La Cour Constitutionnelle Centrafricaine, en décidant de confirmer en début de semaine, les résultats provisoires de l’élection présidentielle et d’invalider ceux des Législatives qui se sont pourtant déroulées le même jour, contribue implicitement à offrir de l’argumentaire aux candidats qui ont dénoncé un désordre électoral lors du scrutin groupé du 30 décembre 2015. Une situation, toutefois prévisible, que la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), médiatrice désignée pour la Centrafrique, n’était pas censée ignorer notamment depuis l’échec du scrutin référendaire qui les ont précédées. Des arguments qui ne devraient ni conduire la CEEAC, ni le reste de la Communauté Internationale (CI) à accorder leur quitus pour l’exécution du calendrier électoral centrafricain. Tant, les conditions pour la réalisation d’élections crédibles n’étaient point réunies dans le pays de l’Empereur Bokassa 1er.
Mais puisqu’il fallait vaille que vaille fournir un calendrier électoral afin de pouvoir se sortir du bourbier centrafricain, dont la gestion financière devenait de plus en plus chère pour la Communauté Internationale avec à sa tête, l’ONU, la France et les pays de l’Afrique Centrale, tout le monde avait préféré fermer les yeux. Surtout qu’à la veille du double scrutin, la menace du Président français, François Hollande, de rapatrier les soldats de l’Opération Sangaris, sous-tendait une exécution péremptoire du calendrier électoral en Centrafrique.
Un pays dont la CI, en tant que tutrice légale, savait aussi qu’il est désormais enfoncé, par la volonté manifeste de certains politiciens et chefs de guerre véreux, dans un clivage grandissant entre populations chrétiennes et musulmanes. Mais pourquoi la CI et la France, malgré de nombreuses dégradations du climat social et du tissu économique que connait la Centrafrique, ont donc choisi de mettre la pression afin que les Centrafricains aillent néanmoins à des élections dont les résultats ne seraient ni crédibles ni acceptés ?
Certaines sources ont systématiquement suspecté l’ancienne puissance coloniale d’avoir hâte qu’un Exécutif et un Parlement sortis des urnes puissent s’installer le plus vite possible afin de ratifier les nombreux accords économiques sur l’acquisition de gisements de Pétrole et de Diamant qu’elle a déjà signés avec le pouvoir de Transition. Alors que pour le cas de la CI, il se trouve que les Nations-Unies sont financièrement et logistiquement dépassées par leur présence sur les nombreux champs de bataille qui pullulent dans le monde.
A cet effet, elles chercheraient par tous les moyens à se désengager de ces zones de conflit. Lesquelles sont hélas en train de devenir endémiques. Ainsi après de nombreux reports, l’organisation d’élections présidentielle et législative en Centrafrique, quelles que soient les conditions de son déroulement, devenait une exigence pour la CI et la France. En l’occurrence, lorsqu’il est établi que les Nations-Unies ont pour souhait de traiter avec des gouvernements légitimement sortis des urnes, l’on comprend aisément cette complicité notoire.
Gaoussou M. Traoré