La date du dimanche 29 novembre 2015 restera longtemps gravée dans la mémoire des burkinabés. En effet, l’histoire retiendra que c’est à cette date que les “hommes intègres” ont pu pour la première fois, par la voie des urnes, goûté à leur alternance démocratique. Mais, les annales de l’histoire l’auraient davantage marquée de façon indélébile si les ténors de la Transition au Faso ne s’étaient pas donné le droit d’empêcher aux meilleurs candidats du CDP, le principal Parti qui soutenait les actions de l’ancien président déchu, Blaise Compaoré, d’être de la course. Ce que ne dénonce pas délibérément la presse locale, celle-ci est demeurée majoritairement dans la logique de la ferveur insurrectionnelle. Ainsi signe-t-elle que la campagne électorale, précédant le double scrutin (présidentiel et législatif), s’est déroulée de façon pacifique et ouverte par des candidats qui ont pu défendre sereinement leur programme de gouvernement !
Pourtant, ce n’est un secret pour personne que, sur les 14 prétendants à vouloir signer le bail de Kosyam, deux malgré leur ancienne appartenance au CDP, sont les grands favoris du pouvoir transitionnel. Zéphirin Diabré, candidat de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) est un ancien compagnon et ancien ministre de Compaoré. Quant à Roch Marc Christian Kaboré, candidat du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP), il a été également un vieux compagnon politique de Blaise, voire un des anciens piliers de son régime. Puisqu’il était parvenu à se hisser au summum du CDP. Ce qui lui avait même valu d’être Premier ministre et président de l’Assemblée Nationale du Faso. Toutefois, ces deux personnages politiques ont certainement eu l’avantage d’avoir pu quitter opportunément le navire tanguant du CDP commandé par l’ancien maître incontesté de Ouaga. Un moment crucial de l’histoire du Faso au cours duquel ils ont pu rejoindre à temps le vent de la contestation contre un troisième mandat de Blaise, incarnée par l’opposition classique. Un mouvement dont ils finirent même d’être les principaux ténors, lors de l’insurrection d’octobre 2014. Expressément, par la conclusion très probable d’un deal avec une grande frange des Organisations de la Société Civile (OSC) et les militaires qui demeureront les vrais détenteurs du pouvoir, ils ne participeront pas à la Transition mais en tirèrent les ficelles. Une complicité qui leur a permis de barrer la route de Kosyam aux candidats potentiels du CDP. Le Conseil National de la Transition va servir de moyens légaux pour atteindre cet objectif. Ainsi, malgré sa dénonciation par la Cour de Justice de la CEDEAO, il va voter sur mesure un nouveau code électoral qui frappe d’inéligibilité, « les personnes proches de l’ancien président ayant soutenu son projet de modification de la Constitution ». A cet effet, le candidat du CDP a été mis hors jeu pour la présidentielle. En ce qui concerne les législatives, 42 de ses candidats potentiels n’ont pu être en lice parce qu’ayant été exclus tout simplement de la course, à cause du Code électoral controversé. Néanmoins les partisans de Blaise Compaoré espèrent, leur parti étant le seul véritablement implanté dans l’ensemble du pays, rafler plus de sièges aux législatives. Ils considèrent même que le soutien de leur parti sera indispensable pour les candidats les mieux placés, au cas où il y aurait un second tour, pour remporter le scrutin présidentiel. Les observateurs politiques estiment d’ailleurs que le CDP sera un « faiseur de Roi ».
Mais quel que soit le vainqueur, les Burkinabè, notamment la frange juvénile, voudraient bien, au-delà de tous les calculs politiques subtils qui l’auraient favorisé, avoir un président qui va tenir compte de leur aspiration au vrai changement dans tous les segments de la vie. Ils comptent dorénavant sur une vie démocratique normale et une croissance économique qui puissent réduire la pauvreté et permettre la stabilité politique et sociale de leur pays. Puisse Dieu exaucer tous leurs vœux les meilleurs !
Gaoussou M. Traoré