Afrik’Actu* : La belle leçon de démocratie à la béninoise

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Le suspense sur l’issue du second tour de la présidentielle du 20 mars au Bénin n’aura finalement  duré que le temps de la fermeture  des urnes. Car, malgré  le peu d’affluence à ce second tour, le report de voix a dû fonctionner en faveur de Patrice Talon. Ainsi  dès la soirée, au vu des tendances largement favorables à son adversaire, le Premier ministre Zinsou  a fait preuve de fair-play et a préféré ne plus attendre la proclamation officielle des résultats par la CENA pour accepter sa défaite électorale. Si ce  beau geste honore  la classe politique béninoise, il n’en demeure pas moins qu’il  démontre également  sa grande maturité  politique et enseigne une belle leçon de démocratie à ses pairs africains.

Depuis sa Conférence Nationale organisée  pour l’avènement de la démocratie en 1991, dont la plupart des pays africains ont fini par adopter  la formule, le Bénin n’a cessé de vivre l’alternance  politique.  Ainsi par l’élection de Patrice Talon, l’ancien quartier latin de l’Afrique connaît, en un quart de siècle,  sa quatrième alternance politique par les urnes. Ce qui dénote que son peuple possède un véritable ressort démocratique pour se choisir,  en toute conscience et  à travers la voie des urnes,  son Chef de l’Etat.  Mais  ce qui est encore marquant, c’est l’arrivée,  devant de « vieux crocodiles politiques »,  de deux « arrivistes  politiques » en finale de cette  présidentielle. Plus intéressante aussi  est l’élection de l’homme d’Affaires béninois au détriment du banquier d’affaires franco-béninois, considéré à tort ou à raison comme le candidat de la « France-Afrique ». Une évidence qui exprime  un cinglant démenti contre les  préjugés  vivaces que font bon nombre d’africains, en considérant que les Chefs d’Etat des pays anciennement colonisés par la France sont comme choisis par celle-ci et non par les urnes.

Malgré son carnet d’adresses  international très fourni,  son expérience des grands dossiers d’affaires et le soutien présumé de la France, Lionel Zinsou n’a pas été le choix du peuple béninois qui a préféré librement goûter à l’expérience  managériale du magnant du coton, considéré comme relativement plus proche du peuple.  Un choix qui a permis  d’adresser  un véritable camouflet à l’endroit  des trois principales formations politiques, en l’occurrence  à leurs ténors qui avaient accordé leurs soutiens au Premier ministre sortant.

Ainsi, lorsque l’on s’amuse à faire le décryptage du vote du 20 mars, on comprend aisément  que,  non seulement le report de voix a bien marché chez les  candidats des petits partis du premier tour pour Talon  mais aussi,  le porte-à-porte s’est bien  vu payer pour ce dernier. Sans compter que le face-à-face télévisé des deux finalistes,  pour présenter leur programme politique de gouvernement, a aussi  visiblement bien tourné en faveur de l’homme d’Affaires. Ce dernier, au-delà  des piques réciproques,  a su convaincre les électeurs qu’il connaît bien plus le pays que  son challenger.

La vitalité démocratique du Bénin se révèle  aussi incontestable, du fait  qu’au moment de cette présidentielle, le pays était encore gouverné par une cohabitation politique dans laquelle l’opposition était majoritaire au Parlement. Ce qui n’est possible que grâce à l’existence d’institutions fortes. Toutes choses qui auront  encore permis à deux inconnues de la scène politique d’arriver en tête devant des hommes du sérail politique. Que vive donc l’expérience démocratique béninoise mais aussi  que soit pérenne sa belle leçon afin que les autres pays africains, notamment ceux qui trainent encore un déficit démocratique, puissent s’en inspirer pour se créer  des institutions fortes qu’elles sont tenues de respecter !

 Gaoussou M. Traoré

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