En annonçant le 17 août dernier à ses compatriotes, à l’occasion du 55ème anniversaire de l’accession du Gabon à la souveraineté nationale et internationale, de l’intention de sa famille à céder à la jeunesse gabonaise la totalité des biens hérités de leur président de père, Aly Odimba a provoqué un véritable électrochoc dans son pays et sur le reste du continent. Cette annonce surprise et inopinée, est diversement interprétée par l’opinion nationale de son pays et les analystes même au-delà du continent. Si les uns qualifient la décision de sage, ses détracteurs estiment que c’est plutôt un coup médiatique et politique pour distraire les Gabonais, la fortune des Bongo étant inestimable à cause de l’opacité qui l’entoure, à leur avis.
Ainsi la société civile gabonaise, qui a promptement réagi, a qualifié cette cession future des biens d’Oumar Bongo comme une «tentative de restitution» que d’un don. Car, elle part de l’argumentation selon laquelle ledit héritage n’a été constitué que sur la base de détournements de fonds publics. Et que par conséquent, le geste de la famille Bongo n’est ni plus ni moins qu’une reconnaissance implicite que cette fortune provient de biens mal acquis. A propos desquels d’ailleurs des enquêtes sont en cours en France.
Les Organisations non gouvernementales africaines et internationales, tout en prenant acte, avertissent qu’il faut surtout assainir dorénavant la gouvernance et ne plus confondre les caisses de l’Etat avec celles de la famille dirigeante. Elles en appellent donc à l’observance de la transparence comme règle de gestion des ressources publiques.
Pourtant, faut-il bien le rappeler, la fortune des Bongo date bien de la période où la politique de la « France-Afrique » était légion sur le continent. En ces moments non glorieux de l’histoire africaine, Jacques Foccart, le Tout puissant Secrétaire Général de l’Elysée au début de la Vème république, était l’homme qui incarnait la politique africaine de la France. Et, Oumar Bongo en était le principal pion de la « France-Afrique » en Afrique centrale.
Pendant cette période l’ancien colonisateur, pour pouvoir maintenir ses anciennes possessions dans son giron, avait fermé les yeux sur les pratiques de détournements des derniers publics opérées par l’ensemble des dirigeants africains. Pour ne pas dire qu’il les avait incités, à condition qu’ils acceptent sa tutelle sur leurs richesses minières et énergétiques. A l’époque, les fonds détournés (des centaines de milliards de nos Francs) étaient déversés dans les institutions bancaires européennes pour faire la promotion de leur économie au détriment de l’Afrique. Alors que les biens immobiliers étaient acquis par nos dirigeants en Europe en concurrence du même moment. Quel que soit le point de vue des uns et des autres, le geste de la famille Bongo, très inédit, est une grande première en Afrique. Une famille régnante qui renonce d’elle-même à son héritage financier. Pourvu que ça ne soit pas apparence et duperie afin que nos dirigeants actuels s’en servent comme leçon !
Gaoussou M. Traoré