFP

Pour ne pas sombrer dans la déstabilisation, le Burkina Faso doit prôner la réconciliation nationale

Afin d’éviter que le Faso ne sombre dans la crise sécuritaire et l’instabilité politique, le Président Kaboré et son équipe gouvernementale doivent prioritairement  s’atteler à la réconciliation inclusive de tous les fils du pays. Cela est d’autant nécessaire que dans la crise sécuritaire et l’instabilité politique un pays ne peut se construire. Surtout qu’à partir des attentats terroristes en plein cœur de Ouagadougou  visant l’Hôtel Splendid  et le restaurent Cappuccino,  il n’y a plus de raison de douter que l’épicentre des actions terroristes a atteint le  Burkina Faso.  Une certitude,  lorsque l’on sait bien que depuis six mois ce pays, longtemps considéré comme un havre de paix, commençait à recevoir  de nombreux coups de semonce.  Lesquels se sont traduits par des attaques à répétition des postes de sécurité ou des petites agglomérations, le long de ses frontières avec le Mali et le Niger.

Des actes criminels  qui auraient pourtant dû être des signaux d’alerte pour les autorités Burkinabè   de l’imminence d’une plus forte action terroriste dans leur pays. Mais comme si une malédiction devait  forcément frapper ce pays, les nouveaux dirigeants de la Transition ont manqué de doigté et de vigilance  en s’attaquant inutilement  à l’unité la mieux formée,  organisée et  équipée des forces armées et de sécurité, le Régiment Spécial Présidentiel (RSP).  Lequel avait été  malheureusement contraint, pour  assurer sa survie, de devenir  le maître d’œuvre d’un coup d’Etat qui ne résista pas à la pression de la rue et de la Communauté Internationale. Puisque  ses commanditaires, après leur reddition,   ont été mis aux arrêts et le régiment dissous.

Une faute gravissime qui est de toute évidence la principale  cause de la crise sécuritaire que le pays est désormais en train de vivre.  Car, n’en déplaisent aux tombeurs de l’ancien dictateur Blaise Compaoré, nombreux sont les experts militaires qui admettent que c’est le  RSP qui possédait  au sein de la grande muette burkinabè, la meilleure expertise militaire en matière de renseignement et d’intervention pour faire face aux actions terroristes. Le manque de promptitude des forces de sécurité Burkinabè après les évènements douloureux du 15 janvier a prouvé à suffisance  que la Police et la Gendarmerie n’étaient pas prêtes pour répliquer à des  attaques  d’une grande envergure comme celles de la nuit du 15 janvier.

Ainsi  depuis la chute du président Compaoré en fin 2014 et l’avènement de la  Transition, le Burkina Faso est progressivement entré dans une zone de turbulence sécuritaire et  politique.  Une  situation également favorisée par l’exclusion des partisans du pouvoir déchu de toutes les instances décisionnelles du pays.   Le pouvoir transitionnel les ayant forcément réduits au silence le plus total et  traités  systématiquement comme des parias dans leur propre pays. Ce qui a même valu pour certains d’être exclus de la course aux postes électifs de député et de président à défaut, d’être arrêtés.

Les nouvelles autorités burkinabè, au lieu de laisser davantage pourrir  la situation sécuritaire et politique de leur pays,  doivent urgemment adopter  sans complexe une véritable politique  de réconciliation nationale inclusive. Ce qui pourrait ramener la confiance chez les exclus  afin que chaque Burkinabè, quelle que soit sa tendance politique,  puisse s’atteler au développement économique et social du pays.

D’ailleurs les résultats sortis des urnes des élections législatives et présidentielle, classant en tête  les deux  partis pilotés par d’anciens caciques du régime défunt et faisant du reste du parti de Blaise (le CDP) la troisième force politique du pays, ont  bien mis en évidence que le peuple révolutionnaire est largement minoritaire  au Faso.  Le Président Kaboré  doit donc tirer toutes les leçons de cette volonté populaire sortie des urnes pour asseoir sa légitimité. Ce qui  lui donne désormais  carte blanche pour ne plus être l’esclave de quelque tendance  politique que ce soit pour n’agir  que dans l’intérêt supérieur de la nation Burkinabè. Qu’il en soit ainsi vivement  inspiré !

  Gaoussou M. Traoré

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