Hier dimanche 06 mars, les Béninois sont allés voter pour se choisir un nouveau Président de la République pour un mandat de cinq ans. Quelle que soit l’issue du vote, les électeurs sont sûrs d’une chose, il y aura bien l’alternance démocratique dans leur pays. Car pour la cinquième fois consécutive, un président béninois va succéder pacifiquement à un autre, par la voie des urnes. Pourtant, la campagne électorale a été des plus mouvementées dans nombre de grands états-majors politiques du pays.
A commencer par le parti présidentiel, dont une quantité de caciques n’ont pas digéré l’imposition du Premier ministre Lionel Zinsou comme candidat-dauphin. Ils ont tenu à le démontrer par des dénonciations, voire des défections ou des dépôts de candidatures adverses d’autres cadres du parti sous d’autres bannières. A telle enseigne que nombreux sont les observateurs qui prédisent la défaite de l’homme d’affaires, propulsé homme politique par Yayi Boni. Pourtant Zinsou, par des jeux d’alliance avec d’autres formations politiques, a bien des chances d’aller au second tour et même, pourquoi pas l’emporter au finish.
Si la campagne s’est déroulée passionnément avec des débats intéressants, beaucoup de partis d’opposition et d’Organisations de la Société Civile ont redouté des fraudes éventuelles lors du scrutin. Alors que la quasi-totalité des candidats en vue, qui ont procédé au porte-à-porte pour convaincre les électeurs d’adhérer à leur projet de société, ne se sont pas privés de débourser des fortunes considérables pour l’achat des consciences. Il est établi que les réseaux sociaux ont été grandement mobilisés pour attirer les électeurs. Des centaines d’observateurs nationaux et internationaux qui ont été déployés, ont jugé les conditions de vote satisfaisantes.
Toutefois, même si on estime globalement que le scrutin répond aux normes internationalement requises, l’ancien quartier latin de l’Afrique ne doit pas se permettre, à cause d’éventuels manques de flair play, de gâcher sa réputation de reflet de la démocratie en Afrique. Car, depuis que ce pays a été le premier à organiser sa Conférence Nationale Souveraine (dont l’esprit et les textes ont été bien respectés à la lettre), les élections s’y sont déroulées sans grand heurt. De même que les Chefs d’Etat se sont pacifiquement succédé, jusqu’à ce que le président Mathieu Kérékou a pu revenir par la voie des urnes pour briguer deux mandats de cinq ans, avant de se retirer de la scène politique.
Beaucoup d’indicateurs présagent que la suite du scrutin, bien que décisive et incertaine, sera bonne. Le fait que le Président sortant ne soit pas candidat pour se succéder à lui-même, à cause de la limite constitutionnelle, a constitué d’ailleurs à décrisper l’atmosphère électorale. Alors, attendons donc les résultats provisoires globaux du scrutin dans la semaine et les réactions des uns et des autres nous édifieront.
Gaoussou M. Traoré