La campagne électorale bat son plein et, contrairement à 2010, les ivoiriens s’acheminent inexorablement vers une élection présidentielle apaisée, le 25 octobre prochain. Tous les candidats ont appelé leurs militants à la non violence. Mais parmi eux, deux challengers principaux, Alassane Dramane Ouattara (ADO), le candidat du RHDP et Pascal Afi N’Gessan, celui du FPI, vont se disputer la victoire finale. Si les indicateurs socioéconomiques jouent en faveur du candidat Alassane Dramane Ouattara, celui-ci pourra-t-il réaliser dès le premier tour “le Tako Kelen” ? Sans être dans le secret des dieux des urnes, on peut admettre que le coup est bel et bien jouable pour plusieurs raisons.
D’entrée de jeu, la coalition RDPH, constituée essentiellement des partis RDR et PDCI-RDA, dépassant de loin la majorité absolue dans le parlement et les municipalités, est arithmétiquement à même de remporter le scrutin dès le premier tour. Encore que c’est elle qui est bien implantée dans toutes les régions administratives du pays. Mais surtout une autre circonstance de taille, en l’occurrence la scission malheureuse au sein du FPI, le principal parti d’opposition, favorise l’émergence du candidat RDPH.
Dès l’entame de son premier mandat, le président ADO s’est attaché à la création d’une Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) afin que les ivoiriens meurtris par la décennie de guerre civile puissent se parler, se confesser, se repentir et se pardonner. Ce forum de réconciliation ne se substituant pas aux juridictions ordinaires, continue d’exister même s’il faut reconnaître qu’il y a de nombreux ratés dans sa mise en œuvre. Il a en tout cas, permis à de nombreux ivoiriens, qui avaient peur de retourner au bercail, de faire le pas pour venir s’attaquer aux œuvres du développement.
Sachant bien que la guerre avait fait fuir les nombreux investisseurs, notamment occidentaux, l’ancien Premier ministre de Félix Houphouët Boigny, avec l’expérience qu’il a acquise pendant de longues années comme Haut dirigeant du Fonds Monétaire International (FMI) mais surtout le lobbying auprès des différents réseaux de Partenaires Techniques, Economiques et Financiers, a pu obtenir le financement de nombreux grands travaux, dont certains ont déjà vu le jour. Des investissements, rendus possibles par une amélioration de l’environnement des affaires à travers un nouveau code des investissements attrayant, ont permis de réduire considérablement le chômage et la paupérisation des populations, en l’occurrence chez la frange juvénile. Un code qui est en train d’attirer de nouveaux investisseurs dans le secteur minier, lequel est bien diversifié.
Sur le plan agricole, la Côte d’Ivoire reprend actuellement son leadership dans la production ou l’exportation de nombreux produits. Elle réoccupe les premiers rangs mondiaux dans la production de Cacao, Café, Huile de palme, Anacardiers, Hévéa etc. A ce titre, le secteur agricole demeure la première source d’exportation du pays et contribue grandement dans le PIB, ce que le président sortant n’a pas ignoré. Ainsi par des actions politiques concrètes, comme par exemple, la mise à disposition de subventions aux entreprises agricoles et la transparence dans la gestion des Associations et organismes, son gouvernement a œuvré à son assainissement. Sur le plan de l’éducation, de nouveaux campus sont créés par le pouvoir sortant et ceux existants ont fait peau neuve ou sont en réfection. Sans oublier la création de nouvelles écoles ou salles de classe et le recrutement de nouveaux enseignants. L’éducation et la santé étant liées, de nouvelles structures voient le jour quand d’autres sont reconstruites. Dans ce secteur également, des médecins et infirmiers ont été recrutés pour sa bonne gestion.
La diaspora ivoirienne, désormais estimée à près de deux millions d’âmes dans le monde, compte désormais sur le plan économique à travers des avoirs importants qu’elle envoie au pays. Son poids dans l’achat des biens immobiliers dans le pays est même estimé à 40%. Il est admis que cette population, majoritairement adulte, est favorable au régime d’ADO. Son vote va donc beaucoup peser. En 2010, il a réalisé plus de 80% au Mali en faveur d’ADO.
Pourtant si la Côte d’Ivoire promet indéniablement sur le plan économique, beaucoup de choses restent à faire sur le plan social, tant la décennie de guerre a contribué à la paupérisation des couches les plus vulnérables. Le nouveau président ivoirien devra donc s’atteler à corriger cette disparité criarde entre riches et pauvres afin de renforcer la stabilité du pays.
Gaoussou M. Traoré
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