Afrik’Actu : La Crimée a aussi droit à l’autodétermination !

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L’annonce de la tenue, par le parlement prorusse de la Crimée, d’un referendum pour son  rattachement  à la Russie,  a  suscité  un tollé général de la part des capitales occidentales. Lesquelles argumentent, pour justifier leur désapprobation totale du droit pour un peuple de disposer librement de son avenir territorial, que les habitants de Crimée ne devraient pas aller unilatéralement aux urnes sans l’aval de Kiev.

 

 

Cependant l’exécutif existant dans la capitale ukrainienne, reconnu par toutes les chancelleries occidentales est, lui, issu de la combinaison à la fois d’un putsch insurrectionnel et  parlementaire.  Un régime, sous d’autres cieux,  que  ces mêmes pays occidentaux condamneraient vigoureusement tout en le sommant de respecter  l’ordre constitutionnel  préétabli. Ainsi, parler de violation du droit international,  comme veuillent le faire comprendre les puissances occidentales (les USA en tête) au reste du monde, n’est certainement pas fondé.

 

 

Dans l’histoire contemporaine, ces mêmes puissances occidentales n’ont-elles pas ardemment œuvré pour la création de nouvelles entités territoriales à travers le monde ? Que oui ! Car, ne se  souvient-on pas de la séparation du Timor oriental de l’Indonésie, celle du Kossovo de la Serbie ou encore récemment de la partition du Soudan du Sud du Soudan ! Dans les trois cas suscités, il est indéniablement établi et vérifiable que ces partitions territoriales ont savamment été orchestrées par les chancelleries occidentales.

 

 

Des œuvres à travers lesquelles l’argumentaire le plus avancé a été la différence ethnique ou religieuse ou les deux à la fois. A titre de rappel, les pays occidentaux n’ont-ils pas imposé à la Serbie de se passer douloureusement du Kossovo ? Ainsi, par le biais d’un referendum préparé et financé par leurs soins et sans l’aval du gouvernement de Belgrade, la majorité de la population albanophone du Kossovo ne fut-elle pas conduite unilatéralement à l’indépendance ? Laquelle n’étant jusque-là  pas reconnue par l’ensemble de la communauté internationale, dont des pays membres permanents du Conseil de sécurité et détenteurs du droit de véto (comme la Russie).

 

 

Pourtant, la province du Kossovo (devenue autonome dans le cadre de la fédération yougoslave)  jouissait également d’une large autonomie au sein de la Serbie. Ainsi, malgré que le Kossovo est historiquement bien considéré comme le berceau de la civilisation serbe, quoique plus de 80% de sa population soit albanophone aujourd’hui, il pouvait demeurer dans la fédération serbe. Mais au lieu de cela, il est évident que les pays occidentaux, dans leur souci d’imposer aux serbes l’indépendance de leur province (abritant cependant le berceau de leur civilisation) ont été motivés dans leurs œuvres par des considérations ethniques.

 

 

Ainsi, si les albanophones du Kossovo ont unilatéralement droit à l’autodétermination (voire l’indépendance), pourquoi pas les Russes de Crimée vis-à-vis de la tutelle ukrainienne ? Simple jurisprudence internationale  non ! Surtout lorsque l’on sait que le concept d’autodétermination est inaliénable pour chaque peuple.

 

 

De toute façon, le parlement de la Crimée, fut-il considéré par les occidentaux comme autoproclamé, a  bel et bien décidé d’aller le  dimanche prochain  au referendum d’autodétermination pour faire ou non partie de la fédération russe.  Un rouleau compresseur désormais enclenché que nul ne semble pouvoir arrêter. Puisque  si le referendum a lieu (certainement qu’il aura lieu), sans nul doute le OUI l’emporterait. Et, la Crimée redeviendrait russe, si elle ne l’est déjà. Car  l’armée russe,  présente sur le territoire autonome même bien avant la crise (à travers un accord russo-ukrainien), détient  à Sébastopol sa  principale flotte navale militaire, la plus importante sur la mer noire et les mers chaudes.

 

 

Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre français de l’intérieur, n’a-t-il pas récemment souligné lors d’une tribune dans le journal Le Figaro que nul ne peut « contester la russianité » de la Crimée, puisqu’elle l’est historiquement  et ethniquement ?

Par Gaoussou M. Traoré

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